Antoinette et aux siens. Comment Mme Atkyns s'y prit pour réaliser son dessein, à quels collaborateurs elle eut recours, quelles furent ses espérances et ses déceptions, quels obstacles se dressèrent devant elle, la réussite ou l'insuccès de ses tentatives répétées, voilà ce que nous avons cherché à évoquer. Dans le labyrinthe de ses combinaisons, nécessairement mêlées aux entreprises des émigrés et des agents de la contre-révolution, au-dessus de l'enchevêtrement de ces divers partis gagnés en France et au dehors, brille un point lumineux, enjeu suprême de tous les projets : la tour du Temple. Autour de la vieille bâtisse s'agitent et se démènent ceux qui ont résolu d'en arracher à tout prix les prisonniers. Son nom devenu célèbre inspire au monde royaliste un peu de l'effroi que produisait jadis celui de la Bastille légendaire. Que se passa-t-il exactement de 1792 à 1795 à l'intérieur du donjon? La question, si souvent posée déjà par les contemporains, est toujours là, passionnante, sans avoir reçu sa solution. Quelque usé que parût le sujet de la captivité du Dauphin au Temple, nous ne nous sommes pas crus autorisés à l'éviter de parti pris. En eussions-nous eu le désir en commençant cette étude la volumineuse bibliographie de la question est bien faite pour décourager l'historien la découverte de textes inédits, mis au jour pour la première fois, nous plaçait dans l'absolue nécessité de nous occuper à notre tour du séjour de Louis XVII au Temple. Ceci nous amène à mentionner les sources auxquelles nous avons puisé pour le présent travail. Ce qu'on savait jusqu'ici de Mme Atkyns se réduisait à fort peu de chose. M. de la Sicotière, dans son étude sur Louis de Frotté, rencontrant le nom de l'étrangère, ne lui avait consacré qu'une brève note, forcément incomplète1. Quatre ans plus tard, M. V. Delaporte, à l'occasion du centenaire de la mort de Marie-Antoinette, publiait dans les Études une correspondance où reparaissait à maintes reprises le nom de l'amie de la Reine. Cet article attira notre attention. Guidé obligeamment par son auteur, nous tentâmes de retrouver les papiers qu'avait laissés Mme Atkyns à son décès. Des recherches méthodiques, dans le détail desquelles il ne convient pas d'entrer ici, nous permirent, par un hasard inespéré, de mettre la main sur l'ensemble des lettres reçues par Mme Atkyns au cours de son existence. Cette correspondance, classée et paraphée par le notaire chargé de régler la succes Les indications fournies par O. Alger. Englishmen in the french Revolution, Londres, 1889, pp. 125 et 126 reproduisant et résumant des témoignages connus. ceux de la comtesse Mac Namara, n'offrent pas d'intérêt. sion de la défunte, reposait dans les archives de l'étude notariale, où son détenteur actuel a bien voulu nous autoriser à la consulter. Les lettres qui la composent sont toutes en originaux. Quelques-unes, recopiées par une main inconnue, étaient vraisemblablement destinées à servir de pièces à l'appui aux revendications de l'Anglaise. Beaucoup, malheureusement, ont disparu, confiées par la trop crédule lady aux ministres de la Maison du roi ou à Louis XVIII lui-même. Mais, pour apprécier la valeur de ces documents, il fallait en connaître les auteurs. A part le général Louis de Frotté, objet d'une biographie détaillée, les autres personnages mêlés aux aventures de Mme Atkyns apparaissaient pour la première fois sur la scène de l'histoire. Les Archives nationales, les Archives du ministère de la Guerre et du ministère des Affaires Étrangères nous ont permis de reconstituer avec autant d'exactitude que possible ces figures oubliées. Nous avons utilisé dans le même but les Archives municipales de Dunkerque pour tout ce qui concernait la fuite du chevalier de Couterne et de ses compagnons hors du Royaume, les Archives de Lille, et à l'étranger, les Archives du Grand-Duché de Bade réunies à Carlsruhe. Cette sèche énumération suffit à montrer dans quel esprit ce travail a été conçu et poursuivi. Dans une question comme celle-ci, obscurcie, envahie par l'affluence des témoignages suspects, de seconde et troisième main, des racontars, une tentative de ce genre ne pouvait être réalisée qu'en recourant à des textes irréfutables. Les lettres, contemporaines des événements, nous ont paru répondre mieux que tout autre document aux conditions que nous nous étions imposées. Elles nous ont servi à compléter, dans une large mesure, les renseignements fournis par les Archives de l'État. Beaucoup sont extraites d'archives privées qui nous ont été ouvertes avec une grande libéralité. Grâce à ces collaborateurs de bonne volonté, il nous a été possible de mener à bien l'œuvre entreprise dans un sentiment de filiale affection. Nous n'aurions garde en effet d'oublier ici celle qui dirigea nos recherches, qui les encouragea, qui s'y associa. C'est à elle que nous exprimons en premier lieu notre vive reconnaissance, ainsi qu'à l'historien dont le nom est inscrit en tête de ces pages et dont le concours précieux, assidu, ne nous a jamais fait défaut. Notre gratitude va aussi à tous ceux qui nous ont prodigué leurs conseils, qui nous ont aidé avec tant d'obligeance: M. le duc de La Trémoïlle, membre de l'Institut, M. le marquis de Frotté, M. le comte Lair, M. le général de Butler, notre regretté confrère M. Parfouru, archiviste T du département d'Ille-et-Vilaine, nos confrères MM. Coyecque, Lucien Lazard, archivisteadjoint de la Seine, Schmidt, archiviste aux Archives nationales, Desplanque, conservateur de la bibliothèque de Lille, M. Georges Tassez, aux Archives de cette ville, M. Edmond Biré, M. le Dr Obser, le savant éditeur de la Politische Baden, M. Léonce Pingaud, M. Barthélémy Pocquet, notre confrère et ami F.-L. Bruel, M. Freeman O'Donoghne, conservateur au département des Estampes du British Museum. Correspondenz Karl Friedrichs von Paris, le 22 mars 1905. |