nommé à l'évêché de Rennes, étoit présent à la cérémonie, ainsi que d'autres personnes distinguées. Le même jour on a célébré un service aux Missions - Etrangères pour le même ecclésiastique; les jeunes Savoyards y étoient réunis en grand nombre. La mort de M. Chaumont, que nous annonçâmes l'année dernière, laissoit vacante la place de supérieur du séminaire des Missions-Etrangères. Les directeurs de la maison s'étant réunis, ont nommé à cette place un d'entr'eux, M. l'abbé Breluque, ancien professeur de théologie, puis grand vicaire de Bordeaux, et aujourd'hui chapelain de S. A. R. MONSIEUR. M. l'abbé de Ja Bissachère, ancien missionnaire, revenu en Europe il y a quelques années, est nommé assistant. - M. l'évêque de Séez a publié, sous la date du 30 décembre, une fettre pastorale au clergé et aux fidèles de son diocèse. Il avoit désiré leur ouvrir son cœur dès le premier moment de son arrivée parmi eux; mais la multitude des affaires lui a ôté le loisir de retracer tout ce qu'il avoit à leur dire. Il les remercie de l'accueil qu'ils lui ont fait, et de l'empressement de toutes les classes à honorer son ministère. Il fut consolé surtout de voir ce grand nombre de fidèles assis à la sainte table, et auxquels il distribua le pain des anges. Les mêmes dispositions religieuses et bienveillantes ont paru à Séez, à Alençon, à Argentan. Le prélat se félicite de trouver un troupeau fidèle aux mouvemens de la piété: il fait particulièrement l'éloge de son clergé, qui a donné dans les circonstances les plus critiques des preuves d'un zèle et d'un dévouement inaltérables. Il paie un tribut d'hommages aux vertus des derniers évêques de Séez, MM. d'Argentré et de Boischollet, dont le premier mourut dans l'exil, à Munster, le 24 février 1805, et dont l'autre, éprouvé depuis par les contradictions de l'homme ennemi, fut contraint de renoncer à son siége, et mourut aussi loin de son troupeau. Le prélat, pour suivre ces excellens modèles, 1 compte sur le secours du Seigneur, sur la protection de la Mère de Dien, à laquelle il a curisacré spécialement sa personne et son diocèse, sur l'assistance des saints anges, sur le zèle de son clergé, sur les prières de tous les fidèles. Il cite avec honneur ces pieux cénobites qui conservent au milieu de la corruption du siècle la ferveur et les austérités des anciens temps, et dont il regarde la présence dans son diocèse comme une source de bénédictions et de salut. Enfin, après des réflexions et des conseils marqués au coin de la sagesse et de la piété, le prélat annonce l'intention de visiter cette année tous les chefs-lieux de canton de son diocèse, et ordonne deux services dans sa cathédrale, l'on pour M. d'Argentré, l'autre pour M. de Boischollet. On donna, en 1806, une mission à Fontaineblean; elle se fit en toute liberté; des exercices en furent trèssnivis. Il y eut à la fin une procession solennelle; la croix fut plantée sur le Calvaire, à l'entrée de la forêt, en allant à Meluv. Le missionnaire, M. l'abbé Guyon, prêcha dans ce lieu, et un grand nombre d'auditeurs couvroit la montagne. Ce Calvaire existe depuis ce temps, et on ý va encore prier. Ce sont là des faits notoires, et dont tout Fontainebleau peut rendré Témoignage. Mais ce que tout le monde sait aussi, c'est que Buonaparte étoit alors le maître, et que Fontainebleau éloit une de ses résidences. La mission ne fut gênée ni par lui ni par le préfet de Seine-et-Marne de ce temps-là, quoique M. Lagarde, ancien secrétaire général du directoire, ne passat, point pour un partisan outré des pratiques religieuses. Où en sommes-nous réduits qu'il faille invoquer aujourd'hui l'exemple de ce qui se faisoit sous Buonaparte, et qu'il soit nécessaire de rappeler aux administrateurs choisis par le Bor la con-duite d'un homme dont la religion a tant eu à se plaindre? Ceux qui le vantent, et peut-être même le regrettent, devroient au moins l'imiter dans ce que sa conduite présente de plus raisonnable. 190 Un des voœnx de Voltaire, dans le désir ardent qu'il avoit d'écraser ce que dans son langage horrible it appeloit l'infame, étoit que les livres contre la religion fussent à si bas prix que le peuple pût les acheter. S'il avoit vécu de nos jours, il auroit vu ses souhaits réalisés. L'irréligion sait se plier à toutes les conditions et à tous les goûts; elle souille tout, la prose et les vers, la métaphysique comme la littérature légère, les dissertations comme les romans, les gros livres comme les pamphlets. On la délaie dans les journaux, on la jette en passant dans des almanachs. Nous venons de recevoir un Nouvel Almanach de poche, pour 1820; à Lille, chez Castiaux, libraire. Rien de si succinct que cet Almanach, qui est dans le plus petit format. Eh bien! on a trouvé le moyen d'y insérer l'impiété. A la fin de chaque mois est que anecdote de quatre lignes; c'est-là que le veniu s'est caché. Au bas de la page du mois de juin, on a inséré une dérision sacrilege et grossière sur la divinité de notre Seigneur. Nous répugnerions à transcrire ici ce blasphenie que l'éditeur a pris soin de mettre dans un style convenable pour les gens de campagne. Car c'est à eux que cet Almanach est destiné: on le colporte dans les villages, on le donne pour un sol, car l'irreligion test descendue jusque là. L'appât du prix séduit de bons paysans, qui ne s'attendent pas à trouver des plaisanteries irreligieuses là où ils ne cherchent qu'à connoître le quantième du mois, et qui seront d'autant mieux trompés qu'ils apercevront dans l'Almanach les noms et les portraits d'augustes personnages. Ils liront même au bas du portrait d'une illustre Princesse, que, formée à ta piété au sein du malheur, elle est le plus bel ornement de la religion, dont elle se platt à parer les autels. Alliez, si vous pouvez, le ton de cet éloge avec le quoJibet impie mentionné plus haut; malheureusement l'un ne corrigera pas le mauvais effet de l'autre. Qu'ils sont coupables ceux qui tendent ainsi des pièges aux F 4 simples, et qui sément dans des ames faciles le poison de maximes ou de plaisanteries anti-chrétiennes! Le 16 décembre dernier, il a été célébré, dans l'église métropolitaine de Chambéri, un service solennel pour le repos de l'ame du roi Charles-Emmanuel IV, mort à Rome, le 6 octobre dernier. M. l'abbé Rey, vicaire général du diocèse, a prononcé l'Oraison funèbre du vertueux monarque. Ce Discours, qui vient d'être imprimé, à Chambéri, in-4°., 55 pages, est digne à la fois, et de la chaire chrétienne, et du prince qui en est l'objet, et du talent de l'orateur. M. l'abbé Rey n'avoit pas du moins à lutter ici contre les écueils qui se rencontrent trop souvent dans ces sortes de sujets, et la vie si pure de Charles-Emmanuel n'offroit rien à dissimuler. Deux pensées. principales partagent ce Discours; Charles honora la piété dans les temps heureux, et la piété le soutint dans les revers. Après un éloge de la maison de Savoie, l'orateur parcourt les principales époques de la vie du prince. Charles eut l'inestimable bonheur d'être élevé par les soins d'un des hommes les plus distingués de son temps, qui, à la fois religieux fervent, prélat éclairé, écrivain habile, se signala également dans la théologie, dans la métaphysique, dans la critique, dans la controverse, et a laissé dans ses nombreux ou *vrages des monumens de son zèle comme de ses talens. Le père, depuis cardinal Gerdil, forma le prince de Piémont aux sciences et à la vertu, et M. l'abbé Rey entre dans quelques détails sur cette intéressante éducation. Il cite entr'autres un fait qui prouve l'attachement et la reconnoissance que le prince avoit conservés pour son ancien maître. Le cardinal étoit venu rendre visite à Charles-Emmanuel, alors roi; ce bon prince, oubliant les usages de la cour, reconduisoit son ancien précepteur à travers les salles du palais. Il s'aperçut de la surprise des courtisans: Eh! Messieurs, leur dit-il c'est un fils qui accompagne son père. Un autre bonheur de Charles-Emmanuel, ce fut d'avoir pour épouse , la-vertueuse Clotilde, cette digne sœur de Mme. Elisa beth, ce modèle de piété, de douceur et de charité, à laquelle l'Eglise a déjà donné le nom de vénérable. M. l'abbé Rey montre les deux époux se consolant l'un et l'autre dans leurs peines, et s'animant à marcher dans les sentiers de la perfection. La mort de la reine fut un coup terrible pour la sensibilité du roi, et l'orateur n'a point cru déparer son Discours en y insérant une lettre touchante que Charles écrivoit à un noble Florentin, sur cette perte. Ce fut après la mort de la reine que ce prince, affligé et d'ailleurs accablé d'infirmités, résolut d'abdiquer la couronne; il transporta ses droits à son frère, le roi régnant, pour passer le reste de ses jours dans les pratiques de la piété. Nous regrettons de ne pouvoir nous étendre davantage sur ce Discours, également précieux par les faits et les réflexions qui y sont semé; il ne peut qu'ajouter à la réputation de M. l'abbé Rey, déjà connu par le fruit de ses prédications jusque dans nos provinces, et par les services qu'il a rendus, soit pour des missions, soit pour des retraites ecclésiastiques en divers diocèses. NOUVELLES POLITIQUES. PARIS. Des secours extraordinaires ont été envoyés par les Princes aux bureaux de charité, pour être distribués à l'occasion du 21 janvier.s Le 20, une consultation de cinq médecins s'est réunie pour déclarer que M. de Serre devoit, pour sa santé, partir immédiatement pour Nice... - L'affaire du Drapeau-Blanc a été appelée, le 20, à la cour d'assises; on se rappelle que l'éditeur responsable, M. Ducasse, avoit été mis en cause pour un article sur la vente des biens nationaux. M. Ducasse a nommé l'auteur de l'article, M. Amédée de Bonbers; celui-ci a comparu devant la cour, et a déclaré être âgé de 55 ans, et être gentilhomme. Dans son article il n'attaquoit pas les anciennes ventes de biens du clergé dont il est parlé dans le Concordat de 1801; mais il |