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plusieurs peuples répandus depuis les montagnes de I'Illyrie jusque sur les côtes de la mer Baltique paraissent tout-à-coup sous le nom de Slaves (1). Ce n'était peut-être que la désignation générique d'une grande association.... Les uns, établis au midi, fon dèrent, au milieu du v. siècle, la ville de Kiow; c'étaient des Slaves polonais (2): les autres avaient

(1) Le mot slave signifie gloire dans cette langue, dont les dialectes sont encore en usage en Russie, en Pologne, en Bohème. Les historiens ne sont pourtant d'accord ni sur l'étymologie du nom, ni sur les raisons qui le firent adopter par des peuples évidemment différens.

(2) M. de Rulhières regarde Kiovie ou Kiew, ou plutôt Kiow, comme la première capitale de l'empire Russe. Il dit que ce fut une colonie fondée par la populace grecque, qui y porta sa dépravation, sa perfidie, sa superstition, ses bains de vapeurs (a). Ces hypothèses sont plus ingénieuses que solides: il les rapporte sur la foi de Cromer, évêque de Warmie, lequel écrivait au XVI. siècle. Mais la tradition qui attribue la fondation de Kiow à des Slaves polonais, est plus authentique. La Chronique manuscrite de Théodore, abbé de Kiow, dans le XII, siècle, lui donne pour fondateur un prince polonais nommé Kiew. Que ce soit un prince ou un batelier, comme disent d'autres chroniques suivies par Lévesque, cette opinion est plus vraisemblable que celle de Leclerc, qui regarde les Russes comme une colonie de Huns établie sur les bords du Borysthène (b). Enfin, qu'on place les anciens Roxolans ou Ruthéniens du côté de Kiow ou vers Novogorod, il n'en reste pas moins prouvé que ces deux pays ont été séparés jusque vers la fin du IX. siècle; il faut consentir à choisir entre ces deux villes pour en faire le berceau de la monarchie russe. :

(a) Histoire de l'anarchie et du démembrement de la Pologne, par Rulhières, tom, I,

Pag. 72.

(b) Histoire de la Russie ancienne, par Leclerc, tom. 1, pag. 82.

opinions des critiques modernes, nous suivions pas à pas l'ordre des événemens, ou de la succession des princes russes. Des historiens français ont rempli cette tâche laborieuse ( 1 ) : on peut les consulter. Pour nous, il nous suffit de considérer l'élévation de la puissance rússe, les causes et les effets de ses succès ou de ses revers, son caractère moral ou politique, son influence dans les affaires générales de l'Europe, le résultat de ses efforts pour sa propre civilisation; et dans le cadre étroit que nous nous sommes prescrit, la sécheresse des détails chronologiques détruirait tout l'intérêt du tableau.

C'est une partie curieuse à considérer dans l'histoire de la Russie ancienne, que les incursions des Russes dans l'empire Grec. Les chroniques de Byzance rapportent la première à l'année 851. Si elle est vraie (2), elle ne peut être attribuée qu'aux Slaves de Kiow, puisque Novogorod était alors livrée aux désordres de l'anarchie. La seconde expédition, plus - certaine, est de l'année 864... Olegh, après avoir conquis Kiow, descendit, avec deux mille bateaux et quatre-vingt mille combattans, vers Constantinople. La faiblesse de l'empereur Léon lui fit acheter à prix d'or la paix et le départ des Russes; c'était les inviter

(1) Lévesque, Leclerc, Lacombe, &c. &c.

(2) Leclerc doute qu'elle ait eu lieu. Voyez les raisons qu'il en donne, Histoire de la Russie ancienne, tom. I, pag. 101 et 102.

à revenir: ils franchissaient sans hésiter les cataractes du Borysthène, que les plus hardis mariniers n'osent maintenant affronter.

A ces incursions répétées, on voit que la lâcheté des peuples méridionaux et la douceur du climat faisaient dès - Iors entrevoir aux Russes l'espoir de s'établir sur les ruines de l'empire de Byzance. Ainsi leurs prétentions datent de loin: mais leurs invasions étaient moins des expéditions régulières que des courses de pirates. Ils étaient mal armés, dénués de tous les moyens qui pouvaient rendre leur domination stable; ils laissaient en arrière une race de peuples ennemis ( 1 ) : aussi, toujours obligés. de

(1) Tels étaient les Khosars, les Petschenegues, les Polovtses, Polouses ou Polovitsi, qu'il est bon d'annoncer, puisqu'on les voit si souvent figurer dans l'histoire russe. Ces trois nations, et quelques autres moins connues, étaient de cette race turque ou tartare devenue plus célèbre par les invasions postérieures : elles parurent vers le VIII. siècle, se disputèrent et occupèrent successivement cette vaste étendue de pays comprise entre le Caucase, le Volga et le Dnieper. Les Khosars, chassés les premiers, se confondirent avec les Russes; c'est, suivant quelques écrivains, la première souche des Cosaques. Les Petschenegues disparurent peu de temps après. Les Polovtses ou Polovitsi, vainqueurs des uns et des autres, s'étendirent depuis le Caucase jusqu'au-delà du Borysthène : ils descendaient des anciens Comanes; et Guillaume de Rubruquis, envoyé du pape Innocent IV en Tartarie, vers 1246, les a encore trouvés en possession de ce vaste territoire. Voici ce qu'il en dit dans son Itinéraire:

Ibamus autem per terram Comanorum, quæ tota est plana, et flumina quatuor habet magna: primum appellatur Nieper [Borysthenes]; secundum

revenir sur leurs pas, ils abandonnaient bientôt lé théâtre où leur cupidité les avait attirés.

Les récits que font nos anciennes chroniques des dévastations commises par les Normands dans nos provinces, sont affreux ; mais ils n'approchent pas des tableaux que les Grecs nous ont laissés de la férocité des Russes. Ce peuple prend, dès le moment qu'il paraît sur la scène du monde, un caractère particulier. L'expédition qu'Igor fit en 913, était de quatre cent mille hommes (1). Il ne rencontrait aucun obstacle; toutes les troupes grecques étaient alors dispersées. Il semble que le défaut de résistance excite la fureur des Russes; ils n'épargnent aucun des malheureux qui tombent entre leurs mains: les uns sont mis en croix; d'autres sont empalés, mutilés, enterrés vivans, percés à coups de flèche; les prêtres ont la tête clouée contre des poteaux, les enfans sont arrachés des entrailles de leurs mères; enfin les flammes et de longues traces de sang marquent le passage des soldats d'Igor dans le pays même où sa rage n'a pas trouvé d'ennemi (2). On croit, en lisant ces vieilles chroniques,

appellatur Tanaïs [Don]; tertium dicitur Volga (Rha]; quartum nominatur Jaëc [Rhymnus.].

(Itinerarium Guill. de Rubruquis, anno 1253.)

D'ailleurs on nous permettra de nous borner à cette indication. Les historiens les plus diffus ont peine à suivre les traces et la fortune de ces barbares vagabonds.

(1) Leclerc, Histoire de la Russie ancienne, tom. I, pag. 109.

(2) Lévesque, d'après les Annales de Zonare, les Chroniques de Cedrenus et de Néstor.

entendre le récit de quelque expédition 'de Caraïbes, et malheureusement l'histoire moderne de Russie en reproduira souvent d'autres exemples.

De ces communications si funestes aux Grecs, résulta pour la Russie l'établissement de la religion chrétienne; mais on verra qu'elle n'en recueillit pas les mêmes fruits que les autres nations.

Plusieurs écrivains ont déjà remarqué que la plupart des états de l'Europe doivent ce bienfait à des femines. La reine Olga voulut aller se faire baptiser à 955. Constantinople...; l'église russe l'a mise au nombre de ses saints. Elle est nommée dans les chroniques le soleil, parce que, la premièré, elle éclaira son pays des lumières de l'évangile; cependant son exemple fut perdu pour son peuple et même pour son fils. Swiatosław, soldat féroce, vivant à la manière des Kalmoucks, ne respira que la guerre. Après bien des exploits heureux, il fut vaincu par les Petschenegues, et leur chef fit de son crâne une coupe dont il se servait pour boire dans les festins.

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Il était réservé à Wladimir I. d'achever l'ouvrage de son aïeule: son règne est une époque fameuse dans 980. les fastes de la Russie. Il fit détruire une armée de Varaigues qui l'avaient bien servi; il vainquit les grands Bulgares, du côté de Kasan; il porta la terreur jusqu'au fond de la Chersonèse, et du champ de sa victoire, il envoya demander à Constantinople le baptême et la sœur de l'empereur en mariage. II obtint l'un et l'autre :

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