Le 9, M. Ravez préside la séance. Après la lecture et l'adoption du procès-verbal de la veille, eille, M. le président prononce un discours dans lequel il remercie l'assemblée d'avoir bien voulu lui donner ses soffrages, et manifeste la ferme intention de faire exécuter les réglemens de la chambre. Il propose de võter des remercimens au doyen d'âge, qui vient de finit sa présidence provisoire. On procède à l'élection des tre secretaires. Le nombre des votans est de 195; la majorité absolue de 98. Personne n'ayant obtenu celte majorité, on passe à un second tour de scrutin. MM. de Cassaignolles, de Wendel et Dumeilet, obtiennent la pluralité absolue, et sont proclamés secrétaires. Un scrutin de ballotage s'établit entre MM. Mousnier-Buisson et Delong. M. Mousnier-Buisson réunit plus de suffrages, et est proclamé quatrième secrétaire. M. de Chevigné, messager d'Etat de la chambre des pairs, est introduit. M. le président donne lecture du message, qui annonce que la chambre des pairs est définitivement constituée par la formation de son bureau. La chambre décide qu'elle fera également connoître à S. M. et à la chambre des pairs sa constitution définitive. Il ne reste qu'à désigner trois candidats pour la questure. On a eu déjà plusieurs occasions de remarquer quel esprit règne dans le Courrier à l'égard de la religion catholique et du clergé. Mille petits traits y ont été successivement lancés contre les prêtres, les missionnaires, les Jésuites, et on voyoit percer à chaque instant un systême mal dissimulé d'antipathie et de détraction. Mais dernièrement ce journal a levé le masque, et dans un accès d'humeur son secret lui a échappé. Voici le passage; cette fois ce ne sont plus des allusions, des épigrammes, et des attaques indirectes et déguisées; c'est le langage très-clair de la haine et de l'injure. Ecoutons : << Ne méprisons jamais, en si petit nombre qu'ils soient, les gens qui s'entendent bien. Pour peu qu'on les laisse faire, ils gagnent ordinairement beaucoup de terrain; témoins le clergé catholique romain en général, et les Jésuites en particulier. C'est parce qu'ils ont toujours eu des vues fixes, un but déterminé, et une volonté ferme de dominer le monde, qu'ils sont en effet parvenus à l'envahir, à le maîtriser, et à le posséder pendant des siècles. Témoins encore les jacobins de 1793, qui, en s'unissant comme un faisceau, en poussant le même cri de guerre, et en se nommant frères et amis, étoient venus à bout de mettre toute la nation en interdit, et de s'emparer exclusivement de tous les pouvoirs de l'Etat. Quel fut leur secret pour faire dominer vingt-cinq millions d'hommes par quelques milliers d'individus? Le même que celui du clergé catholique et des Jésuites; ils s'entendoient ». Ces insultes grossières, cet odieux rapprochement entre le clergé catholique et les jacobins, tant pour les intentions que pour les moyens, ces imputations caloınnieuses, ces accens haineux étoient d'autant plus révoltans ici, qu'ils partoient d'un journal protégé par le ininistère, d'un journal dont le gouvernement fait les frais, et que l'on distribue gratis afin d'en répandre au loin les principes. Ce journal appartient, dit-on, au chef d'une grande administration, qui en surveille la rédaction quand il ne la fait pas lui-même; inais si M. Guizot est protestant, si ses affections particulières le portent à diffamer le clergé catholique, le respect pour la religion de l'Etat, les égards dus à la croyance du Roi qui le paye, les convenances les plus communes lui prescrivoient de ne pas laisser éclater son antipathie pour les prêtres. Sa tirade contre le clergé a donc paru, aux uns une imprudence, aux autres un scandale. Elle a été relevée vigoureusement, sous ce dernier rapport, dans un journal rédigé avec autant de talent que d'énergie. D'un autre côté, un adıministrateur qui passe pour un des propriétaires et des rédacteurs du Courrier, M. de Barante, a désavoué l'article qu'on avoit cru pouvoir lui attribuer, parce qu'il étoit signé d'un B. Le Courrier nême a bien voulu reconnoître que ce passage étoit déplacé. Mais qu'est-ce qu'un journal où il se trouve des rédacteurs animés d'un tel esprit, et où on les laisse débiter de telles calomnies, et insulter à la religion de tant de siècles, à la religion de leur pays et de leur Roi? quelle confiance peuvent inspirer des écrivains qui s'émancipent ainsi, et qui manquent à ce point de principes et de mesure? Est-il étonnant que les amis de la religion et de la monarchie repoussent une feuille où de tels articles peuvent s'insinuer? Aussi les abonnés payant ne se présentant pas, on y supplée par des envois gratuits. Du moins devroiton se dispenser de faire un tel cadeau aux ecclésiastiques, et un simple sentiment de convenances auroit dû faire sentir qu'ils ne pouvoient lire qu'avec répugnance un journal où ils sont si peu ménagés. Cependant MM. du Courrier n'ont pas eu cette retenue, et veulent aussi endoctriner le clergé. Nous avons vu une lettre de M. Meignan, curé de Saint-Germain, près Montfaucon, en Anjou, qui les prie de cesser à son égard une faveur dont il sent peu peu le prix, et qui les prévient que leurs principes sont trop différens des siens. Nous ne doutons pas que tous les ecclésiastiques ne fussent du même avis, et ne dispensassent également le Courrier de ses bienfaits à leur égard. Coinment pourroit-il en être autrement quand ils se voient eux et leurs collègues journellement insultés dans cette feuille? Ils se rappellent les déclamations du journal contre les missionnaires. Ils n'ont pas oublié ce que le Courrier disoit, numéro du jeudi 21 octobre: La mission qui devoit avoir lieu à Brest, a avorté ; les habitans du Finistère préfèrent les inductions morales aux inductions jésuitiques; article fort singulier, quand on sait que la mission de Brest ne fut annoncée que le 24 octobre. Le Courrier prophétisoit-il le 21, et en indiquant aux libéraux de Brest ce qu'ils étoient censés avoir fait, leur traçoit-il ce qu'ils avoient à faire? A la même époque, et dans ses numéros des 14 et 17 octobre, le Courrier inséroit contre les missions la copie d'une brochure qu'il avoit déterrée, sans doute, dans la bibliothèque de quelque vieux janséniste; c'est la Relation d'une mission faite à Armes, près Clamery, en 1751, par trois jésuites. Cette Re lation lui paroît un argument terrible, comme si, en effet, it falloit apprécier les inissions par les plaisanteries de quelques ennemis des Jésuites. C'est comme si on jugeoit des missions de nos jours par les relations mensongères de la Renommée ou de la Minerve. La Relation de la mission d'Armes, que le Courrier a su réchauffer avec tant d'à propos, et qu'il of fre comme le modèle de toutes les autres missions, est probablement l'ouvrage de quelque zélé janséniste de ce temps-là; c'est un de ces mille pamphlets que le milieu du dernier siècle a vu éclore contre des religieux qui déplaisoient à un parti puissant. Celui-ci est plein de déclamations et de niaiseries, et il méritoit de rester dans la poussière dont le Courrier l'a tirée. Si ce sont là les nouveautés amusantes dont le Courrier gratifie ses abonnés, ceia doit singulièrement les divertir. Incessamment il leur donnera des extraits des Nouvelles ecclésiastiques, où cette même Relation d'Armes est d'ailleurs prònée, avec cette différence pourtant que le rédacteur des Nouvelles, tout partial qu'il étoit, n'ose assurer que la Relation soit fidèle, tandis que MM. du Courrier, mieux instruits des faits au bout de soixante-dix ans, la présentent comme un monument sûr et authentique. C'est annoncer aussi peu de critique et de goût, que de sagesse et de modération; mais relations jansenistes, invectives des protestans, déclamations des libéraux, tout est bon contre les catholiques. (Mercredi 15 décembre 18 19.) (No. 558). Sur le Dictionnaire des sciences médicales. Il y a soixante-dix ans que les ennemis de la reli gion commencèrent une entreprise contre laquelle se frent entendre en vain les plus vives réclamations. L'Encyclopédie étoit dans leurs vnes un moyen de répandre les maximes de leur philosophie, et n'étoit même que cela, ainsi que Diderot l'avoue, dans une lettre insérée dans la Correspondance de Grimm, t. VII, p. 368. Une autre Encyclopédie, qui paroît depuis quelque temps, semble avoir le même but, et elle pourra le disputer à la première, non seulement pour la masse des volumes, mais encore pour le choix des matières et pour la nature des opinions. Nous voulons parler du Dictionnaire des sciences médicales, qui ne devoit former d'abord que douze volumes, et qui est déjà parVenu au XXXIV. volume, quoique l'on ne soit encore qu'à la lettre M. Des souscripteurs confians s'étoient flattés d'y trouver réuni tout ce qui peut avoir rapport à la médecine, et douze volumes paroissoient suffisans pour cela. Mais l'entreprise une fois commencée a paru utile aux intérêts des spéculateurs, et on prend tous les moyens de la prolonger indéfiniment. On entasse les articles sans choix, on fait des excursions sur toute sorte de matières; on diroit que c'est à qui sera le plus long et le plus diffus. Tel rédacteur appelle à son secours l'impiété, tel autre le scandale. Des hommes inconnus, et auxquels on a lieu de croire que la pratique de l'art est assez étrangère, se vengent de leur oisiveté sur la patience du lecteur; ils entassent sans goût d'interminables dissertations; ils rêvent des cas inconnus el des maladies nouvelles; ils se traînent sur des détails dégoûtans; il vont chercher dans tous les mauvais lieux des raffinemeris de débauche, et semblent aspirer à faire du DicTome XXII. L'Ami de la Religion et du Roi. K tionnaire le réceptacle de toutes les infamies. Vous croyez, en commençant tel article, que vous allez y trouver de l'instruction sur un sujet relatif à l'art médical, et vous êtes à la fois surpris et indigné de voir que le titre de l'article n'est qu'un texte et une occa-sion, là pour attaquer la religion, ses dogmes et ses pratiques; ici pour outrager les bonnes mœurs par des descriptions lascives. On tourne en dérision les préceptes les plus saints et les rits les plus respectables du christianisme; on attribue à la superstition et à l'enthousiasme ce qu'il y a de plus auguste aux yeux de la foi; on traite avec dédain, on avilit par des explications artificieuses tout ce qui tient aux mystères; on présente les vrais chrétiens comme des imbécilles ou des fanatiques. C'est ainsi qu'une jeunesse avide de science trouve les leçons de l'erreur et du vice, là où elle cherchoit celles qui lui sont nécessaires; on la trompe par des déclamations ampoulées, on exalte son orgueil par des maximes d'indépendance, on flatte ses passions par des peintures voluptueuses. Dieu nous garde d'aller remuer cette boue infecte. Nous nous contenterons d'indiquer quelques articles plus révoltans, comme la note de l'article Baptême, tome III, page 3; l'article Continence, tome VI, pages 102 et suiv.; l'article Enthousiasme, tome XII, pages 376 et suiv.; l'article Instruction médicale, 1. XXXII, p. 25 et suiv. etc. On verra là, et dans cent autres endroits, avec quelle complaisance les rédacteurs délayent l'injure contre le christianisme, et étalent ce que le vice a de plus effronté. Aussi des médecins honnêtes et éclairés se sontils retirés d'une entreprise aussi immorale. Plusieurs qui avoient consenti à donner des articles, ont rougi de voir leurs noms à côté de déclamations et de turpitudes. D'autres ont même réclamé publiquement. On a publié dans les journaux une lettre de quinze docteurs de la Faculté de médecine de Paris; cette lettre est ainsi conçue: |