placer M. de Saléon dans l'administration du diocèse de Sénez, dout l'évêque étoit suspendu de ses fonctions. Gette mission, étoit délicate et difficile. L'abbé de la Motte s'en acquitta avec autant de douceur que de prudence, et ramena entr'autres une communauté de religieuses de la Visitation, qui avoient paru obstinée dans l'erreur. Eu 1733, il fut nommé à l'évêché d'A miens, pour lequel il fut sacré, le 4 juillet 1734. II s'y rendit de suite, et se livra tout entier à l'administration de sou vaste diocèse. Visites pastorales, mis sions, retraites ecclésiastiques, instructions publiques et particulières, il ne négligeoit rien; il se retiroit de temps en temps dans son séminaire, et veilloit avec soin sur les jeunes gens qui y étoit élevés, les encourageant par sa présence, et les édifiant par sa piété. Il étoit le père de son clergé, et en traitoit les membres avec bonté. Sa vie étoit simple, uniforme et constamment laborieuse, sa dépense modeste, ses aumônes considérables. Il ne sortoit de son diocèse que par nécessité ou par piété, tantôt pour assister aux assemblées du clergé, tantôt pour aller faire quelque retraite à la Trappe ou à Sept Fonts, ou pour quelque bonne œuvre. Dans les contestations suscitées par un parti opiniâtre, il défendit avec courage les droits de l'Eglise, et s'attira le respect de ses ennemis même. Louis XV P'estimoit, et la famille royale lui témoignoit un attachement et une confiance inaltérables. Il vouloit donner sa démission pour vivre dans la retraite, mais il ne put en obtenir la permission du Roi. On lui accorda seulement un coadjuteur deux ans avant sa mort. Le pieux prélat mourut, le 10 juin 1774, à l'âge de gı ans. : Le tome XVI renferme les vies de quelques jeunes gens, dont les plus étendues sont celles de Déca Jogne et de Souzi. La première parut, en 1772, sous le titre de l'Ecolier vertueux; la seconde, en 1789, sous celui du Modèle des jeunes gens. Jean-LouisMarie - Geneviève Décalogue de la Perrie, né en Picardie, le 2 juillet 1752, et mort au collège Louisle-Grand, la nuit du 23 au 24 décembre 1768, fut un de ces enfans de bénédiction qui paroissent nés pour la vertu et la piété. Le portrait qu'en trace Proyart est attachant, et son ouvrage a eu beaucoup de suc cès dans les maisons d'éducation, on il peut servir de sujet de lecture, et est souvent donné en prix. A la suite de cette vie, l'auteur a joint des notices sur quelques jeunes gens qui s'étoient également distingués par une piété précoce; le jeune Bouin, de Versailles; de Nétine, de Bruxelles, de Pau, et d'au tres qui ne sont pas nommés. On y trouve aussi un tableau très-édifiant de la vie du prince Réné de Roban, abbé de Luxeuil, né en 1703, et mort dans sa première année de théologie au collége du Plessis; et un précis de la vie de Louis-Joseph-Xavier, duc de Bourgogne, et petit-fils de Louis XV, né le 15 septembre 1751, et mort le 22 mars 1761 La Vie de Souzi est véritablement le modèle des jeunes gens, et fut composée sur les mémoires fournis à l'auteur par feu M. Emery. Clande Le Peletier de Sonzi étoit le dernier des fils de Claude Le Pelétier, qui fut contrôleur général des finances à la mort de Colbert, en 1683. Les inclinations les plus vertneuses, une piété tendre, une douceur inaltérable, une pureté de mœurs angélique, une souveraine horreur pour le vice, telles furent les qualités de ce jeune homme, qui mourut à 17 ans, et dont la conduite exemplaire doit faire d'autant plus d'impression qu'il étoit exposé à plus de dangers. Son père, détourné par ses emplois, ne pouvoit s'occuper autant qu'il l'auroit voulu de l'éducation de ses enfans; et sa mère étoit morte lorsqu'il n'avoit que 4 ans. Dans ces circonstances périlleuses, la vertu de Souzi se soutint par elle-même. Sa vie inspire cet intérêt tendre qui s'attache à l'âge de l'innocence, et que redouble le spectacle d'une raison si droite et d'un jugement si mûr. On regrette seulement que Proyart, qui avoit le défaut d'écrire un peu vite, ait négligé les dates; il n'y en a pas une seule dans cette vie. On ne sait quand Souzi est né, et à quelle époque il est mort. Avec quelques recherches, l'auteur eût aisément rempli ce vide. Souzi étoit né en 1667, et il mourut en 1684, de 4 juillet, à ce que nous croyons. Il avoit deux frères aînés qui entrèrent dans l'état ecclésiastique. L'un, Michel, fut évêque d'Angers en 1692, et mourut en 1706, comme il venoit d'être nommé à l'évêché d'Orléans. Nous parlerons plus bas de l'autre, Charles-Maurice. Toute cette famille donna de grands exemples de piété. Le contrôleur - général, père de Souzi, quitta la cour et tous ses emplois en 1697, pour ne s'occuper que de l'éternité; il prit une cellule chez les Chartreux, et y passa douze Carêmes, livré aux exercices de piété, le reste de l'année il habitoit sa terre de Villeneuve-le-Roi. On a de lui des Recueils de pensées sur la morale et Ja piété. Il mourut le 10 août 1711, âgé d'un peu plus de 80 ans. Il avoit un frère, Michel Le Peletier de Souzi, homme de lettres et de talens, qui assista son frère dans le ministère des finances, et fut con seiller d'Etat. En 1719, il quitta aussi les affaires; et alla stablir sa demeure à l'abbaye Saint-Victor, où il vécut dans les pratiques de la piété. Il y mourut le 10 décembre 1725, ayant passé ses dernières années dans des souffrances qu'il soutint avec beaucoup de patience. Tel étoit l'esprit de ce temps-là, et le siècle de Louis XIV offrit beaucoup d'exemples semblables d'hommes qui, après avoir brillé à la cour, a l'armée et dans les plus hauts emplois, s'ensevelissoient dans la retraite, et se préparoient à la mort par la pratique des bonnes œuvres. On trouvera à la suite de la Vie de Souzi un Précis de la Vie de Charles - Maurice, son frère, plus âgé que lui d'un an. Charles - Maurice avoit paru fort léger et fort dissipé jusqu'à la mort de Souzi; mais alors, touché de ses exemples, il se donna à la vertu, renouça aux espérances que lui donnoient la faveur et les places de son père, entra au séminaire Saint-Sulpice, et y passa plusieurs années sous la direction du sage et pieux Tronson. Nommé abbé de Saint-Aubin d'Angers, il suivit son frère Michel, lorsque celui-ci alla prendre possession du siége d'Angers, en 1692. 11 l'engagea à confier son séminaire à la congrégation de Saint-Sulpice, et lui-même y exerça les fonctions de directeur. En 1702, il fut nommé à l'évêché de Poitiers, et sollicité par son père d'accepter cette dignité; ce qu'il refusa constamment. On peut voir dans le Précis les détails de cette afire, où le cardinal de Noailles, Mme. de Maintenon et plusieurs autres personnages, du temps se trouvèrent mêlés. L'abbé de SaintAubin devint en 1725 supérieur général de la congré gation de Saint-Sulpice, et mourut en 1731. On trouve son éloge au tome VII du nouveau Gallia christiana. Enfin, le dernier volume des OŒuvres complètes de l'abbé Proyart est rempli par l'Histoire de Loango, Kakongo et autres royaumes d'Afrique. Cette His toire parut en 1776, in-12, et fui écrite sur les Mémoires de missionnaires qui venoient de visiter ce pays. Le Loango est situé sur la côte occidentale de l'Afrique, entre l'équateur et le Zaïre. L'auteur, dans la première partie de son ouvrage, fait connoître les productions de cette contrée, les mœurs des habitans, la nature de leur gouvernement, et leur religion qui est une idolatrie grossière. Dans la seconde partie, il raconte les tentatives de quelques prêtres zélés pour convertir ces peuples au christianisme. En 1742, un enfant de 12 ans que ses parens destinoient à la mer, passa quelque temps sur la côte d'Afrique, de retour de ce voyage, il résolut d'abandonner une profession qu'il jugeoit périlleuse pour son salut, reprit ses études, entra dans l'état ecclésiastique, et fut ordonné prêtre. II souhaitoit 'se consacrer aux missions de la Chine; mais sa santé et divers obstacles ayant empêché l'exécution de ce dessein, il se ressouvint du Loango, et demanda à y aller prêcher la foi. La congrégation de la Propagande le nomma préfet apostolique pour ce pays. M. Belgarde, c'étoit son nom, partit done de Nantes en juin 1766, et arriva le 10 septembre en rade de Loango: deux prêtres avoient voulu partager ses travaux; c'étoient MM. Sibire et Astelet de Clais. Les missionnaires commencèrent à apprendre la langue, et se louvient de l'accueil qu'ils avoient reçu; mais bientôt le changement de climat et de nourriture altéra leur santé. M. Astelet de Clais mourut après une longue maladie. Les deux |