effort que faisait le peuple romain pour ga rantir ses foyers, un acte d'hostilité (1). Tout dans ces terribles conjonctures tournait au malheur des Romains. Les corsaires barbaresques, dignes alliés des révolutionnaires français, infestaient les côtes de l'état de l'Église; la famine vint ajouter ses fléaux à l'imminence des dangers de la guerre. Les mesures de sûreté que pendant cinq années la politique avait prescrites à Pie VI, avaient épuisé son trésor. Le peuple était sans pain, l'artisan sans travail. A la voix du pontife, le patriotisme de la noblesse et du clergé créa de nouvelles ressources. Les princes et les cardinaux s'empressèrent d'apporter à la monnaie une partie de ce qu'ils possédaient en or et en argent travaillé. Pie VI et sa famille donmaliit in Jin't in suish Bruno grasenov limpannių s 11. (1) On s'indigné en lisant dans les écrits révolutionnaires comment on faisoit alors un crime au saint vieillard des extrémités où il était réduit, mais la postérité a bien vengé la mémoire de Pie VI des lâches calomnies de ses pérsécuteurs. (Voyez lá Gazette nátionale, les Mémoires historiques et philosophiques sur Pie VI, les Campagnes des Français 'en Italie, par Desjardins, qui ne sont autre chose qu'un extrait de la Gazette nationale. 2 med al sub of nèrent l'exemple des sacrifices. N'oublions pas, disait un cardinal (1), fidèle organe des intentions du pontife, que nous sommes tous des citoyens, et que nous devons prendre notre part des sacrifices que la justice divine voudra nous imposer. Enfin on a violé le territoire sacré de saint Pierre (2). Que d'autres racontent par quelle (1) Le cardinal Vincenti, archevêque de Bologne. (2) Après les victoires de Montenotte, de Millesimo, de Dego et de Mondovi, qui rangèrent sous les armes de Buonaparte la plus grande partie de l'Italie septentrionale jusqu'aux bords du Pô, il annonça le dessein d'envahir le reste de la péninsule. « Soldats, dit-il à » son armée dans une proclamation du 6 mai 1796, il » ne faut pas vous le dissimuler, vous n'avez rien fait, >> puisqu'il vous reste encore à faire. Ni Turin, ni Milan » ne sont à vous; les cendres des vainqueurs des Tar>> quins sont encore foulées par les assassins de Bass» ville. » Dans une lettre adressée au directoire, treize jours après, à la suite du passage du Pô, il n'exprimait pas des sentimens plus modérés: si à propos de Pavie il rappeloit François I", c'était pour ajouter que les républicains français n'étaient pas si ineptes que ce monarque; s'il annonçait l'arrivée à Paris des tableaux cédés par le duc de Parme, il observait avec un ton succession de victoires les armées révolutionnaires forcèrent toutes les barrières, qui jus d'impiété tout-à-fait en vogue à cette époque : « Je A D qu'alors avaient soustrait à leurs atteintes cette terre jadis si paisible. A l'approche des Français, Mesdames de France ont fui: elles vont chercher à travers les mers un exil où elles puissent être à l'abri des armes de leurs persécuteurs. Qui me dira par quelle insigne faveur du Dieu des armées les fléaux de la guerre, après avoir ravagé les légations, s'arrêtèrent sur la frontière de l'antique patrimoine des apôtres; pourquoi le saint pontife ne vit pas encore toute sa terre ravagée par d'implacables ennemis, toutes ses villes dévorées par le feu (1). Dieu, qui tient dans sa main le cœur des rois, ne dédaigna pas, dans les profonds desseins de sa providence, de toucher l'âme d'un jeune guerrier, que l'absence de tout pouvoir légitime en France devait bientôt faire l'égal des Césars. Destiné par le ciel à renouveler les sanglans prodiges des Alaric et des Attila, Buonaparte devait, comme ces farouches conquérans, éprouver parfois je ne sais quelle terreur religieuse à l'aspect du (1) Isaïc, ch 1o, ✯ 7. 207 représentant de Jésus-Christ. Peut-être aussi l'ambitieux rêvait-il dès-lors le rétablissement de la monarchie italienne, et voulait-il se concilier l'opinion des peuples, en affectant de la vénération pour l'autorité sainte que la pieuse Italie a toujours plus respectée que l'autorité impériale elle-même. La haine du Directoire fut done trompée cette fois par la clémence politique de celui qu'elle avait chargé de ses vengeances. Buonaparte consentit à négocier avec le pontife. Pie VI, toujours aveuglé par son imperturbable confiance dans le ministre espagnol Azara, lui commit en cette conjoncture les intérêts de sa couronne (1). Tandis que cet équivoque ami du Saint-Siége entame à Milan avec le vainqueur de la Lombardie des préliminaires dont la facilité perfide d'Azara doit abréger les longueurs, les troupes de Buonaparte, au lieu de modérer leur course, s'emparent déloyalement du fort d'Urbin et (1) Le chevalier d'Azara avait avec lui le sénateur Rezzonico et le marquis Massimi, plénipotentiaires de Sa Sainteté. |