Leuih. Barbour. Bequest 1-3-80 ITINÉRAIRE DE PARIS A JÉRUSALEM ET DE JÉRUSALEM A PARIS, EN ALLANT PAR LA GRÈCE, ET REVENANT PAR L'ÉGYPTE, CINQUIÈME PARTIE. SUITE DU VOYAGE DE JÉRUSALEM. LE 10, de grand matin, je sortis de Jérusalem par la porte d'Ephraïm, toujours accompagné du fidèle Ali, dans le dessein d'examiner les champs de bataille immortalisés par le Tasse. Arrivé au nord de la ville, entre la grotte de Jérémie et les Sépulcres des Rois, j'ouvris la Jérusalem délivrée, et je fus sur-le-champ frappé de la vérité de l'exposition du Tasse : Gerusalem sovra due colli è posta, etc. Je me servirai d'une traduction qui dispense de l'original : <«< Solime est assise sur deux collines oppo»sées et de hauteur inégale; un vallon les sépare et partage la ville: elle a de trois >> côtés un accès difficile. Le quatrième s'élève » d'une manière douce et presque insensible; » c'est le côté du nord : des fossés profonds >> et de hautes murailles l'environnent et la » défendent. » Au dedans sont des citernes et des sources » d'eau vive: les dehors n'offrent qu'une terre » aride et nue: aucune fontaine, aucun ruis>> seau ne l'arrosent jamais on n'y vit éclore » des fleurs; jamais arbre, de son superbe ombrage, n'y forma un asile contre les » rayons du soleil. Seulement, à plus de six » milles de distance, s'élève un bois dont >> l'ombre funeste répand l'horreur et la >> tristesse. >> « Du côté que le soleil éclaire de ses pre » miers rayons, le Jourdain roule ses ondes >> illustres et fortunées. A l'occident, la mer » Méditerranée mugit sur le sable qui l'ar» rête et la captive. Au nord est Béthel qui » éleva des autels au veau d'or, et l'infidèle >> Samarie. Bethléem, le berceau d'un Dieu, » est du côté qu'attristent les pluies et les » orages. » Rien de plus net, de plus clair, de plus précis, que cette description; elle eût été faite sur les lieux qu'elle ne seroit pas plus exacte. La forêt, placée à six milles du camp, du côté de l'Arabie, n'est point une invention du poëte: Guillaume de Tyr parle du bois où le Tasse fait naître tant de merveilles. Godefroy y trouva des poutres et des solives pour la construction de ses machines de guerre. On verra combien le Tasse avoit étudié les originaux, quand je traduirai les historiens des Croisades. E'l capitano Poi ch'intorno ha mirato, a i suoi discende. Cependant Godefroy, après avoir tout » reconnu, tout examiné, va rejoindre les » siens il sait qu'en vain il attaqueroit So>> lime par les côtés escarpés et d'un difficile » abord. Il fait dresser les tentes vis-à-vis » la porte septentrionale et dans la plaine qu'elle regarde : de là il les prolonge jus» qu'au-dessous de la tour angulaire. >> » Dans cet espace, il renferme presque le » tiers de la ville. Jamais il n'auroit pu en >> embrasser toute l'enceinte mais il ferme » tout accès aux secours et fait occuper tous » les passages. » On est absolument sur les lieux. Le camp s'étend depuis la porte de Damas, jusqu'à la tour angulaire, à la naissance du torrent de Cédron et de la vallée de Josaphat. Le terrain entre la ville et le camp est tel que le Tasse l'a représenté, assez uni et propre à devenir un champ de bataille au pied des murs de Solime. Aladin est assis avec Herminie sur une tour bâtie entre deux portes, d'où ils découvrent les combats de la plaine et le camp des Chrétiens. Cette tour existe avec plusieurs autres, entre la porte de Damas et la porte d'Ephraïm. Au second livre on reconnoît, dans l'épisode d'Olinde et de Sophronie, deux descriptions de lieu très-exactes: Nel tempio de' Cristiani occulto giace, etc. |