prêtres restans ne crurent pouvoir rester dans le lieu qu'ils habitoient, et que le voisinage des marais rendoit malsain; ils se retirèrent dans un autre lieu sur le bord de la mer; mais n'y faisant aucun fruit, ils se décidèrent à repasser en Europe. Pendant leur voyage, deux autres missionnaires françois, MM. Descourvières et Joli, s'étoient embarqués à Nantes, en mars 1768, et arrivèrent sur la côte d'Afrique en août suivant. Ils furent fort surpris d'apprendre que leurs confrères n'y étoient plus; ils se fixèrent dans le royaume de Kakongo, au midi du précédent. Le roi du pays leur fit bâtir une maison et une chapelle. Ils apprirent la langue, et en septembre 1769, ils commencèrent à faire des instructions publiques, et à visiter plusieurs parties de la contrée, annonçant l'Evangile, baptisant les enfans malades; ils étoient écoutés avec intérêt et bienveillance. Mais étant tombés malades, et se trouvant hors d'état de coutinuer leur ministère, ils partirent l'un après l'autre, comme ils n'avoient quitté l'Afrique qu'à regret, ils songèrent aux moyens de renouer leur projet. L'assemblée du clergé de 1772 leur accorda 6000 francs, et le saint Siége encouragea leur zèle. Le 7 mars 1773, M. Descourvières, qui avoit reçu le titre de préfet apostolique, s'embarqua à Paimbœuf avec cinq missionnaires et huit laïques, qui devoient travailler à la culture, et le 28 juin suivant, ils prirent terre à Yomba, au nord du Loango. Ils se rendirent par terre dans le Kakongo, où le roi les reçut aussi bien que la première fois, et leur donna une habitation. Ils apprirent qu'il y avoit un assez grand nombre de chrétiens dans le Congo, qui est séparé du Kakongo par le fleuve Zaïre, et ils découvrirent dans le Kakongo même une colonie de nègres chrétiens. M. Descourvières alla les visiter avec un de ses confrères, M. Quilliel d'Aubigny, et fut reçu de ces bonnes gens avec mille démonstrations d'amitié. Il baptisa un grand nombre d'enfans, et trouva les adultes dans les meilleures dispositions. Ce lieu s'appeloit Manguenzo. Le missionnaire en partit au bout d'un court séjour, se proposant bien de revenir et même de s'y fixer, lui ou quelqu'un de ses collègnes. De retour dans son premier domicile, il reprit les fonctions de son ministère. Les missionnaires y donnoient des soins, tant aux nègres qu'aux européens des comptoirs voisins; ils leur furent surtout utiles dans une épidémie qui régna dans ces parages. Mais trois missionnaires furent successivement enlevés, MM. Racine, de la Roche et Chatelain; le dernier surtout avoit autant de talent que de zèle; cinq des laïques moururent aussi, et un retourna en France. L'abbé Proyart en reste-là, et ne donne point la suite de ce qui concerne cette bonne œuvre. Mais nous savons que M. Descourvières ayant perdu successivement tous ses confrères, et étant lui-même tombé dangereusement malade, revint en France vers le milieu de l'été de 1776, et passa depuis en Chine. Nous avons parlé de lui dans notre dernier article sur les Nouvelles Lettres édifiantes. Nous ne savons s'il a été fait depuis quelque tentative en faveur des missions du Loango. Telles sont les matières qui remplissent cette dernière livraison des OŒuvres de l'abbé Proyart. On voit qu'elles ne sont pas moins intéressantes que celles des volumes précédens. Ces derniers écrits l'emportent même à plusieurs égards sur les pre miers volumes; le talent de l'auteur s'accommodaut mieux de récits simples, courts et détachés, tels que la vie de Décalogne et de Souzi, que d'ouvrages de longue haleine, et qui exigent plus de recherclics et de critique. ROME. La fête de la Toussaint a été célébrée avec les solennités accoutumées, le saint Père a tenu chapelle papale, et a assisté à la grand'messe, qui a été célébrée par le cardinal della Somaglia, évêque de Porto. Le lendemain, on a fait la commémoration de tous les fidèles trépassés; et le mercredi, on a célébré un service pour tous les souverains pontifes décédés. -Le 26 octobre, la confrérie de la Voie de la Croiss a célébré, dans son oratoire au Forum, un service pour le repos de l'ame du roi Charles- Emmanuel IV de Savoie, qui étoit membre de cette confrérie, et qui assis toit à ses exercices. Il y a été prononcé une oraison funèbre du prince! - Le 29 octobre, trois dames religieuses Ursulines de la maison de Saint-Denis ont fait la profession solennelle des vœux de leur ordre: c'est M. Jean-Baptiste-MarieScipion Roux de Bonneval, ancien évêque de Sénez, et nommé, en 1817, à l'archevêché d'Avignon, qui a fait la cérémonie dans l'église de ce couvent françois.f - M. Ignace Razckinski, archevêque de Gnesne et primat de Pologne, vient d'arriver en cette ville, et est descendu au noviciat des Jésuites à Saint - André du. Quirinal. - Les Jésuites du Valais ont été invités par le gouvernement de Soleure à se rendre dans ce canton... PARIS. On a reçu des nouvelles de l'arrivée de plusieurs prélats dans leurs diocèses. M. du Chilleau, archevêque de Tours; M. de Bausset, archevêque d'Aix; M. Saussol, évêque de Séez, sont successivement arrivés dans leurs résidences, et ont été reçus avec les honneurs dus à leur dignité; ils ont pris possession de leurs siéges au milieu des démonstrations de la joie poblique. - Quelques journaux ont publié une lettre écrite par les quatre commissaires de police de Brest, qui jette quelque jour sur les causes des désordres suscités pour empêcher la mission. Ces magistrats paroissent avoir vu la mission du même œil que les libéraux, et loin d'avoir cherché à dissiper les rassemblemens, ils ont l'air de les excuser, tandis qu'ils accusent et raillent les missionnaires. Il est assez étonnant que ceux qui étoient chargés de maintenir l'ordre dans une ville, applaudissent à des excès dont du moins ils devoient gé mir, s'ils ne pouvoient les empêcher. Aussi la conduite des commissaires de police de Brest a cette fois été formellement improuvée. Deux d'entre eux ont été destitués. Le sous-préfet, M. de Rosily, vient d'arriver à Paris, où il étoit mandé, comme nous l'avons dit. Il peut être tranquille; le Courrier, le Constitutionnel, le Censeur, luv ont donné un brevet d'absolution. Le premier a rapporté tout au long la lettre des commis saires de police, et n'a cessé de déclamer contre les missionnaires. Le Censeur a doctement établi que les seuls séditieux, les seuls responsables du tumulte, étoient les missionnaires qui se trouvoient assiégés dans leurs maisons; ce sont eux qui ont poussé des vociferations, tandis que ceux qui couroient les rues en jetant des clameurs, en faisant des charivaris, et en insultant quiconque leur déplaisoit, étoient des citoyens paisibles et même silencieux; un tel exposé est sans réplique, et les missionnaires ne pourront se défendre devant un juge aussi impartial que M. B. C. Quant au Constitutionnel, il continue à donner des lettres et relations dé M. Edmond Corbière. Ce correspondant, dont le zèle est infatigable, ne s'est pas contenté de mander à ses amis de Paris les prouesses de ceux de Brest; il a pus blié un pamphlet sous le titre de Trois jours d'une mission à Brest, et le Constitutionnel en a donné des extraits. Tous les deux chantent victoire; leur succès est en effet assez glorieux; quelques centaines de fac tieux ont été plus forts que quatre ou cinq missionnaires; il y a de quoi se vanter, et il y a dans ce procédé autant de générosité que de courage. Ils ont pu apprendre d'un estimable officier général la conduite que prescrivoit en cette occasion le devoir et l'honneur. M. le lieutenant - général Coutard, commandant la 13. division militaire, est arrivé à Brest deux jours après le départ des missionnaires. Il a paru fort étonné de ce qui s'étoit passé, et ne pouvoit comprendre comment on n'avoit pu faire respecter l'ordre avec une garnison nombreuse. Les autorités n'étoient sans doute pas de complicité avec les auteurs du tumulte, et tous les gens en place ne pensoient pas comme MM. les commissaires de la police; mais on n'en doit pas moins déplorer l'audace de ceux qui ont conduit cette affaire. Que des libéraux ne veuillent pas assister aux exercices d'une mission, qu'ils s'abstiennent d'aller à l'église, ils en sont bien les maîtres; mais parce que la mission leur déplaît, en priver ceux qui se disposoient à y prendre part, insulter un prélat, injurier des prê tres, expulser des missionnaires, blasphémer la reli gion, voilà ce qui devroit étonner, si l'on n'avoit appris à connoître le sens que ce parti attache à la tolérance et aux idées libérales. Ces grands mots ne sont au fond qu'un masque et un leurre dont personne ne devroit être dupe. |