DE LA GUERRE DE L'INDÉPENDANCE 12387 DES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE, PAR M CHARLES BOTΤΑ, CHEVALIER DE L'ORDRE IMPERIAL DE LA RÉUNION, MEMBRE DU CORPS LÉGISLATIF, TRADUITE DE L'ITALIEN, ET PRÉCÉDÉE D'UNE INTRODUCTION, PAR M L. DE SEVELINGES. OUVRAGE ORNÉ DE PLANS ET CARTES GÉOGRAPHIQUES. TOME TROISIÈME. PARIS, J. G. DENTU, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, Rue du Pont de Lodi, no 3, près le Pont-Neuf. 1813. Checked May 1913 DE LA GUERRE D'AMÉRIQUE. LIVRE HUITIÈME. DEPUIS long-temps, comme nous l'avons 1777. rapporté, les ministres anglais avaient formé le projet de s'ouvrir un chemin, depuis le Canada jusqu'à New-York, par le moyen d'une armée, qui, descendant des lacs sur les bords de l'Hudson, se joindrait dans les environs d'Albany, avec celle que commandait le général Howe. Les provinces de l'est se seraient vues alors séparées de celles de l'ouest, et l'on croyait que, de ce moment, la victoire ne pouvait plus être incertaine. En effet, les premières, dont les habitans étaient les plus exaspérés, accablées par une force prépondérante, n'auraient pu courir au secours des secondes. Celles-ci, quoique trèséloignées de l'Hudson, auraient dû également se soumettre à la fortune du vainqueur: effrayées de la réduction des autres provinces, remplies de loyalistes, qui auraient levé la tête, peut-être encore étaient-elles ja Projets du ministère britannique pour la campagne de cette année. 777 louses du pouvoir usurpé par la NouvelleAngleterre (1), et irritées de ce que, par son obstination, elle avait été la cause principale des calamités actuelles. Cette expédition offrait, d'ailleurs, peu de difficultés, puisqu'à l'exception d'un court trajet, elle pouvait se faire entièrement par eau. Les Français euxmêmes l'avaient tentée dans le cours de la dernière guerre. On avait espéré qu'elle aurait eu lieu dès l'année précédente; mais elle avait échoué par plusieurs motifs, tels que les obstacles rencontrés sur les lacs, la rigueur de la saison, et, surtout, parce que, tandis que le général Carleton s'avançait sur Tyconderago, et conséquemment vers l'Hudson, le général Howe, au lieu de remonter ce fleuve pour le joindre, s'était porté à l'ouest, dans le New-Jersey. Mais présentement, ce projet avait repris une nouvelle faveur; et ce qui, dans les années précédentes, n'avait été qu'une partie éventuelle du plan de campagne, en était devenu l'objet capital. Toute la nation britannique était dans la plus vive attente: on ne s'y entretenait que (1) La dénomination spéciale de Nouvelle-Angleterre désigne, comme on l'a déjà observé dans le 1er volume, les quatre provinces de New-Hampshire, Massachusset, Connecticut et Rhode-Island. ( de cette expédition du Canada; on ne dou- 1777. tait point qu'elle n'amenât la prompte soumission de l'Amérique. La jonction des deux armées paraissait suffisante pour atteindre sans effort ce but désiré : les Américains, disait-on, ne peuvent s'y opposer, sans accepter le combat, et l'issue ne saurait en être incertaine. Les ministres n'avaient négligé aucune des mesures qu'ils croyaient nécessaires au suceès d'une entreprise de cette importance; ils avaient fourni avec profusion tous les objets demandés par les généraux mêmes. Le général Burgoyne, officier très-expérimenté, avide de gloire, et doué d'une connaissance particulière des lieux, s'était rendu en Angleterre pendant l'hiver précédent; il y avait soumis aux ministres le plan de cette expédition, et s'était concerté avec eux sur les moyens de l'exécuter. Ceuxci, pleins de confiance dans ses lumières et son audace, trouvèrent encore un motif d'espoir dans le vif désir d'illustrer son nom, dont ils le voyaient tourmenté : ils lui donnèrent, en conséquence, la conduite de toutes les opérations. Ils montrèrent, dans ce choix, peu d'égards pour le rang et les services du général Carleton; ce qu'il avait déjà fait dans le Canada, semblait un droit à |