Imej halaman
PDF
EPUB

(Mercredi 26 janvier 1820.)

(No. 570).

SEINA

Sur l'établissement de la fête du Sacré-Cœur de JésusChrist, et sur les discussions auxquelles elle a donné

lieu.

Nous avons cherché, dans notre no. 541, à donner une idée nette de la dévotion au Sacré-Cœur, et à dissiper les difficultés qu'on y oppose; mais nous nous sommes plus occupés de la doctrine que des faits. Aujourd'hui il nous reste à tracer, en quelque sorte, l'histoire de cette dévotion, et nous completterons par-là ce qu'il peut y avoir à dire sur cette matière.

Avant que la sœur Marguerite-Marie et le père Colombière songeassent à exciter parmi les fidèles la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, la dévotion au Coœur de Marie étoit déjà répandue. Celle-ci avoit eu pour principaux propagateurs Marie des Vallées et le père Eudes, fondateur des Eudistes. Marie des Vallées étoit la fille d'un paysan de Coutances, dont la vie est remplie de choses extraordinaires; elle mourut à Coutances, le 26 février 1655, el sa vie a été écrite par le père Eudes. Ce pieux prêtre mit beaucoup de zèle à établir la fête du Cœur de Marie, et plusieurs évêques y donnèrent les mains. Le premier exemple que l'on en cite, est celui de M. de Ragny, évêque d'Autun, qui, le 20 janvier 1648, approuva un office pour la fête du Cœur de Marie, le 8 février, et pour celle de son saint nom, le 12 septembre. Le 26 juillet suivant, l'évêque de Soissons approuva un livre intitulé : la Dévotion au Cœur et au Nom de Marie, qui étoit du père Eudes. Nous trouvons des Mandemens ou approbations à peu près semblables donnés depuis cette époque par l'archevêque de Bourges, par celui de Rouen, et par les évêques de Coutances, de Lisieux, de Bayeux (Servien et de Tome XXII. L'Ami de la Religion et du Ror. Y

Nesmond), d'Héliopolis, de Métellopolis, du Pay, de Toul, de Pétrée. Sept docteurs de Paris approuverent le livre du père Eudes, le 31 janvier 1661. Le 2 juin 1668, le cardinal de Vendôme, légát du Pape, loua, approuva et confirma la dévotion au Coœur et au Nom de Marie, et Clément ✗ autorisa, en 1674, le père Eudes à établir, dans les chapelles de sa congrégation, des confrériés en l'honneur des cœurs de Jésus et de Marie.

C'est depuis ce temps que la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus-Christ fut connue et pratiquée. Une religieuse de la Visitation et un Jésuite travailloient à cette époque à l'établir en Bourgogne. Marguerite-Marie, née, en 1645, à Lenthécourt, en Bourgogne, d'un habitant du lieu, nommé Alacoque, entra, en 1671, au convent de la Visitation de Paray-le-Monial. Elle fit de grands progrès dans la perfection, et l'auteur de sa vie raconte d'elle des choses extraordinaires. Elle crut avoir vo Jésus-Christ lui montrant son cœur, et l'exhortant à l'honorer d'un culte particulier. De ce moment elle out une dévotion spéciale pour le cœur de Jésus, et s'efforça de l'inspirer à ses compagnes. Elle éprouva beaucoup de contradictions, auxquelles elle n'opposa que la patience et l'hunsilité. En 1675, le père la Colombière, Jésuite, devint son confesseur, et, après un examen attentif, crut que ses révélations venoient de Dieu; il adopta Ja dévotion an Sacré-Coeur, et en devint l'apologiste et l'apôtre. Il monint à Paray, en 1682, et MargueriteMarie, le 17 octobre 1690. M. Languet, archevêque de Sens, a écrit la vie de cette vertueuse fille, dont il ne faut pas juger par les plaisanteries qu'en ont faites les jansenistes et les ennemis de la piété (1).

(1) Dans nos Mémoires, tome IV, page 248, nous attribuons à M. Languct la vie de la sœur Marguerite du Saint-Sacrement; celle-ci, née à Beaune, entra aux Carmélites, en 1630, et mourut, le 26 mai 1648: sa vie a été écrite par un prêtre de l'Oratoire. La religieuse dont M. Languet a écrit la vie s'appeloit Marie-Marguerite, et son nom de famille étoit Alacoque.

Les religieuses de la Visitation de Paray ne forent pas les premières à embrasser la dévotion au SacréCoœur de Jésus-Christ. Elle fut établie, dans le couvent du même ordre, à Moulins, en 1678, par une sœur qui avoit vécu avec Marguerite; en 1681, le couvent de Dijon suivit cet exemple, et celui de Paray, en 1686. Les ordinaires accordèrent les permissions nécessaires. Après la mort du père la Colombière, les Jésuites ses confrères publièrent ses ouvrages, et surtout sa retraite où il préconise la dévotion au Sacré-Coeur. La réputation de piété dont il avoit joui, donna du succès à cet ouvrage. Peu de temps après, le père Croiset, alors régent dans le college de Lyon, y prêcha sur les avantages de la même dévotion, et en 1691, il fit imprimer la Devotion au Sacré-Cœur de notre Seigneur JésusChrist, avec un Abrégé de la Vie de la sœur Marguerite-Marie; Lyon, in-12; ouvrage qui eut plusieurs éditions. Il se forma des confréries en l'honneur du Sacré-Cœur. M. de Brienne, évêque de Coutances, permit, le 25 janvier 1688, dans tout son diocèse, la célébration des fêtes des Cœurs de Jésus et de Marie. M. de Grammont, archevêque de Besançon, ordonna, en 1694, que la messe propre du Sacré-Cœur de Jésus fût insérée dans le Missel du diocèse. Le 3 décembre 1718, M. de Villeroy, archevêque de Lyon, prescrivit pareillement, dans tout son diocèse, la célébration de la fête du Sacré Cœur; il avoit autorisé, le 6 juillet 1716, la fête du Coœur de Marie. Le 22 octobne 1720, M. de Bel zunce, évêque de Marseille, établit la fête du Sacré-Coeur de Jésus; le 1er, novembre suivant, il consacra la ville et le diocèse au Sacré-Coeur, et fit une procession soJennelle. Marseille étoit alors, comme on sait, désolée par une peste terrible. L'évêque déclare dans son Mandement que de ce moment le fléau diminua sensiblement, il institua en conséquence une fête d'actions de grâces; les consuls de Marseille s'engagèrent; par un voru perpétuel, à assister à la procession le jour de la

[ocr errors]

Y 2

fête du Sacré-Cœur, et à y offrir un cierge de quatre -livres, et cette cérémonie s'est toujours observée depuis. Les évêques des pays voisins, atteinits ou menacés de la contagion, ordonnerent aussi la célébration de la même fête; tels furent les archevêques d'Aix, d'Arles et d'Avignon, et les évêques de Toulon et de Carpentras; leurs Mandemens sont datés de 1724 et de 1722. C'est depuis ce temps que le nombre des confréries du SacréCœur se multiplia. Le père de Galliset, dans son livre (l'Excellence de la dévotion au Cœur adorable de JésusChrist, avec un Mémoire de la vie de Marguerite-Marie, et un office du Sacré-Cœur; Avignon, 1734; in-40. en deux parties, formant en tout 574 pages), a donné la liste de ces confréries, établies en France et ailleurs, jusqu'en 1734; il y en a en tout quatre cent vingt-sept, toutes d'après des brefs particuliers des

Cependant il faut remarquer que ces brefs n'autorisoient pas précisément la dévotion au Sacré-Cœur; mais seulement des confréries sous le titre du SacréCœur, pour pratiquer des œuvres de piété et de cha rité. C'est le style de tous ces brefs, et les papes y évitoient de parler de la dévotion au Sacré-Cœur en ellemême. On reconnoîtra ici la réserve et la maturité du saint Siege, qui vouloit examiner la chose à fond, et qui craignoit d'autoriser des nouveautés. On dit que des sollicitations ayant été portées à Rome à cet égard, la congrégation des Rits établit, le 30 mars 1697, la fête des Cing-Plaies de notre Seigneur, mais n'accorda point celle du Sacré-Coeur. Le mars 1704, il y ent un dé cret de l'Index contre le livre cité ci-dessus de la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, par un père de la compagnie de Jésus (Croiset); on croit que c'est à cause d'un office norautorisé qui se trouve à la fin dans quel ques éditions, ou peut être à cause de quelques expressions peu exactes, au bout de quelque tempston fit de nouvelles démarches pour obtenir de Rome l'autorisation de la fête; la congrégation des Rits la refusa, le

30 juillet 1729. Un écrivain contraire à la dévotion au Sacré-Cœur prétend tirer avantage de ce que Benoît XIV, étoit alors promoteur de la foi; c'est une erreur, ce savant pape avoit été fait évêque d'Ancône en 1727, et déclaré cardinal en 1728. Le 22 mai 1745, un décret de l'Index nota un autre livre, intitulé : la Dévotion à l'aimable et divin Cœur de notre Seigneur Jésus-Christ, extraite des ouvrages de Jean Lansperg, Chartreux. La première confrérie du Sacré-Coeur, établie à Rome, ne le fut qu'en 1732, daus l'église de Saint-Théodore, et en vertu d'un bref du 28 fevrier. On sollicitoit tou jours auprès du saint Siege l'approbation de la fête. Le 6 mai 1726, Constantin Szaniawski, évêque de Cracoarvie, écrivit à cet effet à Benoît XIII, Le 15 du même mois, Auguste, roi de Pologne, faisoit la même demande à ce pontife. Le 10 mars 1727, Philippe V, roi d'Espagne, prioit le pape d'établir la fête du Sacré-Cœur dans ses Etats. Des évêques et des congrégations adressoient de pareilles requêtes. Les Jésuites montrbient beaucoup de zèle pour cette dévotion. Ces demandes se renouvelèrent sous Clément XIII, qui fut élu pape en 1758. Ce pieux pontife étoit favorable à cette dévotion, et n'étant encore que prélat, il s'étoit fait recevoir membre de la congrégation établie à Saint-Théodore. On examina de nouveau la question, et la congrégation des Rits donna, le 26 janvier 1765, un décret qui est le premier de ce genre, et que nous citons ici pour cette raison:

A

<< La congrégation des Rits, assemblée le 26 janvier de la présente année..., considérant qu'elle ne fait que donner un nouveau lustre à un culte déjà établi, et favorisé par les évêques dans presque toutes les parties de L'univers catholique, et appuyé de beaucoup de brefs d'indulgences que le siège apostolique a accordés aux confréries presque sans nombre canoniquement érigées sous le titre da Cœur de Jésus; considérant de plus que par cette dévotion on renouvelle symboliquement la

« SebelumnyaTeruskan »