jusque-là dans l'indifférence religiense, ou même dans des désordres affligeans, se sont réveillés et ont réparé hautement le passé. Les magistrats out donné l'exemple. Les différends ont été appaisés, et l'empressentent à profiter de la mission a été général. Le renouvellement des vœux du baptênie a beaucoup frappé ceux qui en ont été témoins. Des homines avancés en âge se sont fait un honneur de prononcer la formule des vœux d'un ton qui annonçoit assez la fermeté de leurs résolutions. M. le curé a été aidé pendant la mission par deux de ses anciens vicaires, fort estimés dans la ville. Le jour de la plantation de la croix, les magis trats et la garde nationale ont grossi le cortége. On continue, depuis la clôture de la mission, à venir prier an Calvaire, et à y chauter des cantiques. (Les détails ci-dessus nous sont transmis par M. Gely, maire, et M. Goin, curé du Buis). Un grand exemple des miséricordes divines a réjoui dernièrement les fidèles de Clermont. Mlle. Antonia-Virginie-Maxence-Marie Lorset d'Orsan s'étoit trouvée, par le malheur de sa naissance, attachée à une troupe de comédiens. Cependant elle reçut dans son enfance quelque idée de la religion, et au milieu des égaremens où elle fut entraînée, la foi faisoit briller de temps en temps à son esprit quelques lueurs. A peine parvenue à l'âge de vingt ans, elle parut sur les théâtres des Variétés de Paris, d'Amsterdam, de Genève, de Lyon, et en dernier lieu de Riom et de Clermont. C'est dans cette dernière ville qu'elle fut atteinte d'une maladie longue et cruelle. Le zèle de ses camarades se lassa bientôt, et ne lui laissa d'autres ressources que l'Hôtel-Dieu. De faux amis lui avoient bien recommandé, dit-on, de feindre dans cette maison des sentimens de religion et de repentir, afin de s'attirer l'amitié et les soins des charitables servantes des malades, Mile. Antonia continua donc, à ce qu'il paroît, à jouer la comédie jusque dans sa maladie. Le respectable au A mônier de la maison et les soœurs de saint Vincent de Paul étoient sans défiance; ils entretenoient cependant souvent la malade du malheur d'une ame abandonnée de Dieu. Ce langage et les soins touchans dont il étoit accompagné ont parlé au cœur de l'actrice; elle a sans doute comparé elle-même sa vie avec celle des pieuses filles qui se dévouent au soulagement du prochain, et elle a reconnu l'accent de la religion. La nature lui a fait éprouver bien des combats, et sa maladie a paru même quelque temps s'en accroître. Dans un de ces momens d'agitation intérieure et de souffrances physiques, il lui survint une sorte de délire, dans lequel elle exprima, avec une extrême vivacité, tout ce que lui suggérojent.. la douleur et le remords; elle parla long temps de suite et de manière à étonner ceux qui étoient présens. Au sortir de cette crise, elle se montra toute différento d'elle même, témoignant son repentir de la manière la plus touchante, n'aimant qu'à s'entretenir de Dieu, et's'humiliant de sa vie passée. Elle demanda instamment à se réconcilier, et après une assez longue attente, elle fi admise au plus auguste des sacremens. Sa joie, pendant cette cérémonie, a éclaté de la manière la moins équivoque, et M. l'évêque de Clermont lui a administré le sacrement de confirmation. Après ces démarches le monde n'offroit plus ancun attrait a Mlle. Antonia. Elle a su qu'une réunion de Carmélites s'étoit formée depuis deux ans à Riom; c'est dans cet asile qu'elle a demandé à se retirer, sans être effrayée des austérités du Carmel. Elle y est en ce moment, et les vœux des ames pieuses l'y suivent, et sollicitent pour elle la grâce de la persévérance. fut PARIS. Le 21 janvier, S. A. R. MADAME, duchesse d'Angoulême, a fait parvenir des secours dans tous les quartiers de Paris. - M. le baron Siméon, conseiller d'Etat, est chargé par in térim du porte-feuille du ministère de la justice, en l'absence de M. de Serre. M. le lieutenant général comte Lion est nominé commandant de la 2. division militaire, en remplacement de M. le lieutenant général comte Villatte, qui est appelé à remplacer M. le général Razout, décédé, dans le commandant de la 3o. division militaire à Metz. M. le comte de Marcellus qui n'a pu avoir la parole dans les séances des 14 et 15 janvier, sur les pétitions relatives à la loi des élections, vient de publier ce qu'il s'étoit proposé de dire en cette circonstance. Dans son Opinion, il fait sentir l'inconvénient de ces pétitions collectives, l'initiative qu'elles usurpent, l'agitation qu'elles excitent. Au milieu des clameurs des factieux, il remarque que les amis de la monarchie gardent un silence respectueux, et il exprime leurs vœux pour que la religion soit protégée contre ses ennemis, et pour que le trone soit affermi contre les funestes projets des faiseurs de révolutions. M. Dupont (de l'Eure) a été choisi pour rapporteur de la nouvelle cominission des pétitions. -M. Caulincourt, duc de Vicence, a fait insérer dans le Constitutionnel une lettre où il loue Buonaparte de n'avoir pas souscrit, en 1814, aux propositions des alliés dans le temps des négociations de Châtillon. On vouloit ramener la France à ses anciennes limites; mais, dit judicieusement M. Caulincourt, c'eût été la faire décheoir et l'avilir. M. le duc assure que l'empereur, ou S. M., car il Pappelle constamment ainsi, étoit incapable de souscrire à une condition si déshonorante. Il a oublié que le héros s'y soumit en 1815. On dit que cette lettre vient d'être déférée aux tribunaux. - Le 22, les feuilles libérales ont paru comme à l'ordinaire; ce qui ne leur étoit pas encore arrivé depuis la restauration. Les publicistes de la Minerve fondent les plus belles espérances sur le départ de M. de Serre. Ils semblent être sûrs que le ministère va changer encore une fois ses plans relativement à leur chère loi des élections. Des malveillans avoient dernièrement répandu, dans la commune de C... (Moselle) des bruits inquiétans sur la stabilité des biens nationaux, et l'alarme s'étoit communiquée aux communes voisines. Le maire de la commune de C... n'ayant rien fait pour éclairer ses administrés, et dissiper leurs craintes, a été suspendu de ses fonctions par M. le préfet du département. - M. le maire de Soultz (Haut-Rhin) affirme que la grande et saine majorité de ses administrés n'a pris aucune part à la pétition pour le maintien de la loi des élections, que le Constitutionnel a attribuée aux habitans de cette ville. Ils savent trop bien, ajoute-t-il, qu'il ne leur appartient pas de prescrire des règles de conduite au Monarque. - Depuis quelque temps, les journaux libéraux parlent avec complaisance d'une insurrection éclatée en Espagne. Il paroît certain que la rébellion s'est bornée à quatre bataillons, qui ont juré la constitution, et ont marché contre Cadix; leur entreprise contre cette ville a échoué. Il n'est plus question de ces troubles dans les lettres particulières d'Espagne, et on a lieu de croire que les détails fournis par les feuilles libérales ont été prodigieusement exagérés. Le 16, le roi de Wurtemberg a fait en personne l'ouverture de l'assemblée des Etats de son royaume. - On doit reproduire dans les deux chambres d'Angleterre la proposition d'abroger la loi du test, afin d'introduire les catholiques dans le parleinent. Les indépendans d'Amérique n'obtiennent pas de trèsbrillans succès. Des lettres de la Jamaïque apprennent que leur général Bolivar a été battu dans trois affaires consécu tives par le général royaliste La Torre, et obligé de se retirer sur Santa Fé, où on espéroit pouvoir le cerner. CHAMBRE DES DÉPUTÉS. Le 22 janvier, M. le président donne lecture d'une lettre de M. de Lastours, qui demande un congé motivé sur la mort d'un de ses ene fans, et sur l'état inquiétant de la santé de sa femme. Le congé est accordé. M. le ministre des finances monte à la tribune, et annonce qu'en vertu des ordres du Roi, il va présenter le 'budget des dépenses de PEtat pour l'année 1820. Ce budget se divise en deux parties, dont Pune, composée de la dette consolidée, et de la dotation de la caisse d'amortissement, est invariablement exigible, et s'élève à 228,341,200 f y compris 344,000 fr., formant l'aperçu des liquidations à inscrire pendant cette année, et dont l'autre, relative aux frais d'administration, et la seule qui puisse être débattue, monte à 511,000,000; elle contient même encore, jusqu'à concurrence de 120,500,000 fr., les articles de la liste civile, de la dette viagère, des pensions insorites ef des intérêts de cautionnemens, lesquels articles sont hors de discusaion. M. le ministre des finances déclare que le temps seal peut attes nner cette charge. Il fait voir qu'il n'y a que 390,000,000 de dépenses purement administratives, qui soient réellement accessibles aux investigations de la chambre, el entre à cet égard dans quelques détails. M. le ministre de la justice, dont le budget pour 1819 a été réglé à 17,460,000 fr., demande 18,000,000 pour 1820. M. le ministre des affaires étrangères demande 8,000,000, c'est-à-dire, 150,000 fr. de plus que l'année dernière. Le crédit du ministère de l'intérieur pour 1819 étoit de 102,840,000 f son propose de l'élever pour1820 à 104,340,000 f., parce que, outre son service ordinaire, ce ministère comprend tes cultes, les travaux publics, tes dépenses départementales, les dépenses variables et les secours généraux Cette augmentation de 1,500,000 fr. se réduit pour l'Etat à 1,200,000 fr., an moyen de 300,000 fr. portés au crédit des pensions pour le traitement des ecclésiastiques qui remplacent les pensionnaires décédés. Le budget du ministère de la guerre qui, pour 1819, etoit de 184,750,000 fr., est diminué pour cette année de 2,900,000 fr. Celui de la marine, qui étoit fixé à 45,000,000, présente une augmentation de 480,000 fr. Pour ce qui concerne le niinistère des finances, l'opération des frais de régie et de recouvrenrens ne pourra être présentée que lorsqu'on soumettra le budget des vores et des moyens. Les autres dépenses de ce ministère, fixées, en 1819, à la somme de a 15,889,000 fr., sont évaluées, en 1820, 115, 181,000 fr. La comparaison du budget de 1820 avec celui de 1819 ne présente au total qu'une augmentation de 3,900,000 fr. Après divers calculs, M. le ministre des finances assure que te service de l'année actuelle ne coûpas plus us que celni de l'année précédente. En cet endroit, une légère agitation manifeste dans l'assemblée. M. Roy fait un exposé de la situation financière de la France, et termine en faisant ressortir les avantages que la France pourra désormais puiser dans le commerce. tera se 912 M. le baron Capelle lit le projet de loi sur les dispositions relatives aux pensions, et sur la fixation des charges et dépenses de 1820. La chambre en renvoie l'examen à une commission, qui s'en occupera après l'impression et la distribution. La séance publique est levée. La chambre se forme en comité secret pour entendre la proposition de M. le général Demarçay, qui tend à ce que l'on supplie S. M., par une humble adresse, de donner des ordres à ses ministres pour la convocation des colléges électoraux de l'Isère, de la Seine-Inférieure, de la Charente-Inférieure et de Vaucluse. On se retire dans les bureaux pour examiner le projet de loi sur les donanes, et nommer une commission pour en faire le rapport. Si la dernière loi sur la liberté de la presse n'est pas trop sévère, son exécution est moins rigoureuse encore, et la séance de la cour d'assises du 24 janvier n'a rien qui doive désespérer les détracteurs de la refie |