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hommes traînés par des rennes et par des chiens attelés à des traîneaux, et qu'ils s'en servirent à leur tour pour s'emparer des contrées qu'habitaient les Vogoules, les Ostiaks, et de quelques parties de la Sibérie septentrionale.....

D'un autre côté, Iwan III fut repoussé de Smolensk et battu complétement par Walther de Plettemberg, grand-maître des chevaliers porte-glaives de Livonie. On dit que Walther n'avait à cette bataille, que douze mille hommes contre cent trente mille Russes; mais il avait de l'artillerie, et de cette cavalerie allemande que les Russes effrayés appelaient les hommes de fer.

Cette victoire arrêta la carrière belliqueuse d'Iwan III: il faut que sa défaite ait été complète, puisqu'il s'estima trop heureux d'obtenir une trève de cinquante ans, que lui et ses successeurs crurent devoir respecter. La Livonie respira. Il n'avait pas eu d'autre raison de l'attaquer que l'insatiable desir d'étendre sa domination (1).

Moscow jouissait alors d'un spectacle inconnu aux Russes. Elle vit arriver des ambassadeurs d'Allemagne, de Constantinople, de Pologne, de Danemarck, de la république de Venise, &c. des architectes et des artistes de tous les pays. Il s'élevait déjà des édifices, au milieu des cabanes et des tentes. Mais le germe des arts jeté dans cette terre ingrate refusait d'éclore. Le prince

(1) Livoniis verò (bellum movit), non aliam ob causam quàm quòd incredibili cupiditate dilatandi imperii sui arderet. (Genealogiæ magn, Mosc. duc. Epitome, Francofurti, 1600.)

1505.

lui-même, avec le sentiment de ce qui manquait à son pays, avait les mœurs, l'ignorance et la grossièreté de son peuple moins malheureux si sa cruauté ne l'eût privé des jouissances paternelles ! De deux fils qu'il avait eus de sa première femme, il déshérita le premier par les suggestions artificieuses de sa nouvelle épouse, il tua le second dans un accès de colère. Au lit de la mort, il voulut en vain réparer son injustice à l'égard de son fils aîné Dmitri IV.., II le fit appeler, il lui tendit une main mourante, il révoqua son testament, il lui rendit ses droits mais il n'avait pas fermé les yeux, que Dmitri fut replongé dans ce même cachot dont il avait cru sortir pour monter sur le trône. Il y mourut de froid, de misère et de fain: on fit passer cet assassinat pour une mort naturelle ; incident qu'on verra se répéter dans l'histoire de Russie.

Wassili IV, fils de l'ambitieuse Sophie, parvenu au trône par un crime, se vit au moment de perdre le fruit des victoires de son père contre les Tartares. Des expéditions mal conçues, mal dirigées, mal terminées, ramenèrent ceux de Kasan jusqu'aux portes de Moscow. Wassili IV fut un moment obligé de redevenir leur tributaire : mais sa constance ramena la fortune; il leur donna lui-même un khan de son choix; Pleskow, qui s'était constituée en république, fut soumise à ses armes... Il fit long-temps la guerre à la Pologne. C'est là sur-tout qu'il faut juger sa politique.

Ce pays était alors le théâtre d'un événement impor→

tant. Le projet de Jagellon s'était accompli. Le grand duché de Lithuanie venait d'être incorporé au royaume de Pologne (1); et cette puissance s'élevait comme une barrière plus formidable, au moment où la Russie, débarrassée de ses fers, appuyée à l'Orient sur une masse de forces inappréciable, portait ses vues au-delà des limites posées depuis long-temps à son ambition. Dans ces circonstances, la réunion de la Lithuanie à la Pologne était un contre-poids nécessaire, et comme une faveur particulière de la providence qui veille à la conservation des empires.

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Sigismond voulut faire davantage. Prince au-dessus de son siècle, digne de régner sur l'Europe entière, si François Let Charles V n'eussent pas été ses contemporains (2), il sentit la nécessité d'augmenter le moyen de résistance qui s'offrait contre une puissance si anciennement redoutée. Il redemanda quelques places envahies par Iwan III. Ce n'était point par des vues d'ambition. Plus jaloux du bonheur de son pays que de la gloire de gouverner plusieurs royaumes, Sigismond avait refusé tour-à-tour les couronnes de Suède, de Hongrie et de Bohème (3). Les historiens russes l'ont accusé de plusieurs crimes imaginaires. S'il était besoin de le justifier par des récriminations, il n'y aurait qu'à peindre les brigandages commis par les Russes dans

(1) En 1501, par Alexandre, grand-duc, élu roi de Pologne. (2) Leclerc, Histoire de l'ancienne Russie, tom. II, pag. 258 et 259. (3) Ibid.

la Lithuanie, la mauvaise foi de Wassili IV envers Glinski (1); mais ces détails nous affligeraient sans nous instruire. Il n'y a rien à remarquer dans cette guerre que le traité d'alliance entre Maximilien I.", empereur d'Allemagne, et Wassili IV, contre Sigismond (2).

Une alliance entre l'Allemagne et la Russie ne pouvait alors être utile que contre la puissance élevée récemment sur les débris de l'empire Grec; mais, dirigée contre la Pologne, elle était monstrueuse en politique: elle n'eut heureusement aucun effet; Maximilien n'en avait conçu l'idée que par la crainte où il fut un moment que Sigismond ne contrariât ses prétentions sur la Hongrie. Cette crainte une fois dissipée, Maximilien revint à Sigismond, sans avoir fait rien pour son allié (3). Wassili IV n'inspirait personnellement aucune considération : il n'était

et

(1) Glinski, gouverneur de Lithuanie, mécontent de Sigismond, avait livré la place de Smolensk à Wassili IV, à condition que celui-ci lui en donnerait la souveraineté. Wassili IV profita de la trahison, fit jetér le traître dans un cachot. On peut accuser l'un; mais on ne plaint pas l'autre...

(2) Ce traité d'alliance offensive et défensive fut signé à Germunde, le 14 août 1514. Il avait été négocié par le baron d'Herberstein, auquel on doit cette relation sur l'état de la Moscovie, que nous avons souvent occasion de citer dans cet ouvrage : Rerum Moscoviticarum Commentarii.

Il serait curieux de rechercher si cette alliance n'influa pas sur François I. conclut environ trente ans après avec Soli

que

celle man II.

(3) Herberstein semble rougir de cette négociation, et nie formelle

pas

pas capable de commander une armée; sa bravoure n'était qu'une colère aveugle; il ne savait ni préparer la victoire, ni en profiter; son activité n'était qu'une humeur turbulenté; sa prudence se bornait à des perfidies. Mais les vices de son fils firent oublier les siens (1): sa politique inquiète et jalouse va s'éclipser auprès de l'ambition audacieuse d'Iwan IV, et l'époque où nous sommes arrivés est une des plus mémorables de l'histoire de Russie.

Iwan Wassilievitz II, ou Iwan IV, était âgé de 1533. trois ou quatre ans, lorsque la mort de son père laissa le trône vacant. La régence de sa mère, la tutelle d'un triumvirat avide, offrent quatorze années d'anarchie, où le trésor du prince est dissipé dans des orgies, où le sang coule dans des proscriptions sans terme, dans des guerres sans honneur et sans résultat. Ne nous arrêtons pas à des détails étrangers à notre objet; passons même sur les désordres de la jeunesse d'Iwan IV. Accoutumé au spectacle de la débauche et des supplices, doué d'un caractère énergique et d'un tempérament ardent, il dut contracter de bonne heure cette férocité dont tout son règne a porté l'empreinte. Assez d'écrivains ont donné les détails affreux

t

ment qu'il ait donné au grand duc de Moscovie le titre d'empereur ou même de roi, dans cette circonstance. (Rerum Mosc. Comm. pag. 12 et 13.)

(1) Histoire universelle, trad, de l'anglais, liv. XXX, pag. 225.

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