VOCABULAIRE DES LATINISMES DE LA LANGUE FRANÇAISE OU DES LOCUTIONS FRANÇAISES EMPRUNTÉES LITTÉRALEMENT DE LA LANGUE LATINE. DES LATINISMES DE LA LANGUE FRANÇAISE OU DES LOCUTIONS FRANÇAISES EMPRUNTÉES LITTÉRALEMENT DE LA LANGUE LATINE; PAR J. PLANCHE, PROFESSEUR DE RHETORIQUE AU COLLÈGE ROYAL DE BOURBON, AUTEUR DU DICTIONNAIRE GREC- FIGURES DE RHÉTORIQUE, DU MANUEL DU VERSIFICATEUR LATIN, DE L'ÉDITION GRECQUE ET NOUVELLE ÉDITION. B PARIS. LIBRAIRIE LE NORMANT, RUE DE SEINE, 8. Tirage de 1838. PREFACE. J'AVAIS AVAIS depuis long-temps conçu l'idée de cet ouvrage, quand je tombai sur un Traité d'Henri-Etienne intitulé : De Latinitate falso suspectá. Il est le premier qui ait attaqué cette injuste prévention, cette fausse délicatesse qui nous fait proscrire les expressions et les tournures latines qui ont une ressemblance trop frappante avec celles de notre langue. Il démontra que la plupart de ces locutions, prises de Térence, de Cicéron et d'autres auteurs également recommandables, sont de la plus pure latinité, et que nous n'avons pu les dépouiller de ce caractère, en les habillant à la française. Un savant d'Allemagne, nommé Worstius, entreprit de guérir sa nation du même préjugé. Les exemples qu'il cite dans son ouvrage ne sont pas les mêmes que ceux d'Henri-Etienne, attendu que les mots allemands ne ressemblent pas aux mots français. Il s'ensuit de là que les ressemblances qui choquent l'oreille de nos voisins, n'étant pas les mêmes que celles dont la nôtre est choquée, les phrases latines, mauvaises aux yeux d'un Allemand, sont bonnes aux yeux d'un Français; et ainsi, ce qui n'est pas élégant à Vienne l'est à Paris, et ce qui est élégant à Paris ne l'est pas à Vienne. Mais ne sent-on pas combien est dangereuse cette discordance d'opinions? Ne songe-t-on pas aux graves conséquences qui peuvent en résulter pour la langue latine? ne voit-on pas que l'on prépare sa ruine entière? Car si les Français et les Allemands, si les Italiens, les Anglais et les Espagnols s'accordent à proscrire les expressions et les tournures latines semblables à celles de leur langue, que restera-t-il, je le demande à tous les savans, que restera-t-il de la langue latine (1)? que deviendra ce bel et antique édifice, si chacun abat de son côté la face qui lui correspond et (1) Cette réflexion m'a été fournie par M. de Féletz, l'un des conservateurs de la bibliothèque Mazarine, le même qui a tant contribué au rapide succès du Journal |