de celles des nationalités dont l'asservissement est une des causes principales de l'agitation qui vient d'être signalée. Ces diverses considérations nous ont amené à de longues et sérieuses recherches sur les peuples de la partie orientale de l'Europe comprise entre les Ourals, les Alpes et la Baltique, peuples encore peu connus ou mal appréciés. Le résultat de nos investigations se trouve consigné dans l'ouvrage que nous présentons au public. Un tableau général placé en tête du livre donne la classification des peuples d'origine slave, magyare et roumaine. Il ressort du tableau : Que ces peuples comptent à eux seuls près de cent millions d'individus, ou plus des deux cinquièmes de la population totale de l'Europe; Que sur ce nombre un sixième seulement est d'origine étrangère, et que les cinq autres sixièmes appartiennent aux trois grandes races qui nous occupent ; Que ces races se subdivisent en six branches ou nationalités, dont chacune comprend plusieurs tribus, et dont quatre notamment sortent de la race slave. Enfin, que cinq desdites branches ou nationalités, formant plus de la moitié du nombre total de ces peuples, subissent la domination de l'étranger, ou sont soumises à des branches de même origine, mais composées d'éléments différents. Une série d'observations et de comparaisons montre ensuite le passé des pays habités par ces peuples dans leurs diverses périodes, depuis l'introduction du christianisme jusqu'à nos jours, et leur état actuel. Constitution physique, industrie, productions, - population, idiomes, croyances religieuses, conditions sociales, - ressources financières et forces militaires; ces différents sujets, soigneusement examinés, se trouvent présentés, aux yeux du lecteur, en chiffres extraits de documents authentiques ou puisés à d'autres sources dignes de foi. Ces chiffres sont le résultat de recherches consciencieuses et d'appréciations mûrement réfléchies: aussi, bien qu'ils ne s'accordent pas toujours avec certains autres calculs, doit-on les considérer comme se rapprochant le plus de la vérité. A la suite du texte, trois tableaux synoptiques, résumant les détails, en font mieux saisir l'ensemble, et une carte ethnographique présente la situation de chacun des pays dont il est question dans l'ouvrage. Enfin, de nombreuses notes et pièces justificatives viennent, pour ainsi dire, corroborer les faits et les considérations qui précèdent. De cet examen général il résulte, en substance, ce qui suit: 1o Les pays habités par les peuples dont il s'agit relèvent aujourd'hui, directement ou indirectement, des trois empires germanique, russe et ottoman. Les deux premiers de ces empires ne sont qu'une agglomération de plusieurs races différentes, tandis que le troisième renferme le reste de pays autrefois conquis sur diverses races ou nationalités chrétiennes. 2o La plupart de ces pays ont plus d'étendue, sont placés dans de meilleures conditions physiques, renferment une population relativement plus nombreuse, ou ont plus de forces productives que les empires dont ils font partie. Ils contribuent donc essentiellement aux avantages matériels dont jouissent ces derniers, au détriment non-seulement de leurs habitants primitifs, mais encore des États de l'Europe occidentale qui), par suite, ne sont plus en relations directes avec eux. 3o Les différences de nationalités, d'idiomes, de croyances religieuses, produisent des résultats encore plus fâcheux. Autrefois ces peuples étaient pour la plupart indépendants, parlaient chacun une même langue et professaient la religion chrétienne selon les trois rites, latin, grec et arménien. Aujourd'hui ils subissent une domination plus ou moins étrangère, des langues différentes et de nouveaux cultes, dont l'un, le gréco-russe, doublement schismatique et essentiellement politique, tend de jour en jour à absorber les autres confessions. 4o Parmi ces populations, formées en grande majorité de paysans, on compte plus d'un tiers de serfs attachés à la glèbe et de colons militaires, tandis que le nombre des manufacturiers, et surtout des propriétaires fonciers, est relativement fort insignifiant. 50 Bien que plusieurs de ces pays aient en eux des ressources financières et autres suffisantes, et au delà, pour assurer leur indépendance, ils paraissent aujourd'hui plus ou moins épuisés par le détournement de ces ressources au profit de trois empires, comparativement plus pauvres ou plus obérés. 6o Enfin, les populations de la Pologne et de la Hongrie, qui comptent pour plus d'un tiers parmi les habitants des trois races, s'en distinguent principalement par l'ancienneté de leur indépendance nationale et par leur homogénéité mieux conservée. Dans un état de choses aussi anormal, ce qui doit frapper avant tout, c'est, d'une part, le préjudice qui en résulte pour les intérêts actuels de l'Europe occidentale, et, d'une autre part, les dangers que les nations libres pourraient courir si cet état devait se prolonger sans contre-poids. Ces dangers seraient d'autant plus imminents que les États russo-allemands sont organisés militairement ou régis par des institutions féodales. Étroitement liés entre eux, ils continuent ainsi le système prétendu conservateur, qui, en définitive, n'aboutit qu'à la conquête. Espérons que la France et l'Angleterre, qui marchent à la tête de la civilisation moderne, ne perdront jamais de vue les conséquences possibles d'une situation qui a tant de gravité. En résumé, l'auteur, tenant compte des détails historiques et statistiques sur les peuples d'origine slave, magyare et roumaine, s'est attaché surtout à faire connaître les éléments essentiels de leur vie sociale et nationale, à signaler les principaux obstacles qui en arrêtent le développement. A cause de leur plus d'étendue et de population, la Russie et la Pologne occupent dans le livre une place plus large qu'aucun des autres pays. Il est |