- LL. AA. RR. MONSIEUR et MADAME, duchesse d'An goulême, ont fait remettre chacune une somme de 400 fr. au sieur Picard, fernier à Proveney (Yonne), qui a beaucoup souffert d'un incendie, le i i octobre dernier. - Une ordonnance du Roi, en date du 24 novembre, rap pelle en France M. le lieutenant-général comte Grouchy, comme étant compris dans l'amnistie portée par la loi du rå janvier 1816, et le réintegre immédiatement dans tous les droits et titres dont il étoit pourvu à l'époque du 19 mars 1815. - Le 26, après une longue délibération, la cour de cassa tion, présidée par M. le garde des sceaux, a cassé le juge ment prononcé, contre M. Roman, par le tribunal correc tionnel d'Aix, et renvoie les parties et les pièces devant le tribunal de police de Marseille. Le dernier numéro de la Bibliotheque historique vient d'être saisi, à la requête de M. le procureur du Rot. On a également saisi, chez tous les marchands de nouveautés, une caricature, intitulée la Messe de 93. - Le 25 novembre, trois placards incendiaires ont été affichés à la porte de la Sorbonne, où est maintenant une partie de l'Ecole de Droit. Deux jours après, des troubles ont eu lieu à P'Ecole de Médecine. A l'issue d'une leçon, quelques jeunes libé raux ont annoncé qu'en alloit lire une pétition adressée aux représentans de la nation, pour demander le maintien de la loi des élections. Cette proposition a excité les applaudissemens de quelques-uns, et l'improbation du plus grand nombre. Pendant le désordre causé par cette divergence d'opinions, un étudiant est monté à la tribune pour donner lecture de la pétition; mais à peine l'avoit-il commencée, que M. Leroux, doyen de l'école, a paru dans la salle. Pendant quelque temps sa voix a été méconnue; mais enfin l'ordre s'est rétabli, et M. le doyen a achevé de calmer les esprits en leur adressant des paroles pleines de mesureset de sagesse, qui ont été vivement applaudies. - Le sieur Lavalette, impliqué dans l'affaire de Lyon pour avoir entretenu une correspondance avec la famille Buonaparte et ses agens, et condamné à cette époque à la dégradation et à la déportation, a obtenu sa grâce. - Le 17 novembre, trois Frères des Ecoles chrétiennes sont arrivés à Rodez, et M. le maire les a installés de suite dans leur ancienne maison, où tout étoit disposé pour l'ouverture de leurs classes. - Le 15 août dernier, jour de la fête de l'Assomption, neuf individus de Braux, dans la Haute-Marne, ont causé du désordre et du scandale dans l'église de Vaudrémont; l'office divin a été interrompu, et ce qu'il y a de plus anguste dans la religion a été outragé de la manière la plus audacieuse et la plus coupable. La nuit suivante les mêmes individus se sont portés à d'autres excès dans les rues de Vaudrémont. Une information ayant eu lieu sur ces délits, neuf habitans de Braux ont été arrêtés et conduits dans les prisons de Chau mont. Une ordonnance du ministre de la police en Prusse assujettit à une surveillance rigoureuse tous les cabinets de lecture qui sont dans ce royaume, et porte qu'à l'avenir des personnes lettrées et d'une conduite irréprochables seront scules autorisées à tenir ces établissemens. CHAMBRE DES DÉPUTÉS. Le 27, MM. les membres de la chambre des députés se sont rénnis, dans la salle des conférences, sous la présidence de M. Anglès, doyen d'âge, pour tirer au sort la grande députation chargée de recevoir S. M. le jour de la séance royale. Le 29 novembre, S. M. est partie à deux heures moins un quart dụ château des Tuileries, pour se rendre au palais Bourbon. Le Roi ayeit avec lui dans sa voiture LL. AA. RR. MONSIEUR, Mgr. le duc d'Angou lême, et Mgr. le duc de Berry. Le cortége étoit nombreux et brillant. Le départ et le retour de S. M., qui est rentrée aux Tuileries à trois heures, ont été annoncés par des salves d'artillerie. S. M. est arrivée au palais Bourbon à deux heures et un quart, et son arrivée a été an noncée par des cris réitérés de Vive le Ro1! Une députation de de douze pairs de France et une de vingt-cing députés, sont venues recevoir S. M. et l'ont introduite dans le lien préparé pour la cérémonie. Le Ror a pris place sur son trône, entouré des princes de sa famille et du sang. Le Ron a ensuite invité lui-même MM. les pairs de France à s'asseoir, et M. le chancelier a fait au nom du Roi la même invitation à MM. les députés. Alors un profond silence a régné, et S. M., après avoir salué l'assemblée, s'est couverte, et a parlé en ces termes: <<«Messieurs, le premier besoin de mon cœur, en me retrouvant parmi vous, est de reconnoître les bienfaits que la Providence a daigné nous accorder, et ceux qu'elle nous permet d'attendre de l'avenir, >> Ma famille s'est accrue, et je puis espérer que les vœux qui me restent à former seront exaucés. De nouveaux appuis de ma maison deviendront de nouveaux liens entre elle et mon peuple. >> Nos relations amicales avec les divers Etats des deux mondes, fondées sur l'union intime des souverains, et sur le principe d'une mutuelle indépendance, continuent à être le gage d'une longue paix. >> Par l'heureux effet de mes négociations avec le saint Siege, nos premières églises ne sont plus privées de pasteurs: La présence des évêques dans leurs diocèses affermira l'ordre dans toutes les parties de Padministration ecclésiastique; ils y propageront le respect dû à notre sainte religion et aux lois de P'Etat. Nous conserverons intactes les libertés de notre Eglise. J'écouterai les vœux des fidèles; je consulterai leurs besoins et leurs ressources, avant de vous proposer les mesures que peut encore exiger la restauration du culte de nos pères. >> Deux années d'abondance réparent, en partie, les maux de la disette. L'agriculture a fait de rapides progrès; toutes les industries ont pris un noble essor: les beaux-arts continuent à orner et à illustrer la France. J'ai réuni autour de moi leurs nombreuses productions; le même avantage a été accorde aux arts utiles. L'admiration publique les a également encouragés. » La libération de notre sol et des temps plu favorables ont permis de travailler à l'amélioration de nos finances. J'ai ordonné qu'on mit sous vos yeux l'état des charges publiques, ainsi que celui des ntoyens d'y subvenir, et j'ai la satisfaction de vous annoncer que la prévoyance législative n'aura pas été trompée par des besoins urgens et accidentels. Aucun crédit nouveau ne sera demandé pour l'année courante. » Déjà, de premiers soulagemens ont été accordés aux contribuables. Le dégrèvement des impôts les plus onéreux ne sera retardé qu'autant que l'exigera l'aequittement des dettes extraordinaires contractées par P'Etat. >> Partout les lois ont trouvé une facile exécution, et nolle part, la tranquillité publique n'a été essentiellement troublée. Dans ces circonstances, et pour mieux écarter le souvenir des maux passés, j'ai cru ponyoir, sans danger, multiplier les actes de clémence et de réconci liation. Je n'y mets d'autres limites que celles qui sont posées par le sentiment national et la dignité de la France. Toutefois, au milieu de ces élémens de prospérité publique, je p'ai point dû me dissimuler que de justes motifs de crainte se mêlent à nos espérances, et réclament, dès aujourd'hui, notre plus sérieuse attention. >>Une inquiétude vague, mais réelle, occupe tous les esprits; chacun demande au présent le gage de sa durée. La nation ne goûte qu'imparfaitement les fruits du régime légal et de la paix; elle craint de se les voir arracher par la violence des factions; elle s'alarme de leur amour pour la domination; elle s'effraie de l'expression trop claire de leurs desseins. Toutes ces craintes, toutes ces espérances indiquent la nécessité d'une garantie nouvelle de repos et de stabilité. Le crédit en attend le signal pour se relever; le commerce pour étendre ses spéculations. M. Grégoire n'a point paru à la messe du Saint-Esprit, ni à la séance royale; mais il a envoyé tous ses papiers, et entr'autres son acte de naissance, d'où il résulte qu'il est fils de Basile Grégoire, manouvrier, et qu'il est né, le 4 décembre 1750, à Vého, village près Blamont, en Lorraine. Ainsi, il n'y a pas de doute qu'il se présentera à la chambre. Sera-t-il admis? C'est ce que nous saurons sous peu de jours. En attendant, on doit convenir qu'il faut s'être bien endurci au blâme pour s'exposer, comme il l'a fait, à voir rappeler tous ses dits et gestes. Depuis deux ou trois mois, chacun ofte de lui de nouveaux traits, tous plus révoltans les nus que les autres. Nous avons dans le temps fourni notre contingent pour son éloge, et nous renvoyons à l'article qui le concerne, dans notre dernier volume, No. 535. Que pourrions nous ajouter aux citations que nous avons données de ses discours et de ses écrits, et entr'autres à ce passage touchant d'une homélie épiscopale, prononcée en chaire dans la cathedrale de Blois, en 1792: Oh! avec quelle joie je porterois ma tête sur le billot, si à côté devoit tomber celle du dernier des tyrans? Quand on pense que ces douces paroles ont été proférérs par un évêque, dans une église et en chaire, on admire comment un tel homme, au lieu de se montrer avec audace, n'est pas allé cacher sa honte dans la retraite la plus obscure. Que si à ce trait révoltant, il vous plaît d'ajouter cette autre phrase, extraite, dit-on, d'un rapport fait à la convention, en l'an II, sur les inscriptions des monumens publics: Il faut que tout ce qui est beau, tout ce qui est grand, entre dans la définition du sans culotisme, on se demande s'il y a assez de sifflets en Europe pour accueillir cette hideuse image et son ignoble auteur nous est parvenu une brochure qui a pour titre : Honneurs funèbres rendus dans la R. loge de la Parfaite Intelligence, à l'Orient de Liège, le 28e jour du 226. mois de l'an de la V. L.5818, à la mémoire du très-vénérable frère Saim Martin, ancien Vénérable de la loge; Liége, 5818, in-8°. de 31 pages. Cet écrit est curieux; mais auparavant il faut raconter ce qui y a donné occasion. Louis-Pierre-Martin de Saint-Martin, né à Paris, le to janvier 1753, mourut à Liége, le 13 janvier 1819. Il avoit été reçu conseiller-clere au Châtelet de Paris, en 1781, et publia des Réflexions en réponse à celles de l'abbé d'Espagnac, touchant Suger, et les Etablissemens de Saint-Louis, avec des notes; 1786, in-8°. M. de Saint-Martin étoit prêtre, et des personnes à Paris se rappellent avoir assisté a sa messe; il prêcha une anuée le Panégyrique de saint Louis devant l'Académie. II |