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(Mercredi 17 novembre 1819.)

(No. 550).

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Ce Journal paroît les mercredi et samedi de chaque semaine; prix pour la France 8 francs pour trois mois, 15 francs pour six mois. et 28 francs pour P'année, frauc de port; pour l'étranger, la Suisse exceptée, 9 francs 50 cent. pour trois mois, 18 francs pour six mois, et 33 francs pour l'année. Chaque trimestre formant un volume, on ne peut souscrire que des 12 novembre, 12 février, 12 mai et 12 août, époques où commence chaque volume. Les lettres et envois d'argent doivent être affranchis et adressés à M. Ad. LE CLERE, au bureau de ce journal.

Précis historique sur les affaires ecclésiastiques de France, relativement au Concordat de 1817. (Suite et fin des nos. 516, 524 et 540).

Le 12 mars 1818, il y eut une première réunion d'évêques chez M. le cardinal de Bausset; les prélats convoqués étoient MM. les cardinaux de Périgord, de la Luzerne et de Bausset, MM. de Bernis, du Chilleau, de Pressigny et de Coucy, archevêques institués en 1817, et MM. de Clermont-Tonnerre et de Quélen. M. le duc de Richelieu et M. Lainé vinrent, et présentèrent deux questions: 1o. Au lieu de l'art. 3 du projet de loi qui érigeoit quarante-deux siéges, ne seroit-il pas à propos de mettre que le nombre des évêchés ne pourra excéder celui des départemens, et régler la nouvelle circonscription de manière à ce qu'il n'y eût qu'un évêché par département; 2o. faut-il se borner à établir le vœu des chambres pour une nouvelle circonscription sur cette base, et se servir de ce voœu afin d'obtenir le plus promptement possible une nouvelle circonscription? Les ministres s'étant retirés, on commença à délibérer; mais afin de donner encore plus de poids à leur réponse, les évêques présens crurent devoir prendre les avis de ceux de leurs collègues qui se trouvoient à Paris. Une assemblée d'évêques fut done indiquée pour le lendemain 13; dix-huit évêques y furent appelés: ils se réunirent chez M. le cardinal de Périgord, aux Tuileries. S. Em. ouvrit la séance par un exposé Tome XXII. L'Ami de la Religion et du Ror. B

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rapide de ce qui s'étoit passé relativement au Concordat, des démarches qu'elle avoit faites, et des Lettres et Mémoires qu'elle avoit présentés au Rot; on dit qu'elle insista particulièrement sur ce qu'elle étoit restée presque entièrement étrangère aux négociations, et qu'elle n'avoit eu entr'autres aucune part à la circonscription adoptée, circonscription réglée sur la division par département, et contraire au premier projet, qui étoit de se rapprocher le plus possible de l'ancienne démarcation des diocèses. Après cet exposé, la discussion s'établit sur les deux questions proposées par le ministère. Trois prélats rédigèrent chacun un modèle de déclaration; l'une fut adoptée avec quelques changemens. On la trouvera dans notre numéro 514, tome XX, page 295. Les évêques, en gémissant du projet de réduction, s'en remettoient à la sagesse du souverain Pontise et du Roi.

Tel fut l'avis des prélats qui composoient la réunion, et qui étoient MM. les cardinaux de Périgord et de la Luzerne (la goutte ayant einpêché M. le cardinal de Bausset de s'y rendre); MM. de Bernis, ancien archevêque d'Alby; du Chilleau, archevêque de Tours; de Pres signy, archevêque de Besançon; de la Fare, archevêque de Sens; de Bovet, archevêque de Toulouse; de Coucy, archevêque de Reims; de Beaulieu, archevêque d'Arles; de Bausset, archevêque d'Aix; de Boulogne, archevêque de Vienne; de Clermont - Tonnerre, ancien évêque de Châlons - sur-Marne; de Chabot, ancien évêque de Mende; Mannay, ancien évêque de Trèves, nommé ă Auxerre; de Salamon, évêque d'Orthosie, nominé à Saint-Claude; de Latil, évêque d'Amyclée, puis de Chartres; de Quélen, évêque de Samosate; et de la Tour, nommé archevêque de Bourges, le seul qui ne fut pas sacré. Leur réponse fut remise le lendemain aux ministres, non signée, comme la note de ceux-ci. Il paroît qu'elle ne remplit pas leur attente, quoiqu'elle ne s'opposât point à la réduction des siéges, et qu'elle fût

conçue dans les termes les plus modérés. Les ministres n'en donnèrent d'abord qu'une connoissance vague à la commission du Concordat; ils assuroient que tout étoit d'accord. Mais un membre qui avoit eu communication de la déclaration des évêques, en ayant exposé lé contenu, il s'en suivit une altercation entre le ininistre et lui. La commission ne s'assembla plus, le Concordat fut abandonné, et la chambre se sépara, le 16 mai, sans qu'il en fût question.

Un fait particulier fournit encore un prétexte de rupture. Il s'étoit trouvé dans la commission un chrétien consciencieux, un ami dévoué de la religion, qui désirant s'éclairer de toutes les lumières, dans une discussion si importante et si délicate; avoit osé s'adresser au père coinmun des fidèles; M. le comte de Marcellus, qui a si souvent, à la tribune, fait preuve de sa loyauté et de son zèle généreux pour l'Eglise et ses ministres, avoit écrit au Pape, pour lui exposer ses perplexités. Le saint Père lui répondit le 23 février, et son bref arriva à M. de Marcellus la veille même de la dernière séance de la commission. M. de Marcellus ne fit d'abord usage du bref que pour lui-même; il le communiqua seulement à M. le cardinal de Périgord, en te priant de le transmettre au Rot, qu'il croyoit devoir être instruit de sa démarche. S. M. le lut, et les ministres connurent aussi cette pièce, que nous avons insérée dans notre no. 521, tome XX, page 413.

Il se répandit des copies plus ou moins exactes de ee bref, et M. de Marcellus crat devoir le faire connoître d'une manière plus précise; il pensoit que cette réponse du chef de l'Eglise pouvoit être nécessaire peur éclairer les fidèles. Il en donna donc des copies à ses amis, et en peu de temps ce bref acquit une grande publicité. Nous ne devons pas dissimuler que la démarche de M. de Marcellus trouva des improbateurs. Un catholique qui s'adresse au saint Siège pour fixer

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ses incertitudes sur un point qui intéresse la religion, parut à beaucoup de gens un homme d'un autre temps; ces scrupules, cette déférence pour le chef de l'Eglise étoient taxés de petitesse par les uns, et presque de crime par les autres; c'étoit manquer à nos libertés, c'étoit offenser l'ancienne jurisprudence des parlemens, c'étoit s'exposer à encourir les peines portées par l'ar ticle 207 du Code pénal de Buonaparte. Ces clameurs retentirent pendant quelque temps dans les mêmes coteries où le Concordat avoit été si fort maltraité peu de mois auparavant; on dit même qu'il y eut des avis pour mettre M. de Marcellus en jugement, et la douce Chronique témoignoit dernièrement son étonnement et son courroux de ce qu'on ne l'avoit pas fait.

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Les ennemis de la religion avoient du moins la consolation de voir le Concordat échoué; on n'en parloit plus. La longue attente des catholiques se trouva cruel lement trompée. Ces diocèses qui s'étoient flattés de renaître, ces villes qui s'étoient félicitées de recouyrer leurs anciens siéges, tant de troupeaux privés de pasteurs, perdirent leurs espérances. On se trous voit entre deux Concordats, l'un aboli, l'autre créé et non exécuté. Des évêques avoient donné la démission de leurs anciens siéges, et ne pouvoient prendre possession des nouveaux; des bulles restoient comme suspendues entre les mains des ministres; les pallium envoyés aux nouveaux archevêques ne servoient plus qu'à attester l'empressement du souverain Pontife à pourvoir aux besoins de l'église de France. Les ecclésiastiques nommés à des évêchés, qu'on avoit appelés en toute hâte à Paris, et arrachés à leurs occupations et à leurs habitudes, se trouvoient dans une position embarrassante et précaire; on leur accorda un foible dédommagement en leur faisant payer une somme de 5,000 francs sur laquelle on déduisit le traitement dont ils pouvoient jouir d'ailleurs. Cette indemnité étoit d'autant plus nécessaire à plusieurs d'entre eux qu'ils

avoient déjà fait des avances pour des objets néces saires à leur nouvelle dignité, et que la plupart n'étoient pas riches. Un d'eux, M. Pradelle, promu à l'évêché de Bayeux, étoit mort le 2 avril, sans laisser de quoi faire les frais de ses funérailles (1); d'autres avoient vendu leurs meubles; et quelques évêques qui se trouvoient transférés à d'autres siéges, avoient envoyé leurs effets dans les nouvelles résidences qu'on leur avoit assignées; il sembłoit qu'on eût pris plaisir à les tromper tous par des promesses sitôt déinenties.

Bientôt il fut question d'une nouvelle négociation. M. Portalis, conseiller d'Etat, partit le 18 mai 1818 pour Rome, avec une mission particulière. Il étoit fils de l'ancien ministre des cultes sous Buonaparte, et il avoit été un des contmissaires nommés pour défendre le projet de loi présenté le 22 novembre à la chambre dés députés. Il avoit constamment accompagné les ministres aux séances de la commission. Il arriva à Roine le 18 juin, et fut présenté le 24 à S. S. par M. le comte de Blacas. On fut long-temps sans entendre parler de sa négociation.

Cependant l'état de l'Eglise étoit tel que sa prolongation devenoit un sujet de douteur pour les pasteurs et pour les fidèles. M. le cardinal de Périgord avoit fait à ce sujet des représentations au Rot (2). Il lui avoit adressé en différentes circonstances des mémoires contenant les plaintes les plus fortes sur la marche que l'on suivoit à l'égard de la religion. Ces mémoires

(1) Parmi les nouveaux évêques, M. de Cordon, nommé à l'évêché de Belley, mourut à Paris, le at octobre 1817, et M. de VilleneuveBargemont, nommé à l'évèché de Gap, mourut, le 21 mars 1818, à Lorgues, où il étoit curé.

(a) Quelques journaux étrangers publièrent une lettre que l'on disoit avoir été écrite par M. le cardinal Consalvi à M. le cardinal de Périgord, relativement au Concordat; cette lettre étoit présentée comme une réponse à une lettre du cardinal françois, du 18 février. L'une et Fantre n'ont jamais été écrites; et ont été démenties à Rome par le secrétirs d'Etat, et à Paris par M. le grand-aumónier.

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