chers confrères auxquels vous l'avez communiquée. Dites leur bien toute la consolation que j'en éprouve. En me parlant de vos regrets, vous faites revivre tous les miens. Mon cœur n'a jamais cessé de vous estimer et de vous aimer, ainsi que tous mes chers anciens coopérateurs, dont j'avois connu et apprécié les vertus, le zèle et les mérites. J'ai toujours pensé que si les orages révolutionnaires ne nous eussent pas séparés, et mis obstacle aux communications qui auroient prévenu on dissipé de fausses interprétations, on auroit évité de funestes divisions qui ont affligé mon cœur comme le leur. Dieu soit à jamais béni et loué de m'en faire envisager l'heureux terme. Le siége de La Rochelle n'est pas vacant; sa circonscription est canoniquement changée; vous particulièrement en ètes démembré. Il étoit done impossible de voir renaître mes liens spirituels avec ma chère, royale et fidèle Vendée, et la Providence m'a appelé à un diocèse où j'ai travaillé dix-huit ans; mais nous ne nous onblicrons jamais, mon cher ami, j'en suis sûr: nos cœurs se le sont dit en même temps. Prêtres du Dieu vivant, disciples de Jésus-Christ, notre commun pontife et médiateur, nous suivrons toujours son glorieux étendard; nous poursuivrons notre carrière au milieu des épreuves inséparables de la vie: il nous a montré l'exemple; lui seul peut nous donner la force et le courage pour marcher avec constance dans la voie de la croix. Heureux si, à tout prix, nous concourons à lui former un troupeau fidèle qui sera notre couronne et notre gloire. Voilà le but auquel nous devons tendre tous, et c'est ainsi que, quoique absens et sépa rés par de grandes distances, nous serons plus étroitement réunis encore dans les liens sacrés de l'unité catholique, et fidèles conservateurs du dépôt sacré que nous transmettrons à nos neveux, tel que nous l'avons recus de nos pères dans la foi. Dans l'heureuse disposition où vous êtes de vous unir comme un dispos bon fils à un excellent père, à Mer. de Rouillé, évêque de Poitiers, et successeur du grand saint Hilaire, je vous félicite d'être actuellement à portée de le voir, de lui offrir vos hommages, et de correspondre à ses vues. Je ne lui ai pas caché ma démarche auprès de vous, et en y applaudissant, il a été infiniment touché de vos dispositions. Je suis bien sûr que si j'étois à Poitiers, et que la Providence m'y eût placé, vous n'amiez pas craint de m'ouvrir votre cœur; faites de même, mon cher ami; regardez-le désormais comme un autre moi-même. Il recevra dans le sein de l'amitié, de la paix et de la charité chrétienne, tous ceux qui lui prouveront qu'ils sont pénétrés des mêmes sentimens que vous m'avez exprimés d'une manière si touchante, et chercheront ainsi à seconder ses plus ardens désirs comme les miens. Vous connoissez mon parfait attachement; s'il n'eût été déjà aussi inviolable que sincère, les marques de confiance que vous venez de me donner le conserveroicht pour la vie. Je vous en renouvelle l'assurance de tout mon cœur. JEAN-CHARLES, ancien évêque de La Rochelle, archevêque élu de Reims. Paris, 19 décembre 1819. (Mercredi 12 janvier 1820.) (No. 566). Les véritables Actes des Martyrs, recueillis par dom Ruinart, et traduits en françois par Drouet de Maupertuy. Nouvelle édition (1). Thierri Ruinart, Bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, né à Reims, le to juin 1657, et mort à l'abbaye d'Hautvillers, le 29 septembre 1709, fut un des plus laborieux et des plus habiles disciples formés à l'école du savant Mabillon, et chargés de l'aider dans ses recherches et de continuer ses entreprises. Entr'autres ouvrages dont il enrichit la littérature ecclésiastique, le premier dans l'ordre des dates, et peut-être aussi pour l'intérêt et l'importance, est celui qui parut, en 1689, sous le titre d'Acta primorum Martyrum sincera et selecta; in-4°. C'est un recueil des actes véritables des plus anciens martyrs dans les quatre premiers siècles. Le savant éditeur y joignit des notes et une préface, dans laquelle il eut principalement pour objet de réfuter le paradoxe de Henri Dodwell; on sait que cet Anglois avoit avancé, dans une de ses Dissertations sur saint Cyprien, qu'il n'y avoit eu que peu de martyrs dans les premiers siècles de l'Eglise. Cette Dissertation, qui est la onzième, et qui vit le jour en 1682, sous le titre De paucitate Martyrum, fut réfutée par les écrivaius anglois Macknight et Gilbert Burnet. Mais Ruinart la combattit avec encore plus de force et de talent. (1) 2 vol. in-8°.; brochés, prix, to fr. et 13 fr. 50 cent. franc de port. A Besançon, chez Petit, imprimeur; et à Paris, chez Adr. Le Clere, au bureau de ce journal. Tome XXII. L'Ami de la Religion et du Ror. S Il examine d'abord les objections générales de Dodwell. Celui-ci, critique instruit, mais hardi et paradoxal, avoit mis toute sa subtilité à obsercir la matière; il fait l'apologie des empereurs païens, et veut qu'on les regarde comme des modèles de douceur et de clémence, et il traite de fables et de picuses exagératious tout ce que la tradition nous apprend sur le grand nombre de ceux qui périrent dans les diffé rentes persécutions. Ruinart le confond par les ca lendriers, par les martyrologes, par les passages des Pères, et par tous les faits de l'histoire ecclésiastique; il suit l'histoire de chaque persécution en particulier, et rétablit ce que son adversaire avoit affoibli ou dissimulé. Il ne se sert jamais que d'auteurs contenmporains, pour ne rien avancer qui puisse paroître suspect. On ose dire qu'il ne laisse rien à désirer dans cette réfutation, et qu'il dissipe complétenient les nuages que l'auteur anglois s'étoit amusé à accumuler sur ce sujet avec plus d'art que de bonne foi. Ce morceau, écrit avec beaucoup de sagesse et de mesure, fait un honueur infini à l'érudition et au zele de Ruinart, et ses réponses sont demeurées sans réplique. Dans le reste de sa préface il fait voir avec quel soin les chrétiens conservoient les actes des martyrs, et quel intérêt les païens mettoient à les supprimer. Il rappelle les précautions que l'on prenoit pour éviter d'être trompé à cet égard, et il rend compte des soins qu'il s'est donnés lui-même pour réunir les actes qu'il publioit, et pour les présenter dans toute leur intégrité. Pour cela, il a fonillé dans les bibliothèques et dans les monastères, a comparé les mamuscrits, et n'a rien négligé de ce que conseilloit la plus sévère critique. Il avertit cependant qu'il ne prétend pas avoir fait entrer dans son recueil tous les actes authentiques qu'il est possible de recouvrer, et qu'il est loin de sa pensée de rejeter indistinctement conime supposé tout ce qui ne fait pas partie de son édition. Il a suivi dans le choix des pièces ce que lui prescrivoient ses recherches, celles de ses amis, et les règles d'une érudition sage, mais sans jeter de défaveur sur les découvertes des critiques à - venir. Après la préface, qui a été réimprimée en 1693, à la tête du Traité de Lactance, sur la mort des persécuteurs, viennent les Actes mêmes, qui sont rangés suivant l'ordre chronologique, et accompagnés de notes et de remarques. L'ouvrage eut dans le temps beaucoup de succès, s, et fut réimprimé, à Amsterdam, par Wetstein, in-folio, 1813, avec des augmentations, pour lesquelles on dit que Ruinart fut aidé par un de ses confrères, dom Porcheron. Il y a encore eu une autre édition, faite à Vérone. En 1708, l'abbé Drouet de Maupertny en donna une traduction fran çoise, en 2 volumes in-8°.; elle est louée dans les Mémoires de Trévoux, juin 1708. C'est cette version qu'on reproduit aujourd'hui. L'éditeur a pensé que ce seroit une entreprise glorieuse pour la religion, et ntile pour les fidèles, que de leur présenter les Actes de ces martyrs, qui ont scellé de leur sang leur courageux témoignage, et dont quelques-uns vivojent dans le pays même que nous habitons. Après l'Ecriture sainte, dit Ruinart, il n'y a rien qui soit plus digne de notre respect que les Actes originaux et authentiques des premiers martyrs que l'antiquité chrétienne nous a conservés dans toute leur pureté. Cette S2 lecture est propre à ranimer la foi, et elle convient surtout à des temps de troubles et d'orages. Quant à la Préface on Dissertation, ce morceau seul auroit mérité les honneurs de la réimpression; il tend à conserver au christianisme une de ses principales preuves, et il est plus nécessaire que jamais dans un temps où on tâche de les lui enlever les unes après les autres, et où une témérité, plus coupable encore que celle de Dodwell, sape sans relâche tous les fondemens de la religion. : i * NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES. ১ PARIS. Le dimanche 9 janvier, M. de Coucy, élu archevêque de Reims, assisté de M. de Clermont-Tonnerre, ancien évêque de Châlons-sur-Marne, et de M. de Latil, évêque élu de Chartres, a donné la consécration épiscopale à M. Maximilien-Gustave-Juste, prince de Croy, évêque de Strasbourg. M. le cardinal de la Luzerne, M. l'archevêque de Nisibe, nonce de S. S.; les évêques qui se trouvent à Paris, les aumôniers de la maison du Ror et des Princes, beaucoup d'ecclésiastiques, des officiers généraux, et un grand nombre de personnes distinguées par leur paissance, leurs places et leurs titres, entr'autres M. le duc d'Havré, oncle du nouveau prélat, et M. le prince de Solre, son frère, ont assisté à cette cérémonie, qui a commencé à dix heures et demie, et s'est faite avec beaucoup de pompe. Le séminaire occupoit la grande rief de l'église de Saint-Sulpice. M. de Croy étoit le seul prélat qui restât à sacrer de ceux qui avoient été institués en 1817, et dont les sièges devoient être remplis immédiatement d'après les arrangemens de l'année dernière. - Le mardi 18 janvier prochain, anniversaire de la mort de M. l'abbé Legris - Duval, on dira des messes |