Imej halaman
PDF
EPUB

conclure, c'est que Cormier penchait pour le parti du duc d'Aiguillon. Sa qualité, du reste, de procureur du Roi l'engageait à suivre cette voie.

Est-ce à cette occasion qu'il entreprit des voyages répétés à Paris? Peut-être. En tous cas, à partir de 1776, Yves Cormier n'exerça plus sa charge que par intermittence. Son père était mort. Il habitait avec sa mère le second étage de la maison de la rue de Montfort1. Lassé de sa vie de garçon, le jeune magistrat, qui entrait alors dans sa trente-sixième année, prit la décision de se marier. Il avait rencontré à Paris une demoiselle de Nantes appartenant à une famille de riches propriétaires de SaintDomingue. Elle se nommait Suzanne-Rosalie de Butler, était un peu plus jeune que lui et occupait un appartement rue Vieille-duTemple, dans l'hôtel de la Tour du Pin.

Le 10 juillet 1776, par devant notaires du Châtelet, M. Cormier et Mlle de Butler signaient leur contrat de mariage2. Par une disposition peu commune, les futurs époux « dérogeant à cet égard à la coutume de Paris », déclaraient renoncer à la communauté de biens, chacun conservant en propre ce qu'il apportait.

4 Rôle de la capitation de 1777. Une partie de cette maison (rezde-chaussée et premier étage) était occupée par la caisse du Trésor des Etats de Bretagne et par le directeur de ladite Trésorerie, allié à la famille Cormier.

* Archives de Mo Motel, notaire à Paris.

Pour le conjoint, ces biens consistaient en sa charge de procureur au présidial de Rennes, puis en différentes terres et immeubles que lui avait laissés son père, à Rennes et aux environs, enfin dans « son mobilier, linge, hardes, etc., qui garnissaient son logis. » La garde-robe du magistrat était singulièrement complète, si l'on en juge par l'énumération que nous donnons ci-dessous1. Entre « les

Habits d'hi

Mémoire des effets appartenant à M. Cormier. ver, de printemps et d'automne. Un habit, veste et culotte, de velours ciselé à bandes. Un habit, veste et culotte, de satin mordoré, boutons de diamant. Un habit, veste et culotte, de velours ciselé, à grand ramage. Un habit, veste et culotte, de velours ciselé, à petits bouquets. Deux culottes de satin noir. Un habit de drap puce brodé, à galons de couleur, la veste de drap d'or rayé, brodé idem. Un frac de drap gris, doublé de satin cramoisi, veste de drap d'or cannelé. Un frac et une veste de drap vert, galonné en or. Un habit, veste et culotte, de piqué gris. Deux vestes de piqué, l'une verte, l'autre chamois. Une redingote à grand poil. Un habit de tricot, doublé de peluche et la veste de satin gris piqué. Un habit, veste et culotte, de velours de printemps jaune. Un habit, veste et culotte, de velours retz noir. Un habit de drap noisette, rayé bleu, doublé de bleu, veste fond argent, cannelée. Un habit de gourgouran, brodé, doublé d'une fourrure de martre, veste de satin brodée en gay, culotte de gourgouran à jarretière, brodée. Un gilet de soie, rayé bleu et blanc. Deux plices (pelisses) mordorées, dont une à gance or, fourrée de blanc. Une redingote et veste de drap de Silésie, brodée d'or, boutons d'acier. Habits d'été. Un habit de taffetas noir à olive et une veste brodée, idem. Un habit de musulmane, veste et culotte brodée noir. Un habit de lustrine bleu, veste et culotte, boutons argent. Un frac et :

((

habits d'hiver, de printemps, d'automne et
d'été », les culottes
de velours ciselé à
grands ramages, à petits bouquets, l'habit de
drap puce, le frac de drap gris », l'habit de
gourgouran brodé, de taffetas noir à olive,
le frac « mulsumane verte », il n'y avait que
l'embarras du choix. Ajoutez à cela des bi-
joux et deux voitures « dites désobligeantes »,
sans compter le détail des chapeaux, jabots,
manchettes de dentelles.

Mlle de Butler ne le lui cédait en rien. Son père, le comte Jean-Baptiste de Butler, décédé, lui avait laissé en indivis avec son frère Patrice, une riche propriété dans l'île de SaintDomingue, l'une des colonies les plus florissantes d'alors. C'était la ferme et l'habitation

culotte musulmane grise, doublé de rose verte de mousseline. brodée en or. Un frac de cannelé gris et bleu, brodé d'argent et lilas et deux culottes. Un frac musulmane verte, sa culotte, veste gourgouran, lilas, brodée et veste de mousseline brodée d'or, doublée lilas. Un frac mordoré, doublé de vert et sa culotte... Un frac de camelot gris brodé, paillons bronzés, veste blanche, brodée noir. Un habit lilas éternelle, veste de basin blanc, brodé et liséré en or. Un gilet de soie lilas et blanc. Un habit, veste et culotte, gourgouran cramoisi, brodé en blanc, avec des glands. Un frac gourgouran puce. Une redingote de camelot rayé, gris et blanc. Deux vestes et deux culottes de circaça rayé, vieilles. Deux vestes et deux culottes de circaça blanc et rayé blanc. Une veste blanche de piqué. Une veste et culotte de circaça, jaune et blanc. Un pantalon de coton gris à côte. Un pantalon de soie grise. Un pantalon de toile de coton blanc. Une robe de chambre de damas et sa veste. Une robe de chambre de taffetas et sa veste. Trois chapeaux. - Archives de Me Motel, notaire à Paris.

men

du Bois-de-Lance, paroisse Sainte-Anne de Limonade, « avec les nègres, négresses, « négrillons, négrittes, meubles, meublans, « ustensiles, agrès, chevaux, bestiaux et « autres effets généralement quelconques, << étant sur ladite habitation. » Cette tion rappelle avec quelle vigueur l'esclavage régnait alors dans la colonie. D'un second mariage qu'avait contracté le comte de Butler, était né un fils, Jean-Pantaléon, qui se trouvait ainsi le demi-frère de la future Mme Cormier et qui avait aussi des droits sur les propriétés en question1. Suzanne de Butler apportait en outre à son époux des biens situés en France, provenant de la succession de son père, et un mobilier très complet, qu'enrichissaient des objets « fabriqués de bois des îles, acajou, bois de rose » et autres.

[ocr errors]

Jean-Baptiste Butler avait épousé en premières noces, à la Rochelle, en 1741, Suzanne Bonfils, dont il eut un fils, JacquesPierre-Charles Patrice, né à la Rochelle en 1743, mort en 1793, marié en 1769 à Germaine-Marie-Félicité de Butler, et une fille Marie-Anne-Suzanne-Rosalie Butler, devenue Mmo Cormier. Il épousa en secondes noces, à Saint-Domingue, Julie de Trousset d'Héricourt, dont il eut un fils, Jean Pantaléon, né à SaintDomingue en 1753, capitaine de dragons dans les milices des colonies de 1768 à 1772, mousquetaire en la seconde compagnie, le 24 mai 1772, sous-lieutenant dans ce régiment le 14 janvier 1777, capitaine le 28 février 1778, capitaine en second le 5 décembre 1784, capitaine commandant le 1er mai 1788, chef d'escadron le 12 juin 1790. Archives du ministère de la Guerre.

Le mariage se célébra quelques jours après. Établi à Paris, il devenait difficile au procureur du roi de conserver sa charge à Rennes. Il ne la résigna pourtant que le 23 janvier 17791. Deux ans auparavant, un premier enfant était né, un garçon, qui fut baptisé à l'église de la Madeleine à Paris, avec les prénoms d'AchilleMarie. Les parents occupaient-ils déjà le vaste immeuble acquis par Mme Cormier, l'année suivante, rue Basse-du-Rempart, no 15? Il est probable. C'était une maison de belle apparence avec cour et plusieurs entrées.

Le 10 mars 1779, nouvelle naissance d'un fils, qui reçut le nom de Patrice, comme son

En faveur de Me Nicolas Borie, 44o registre d'enregistrement, fol. 77. Archives du parlement de Bretagne.

* « L'an 1777, le 31 mai, fut nommé Achille-Marie, né du 30, fils de Yves-Jean-François-Marie Cormier et de Marie-Anne-SuzanneRosalie Butler, son épouse. Témoins: Gatien Sonnet et Jeanne Guillet, épouse de Nicolas Adam. >> Extrait d'un acte de naissance de la ci-devant paroisse de la Madeleine de l'année 1777. Archives nationales, F2 5621.

* « L'an 1779, le onze mars, par nous soussigné, prêtre de cette « paroisse, a été baptisé Patrice-François-Yves, fils de Monsieur «Maitre Yves... Cormier, écuyer, conseiller du Roy, son procureur <<< au siège présidial de Rennes en Bretagne et de Marie-Rosalie de « Butler, son épouse, de droit à Rennes en Bretagne et de fait rue << Basse-du-Rempart Saint-Honoré, en cette paroisse. Le parrain « a été messire Jacques-Pierre-Charles-Patrice, comte de Butler, <<< oncle maternel de l'enfant, résidant actuellement au château de <<Noe; la marraine a été dame Francoise-Marie-Michelle Cormier, « épouse de Louis-François Lemoenne de Laulnay, écuyer, cheva<< lier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, ancien lieutenant des vaisseaux du Roy, tante paternelle dudit enfant, tous

« SebelumnyaTeruskan »