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N° 32

BARRAGE DE L'ILE DAVIS SUR L'OHIO

(AMÉRIQUE).

CONSTRUCTION DU BATARDEAU DE LA PASSE NAVIGABLE.

Note rédigée d'après les renseignements fournis

par M. MAHAN, Capitaine du génie (armée des États-Unis).

Le batardeau qu'il s'agissait de construire pour fonder le barrage de l'île Davis, sur l'Ohio, entourait une enceinte de 186,58 de long sur 71,40 de large. L'encoffrement se composait d'une double file de pieux et palplanches; la matière ou le corroi qui devait le remplir consistait en un mélange de terre glaise et de sable.

L'île Davis est presque entièrement constituée par cette sorte de terre. Dans le principe, le remplissage du batardeau s'opérait de la manière suivante. Le corroi était chargé sur l'île, dans des wagons basculants, d'une capacité de ome,75 qui le transportaient et le vidaient dans des bateaux pouvant recevoir 12 à 15 mètres cubes. Ces bateaux traversaient la rivière et, après un parcours de 375 mètres. venaient se ranger contre le batardeau. Le corroi déchargé était régalé à la pelle, en même temps qu'on l'arrosait sans cesse avec de l'eau amenée par des tuyaux élastiques.

Cette manière de procéder était longue et assez dispendieuse. C'est pour accélérer le travail que M. Meredith, conducteur du chantier, eut l'idée de conduire directement au

batardeau, à l'aide d'une pompe, le corroi préalablement mis dans un état de fluidité suffisante.

Les machines nécessaires pour réaliser cette conception étaient une chaudière, une machine à vapeur pour produire la force motrice, une pompe à piston, une pompe centrifuge et un système de tuyaux pour mener les matières de la pompe centrifuge au batardeau. La figure 5, Pl. 7, donne une idée de l'installation générale; elle montre la situation de la pompe a, relativement au batardeau. La figure 6 est en plan la disposition des pompes.

La pompe rotative, du type ordinaire (fig. 2, 3), était installée sur l'île Davis, à 275 mètres environ du batardeau. A côté et en contre-bas on avait disposé une cuve b (fig. 6), de 2,44 de diamètre et de 1", 23 de profondeur dans laquelle on mélangeait le corroi et l'eau. Les bords supérieurs étaient à un niveau tel que les eaux de la rivière pouvaient y être amenées à l'aide d'un conduit dont la pente était de 8 millimètres par mètre.

Près de la pompe centrifuge était placée une pompe à piston c (fig. 6) comme le montre le dessin. On se servait de cette pompe :

1° Pour alimenter la chaudière;

2° Pour nettoyer le tuyau de transport e;

3° Pour lubrifier l'arbre de la pompe centrifuge;

4° Pour amorcer cette même pompe;

5o Pour remuer les terres dans la cuve b et les empêcher de s'y déposer.

Le premier service se faisait par le tuyau o, le second parn, le troisième par m, le quatrième par le petit tuyau s embranché sur n, le cinquième enfin par les tuyaux élastiques f, f.

La terre nécessaire était prise dans un wagon de 33 mètres autour de la cuve; on désagrégeait le sol avec des charrues, puis on transportait les produits à côté de la cuve au moyen de scrapers. (Les Annales des Travaux Publics

du 10 août 1880 contiennent une description détaillée de ces scrapers). Des ouvriers jetaient au fur et à mesure la terre dans la cuve à l'aide de pelles. Elle s'y mélangeait et se délayait avec l'eau amenée par la conduite dont nous avons parlé; la masse entière était maintenue sans cesse en agitation au moyen de l'eau lancée par les tuyaux f, f. Cette sorte de bouillie liquide, aspirée par le tuyau dfig. 2, 3 et 6), était refoulée par la pompe centrifuge dans le tuyau e qui la conduisait au batardeau; la distance de transport augmentait en raison des progrès du travail.

Le tuyau de transport e reposait sur le fond de la rivière et remontait de là jusqu'à une hauteur d'environ oTM,30 audessus du batardeau, en suivant une pente douce; on évitait partout avec soin les angles ou coudes trop aigus.

Sur ce tuyau on avait disposé un manomètre (fig. 6. destiné à signaler les obstructions tant dans le tuyau que dans la pompe. Ces obstructions se produisent assez souvent ; elles étaient presque toujours causées par un manque d'eau dans le mélange, qui n'était plus alors assez fluide. Quand le manomètre révélait un accident de ce genre, le mécanicien ralentissait la vitesse de la pompe centrifuge et ouvrait le robinett (fig. 6) disposé près de l'assemblage en Y (fig. 4). Immédiatement la pompe à piston envoyait à travers le tuyau de transport e un courant d'eau à haute pression qui faisait disparaître l'obstruction. Un clapet disposé en (fig. 6) empêchait tout refoulement dans la pompe centrifuge.

L'extrémité du tuyau d'alimentation d portait une crépine munie d'un écran en fil de fer à mailles de 6m2,25 destiné à empêcher l'introduction dans le tuyau de pierres, racines ou toutes autres matières qui auraient pu gêner ou arrêter le fonctionnement de la pompe. Au-dessus, un clapet j (fig. 3) servait à maintenir la pompe en charge.

Une des grandes difficultés qu'on ait rencontrées dans ce travail provenait de l'usure rapide de toutes les parties

de la pompe centrifuge soumises au contact du corroi liquide. Dans le principe, la coquille de la pompe, épaisse de oTM,0095, a été entièrement usée en une dizaine de jours. On a dù la remplacer par une autre coquille de oTM,0254 qui a duré jusqu'à la fin du travail. La boîte à étoupe s'usait aussi très-rapidement, parce que les grains terreux s'introduisaient entre l'arbre de la pompe et ses paliers; on a pu remédier à cet inconvénient par l'artifice suivant. On a fait creuser dans les paliers une rigole hélicoïdale (fig. 1) de sens opposé à la direction de la rotation de l'arbre. Un tuyau m y amenait de l'eau envoyée par la pompe à piston et à une pression plus grande que celle que contenait la pompe centrifuge. On s'opposait ainsi à l'introduction de la terre dans le joint; on avait un lubrifiant excellent qui dispensait du graissage ordinaire et qui prévenait tout échauffement de l'arbre.

Arrivé à l'extrémité du tuyau de transport e, le corroi était déversé dans l'intérieur du batardeau, où il coulait sur une certaine étendue; après avoir perdu une partie de son eau, il formait une masse dure parfaitement étanche. Son état de fluidité au moment de son arrivée dans le batardeau lui permettait de pénétrer partout et dispensait de l'arrosage et du pilonnage.

On a pu par ce moyen amener 4 500 mètres cubes de corroi solide, dans l'espace de vingt-trois jours; ce qui correspond à 196 mètres cubes par journée de dix heures, ou à 19,6 par heure. Le prix de l'installation se décompose comme il suit : Pompe.

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Réparations qui n'ont pu se faire sur le chan

tier..

Tuyaux à eau et à vapeur.

Combustible.

.

Location et installation des machines.

Et alimentation de la pompe, approche des

terres, réparations sur le chantier.

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7251,00

1 911,25 1 820,45 191,75

5 089,00

13 145,00

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Ce qui donne 5',08 pour le prix du mètre cube.

Si l'on compare ces chiffres avec le prix du corroi du batardeau du bajoyer du large de l'écluse, corroi qu'on apportait du même point au moyen de bateaux, comme nous l'avons indiqué en commençant, on trouve les résultats suivants (la section transversale des batardeaux était la même dans les deux cas):

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Le nouveau système a donc procuré une économie de 38,5 p. 100 sur l'ancien.

Il convient d'ajouter que dans la construction du bajoyer de la passe les ouvriers étaient payés plus cher que dans le premier cas. Ainsi les prix respectifs étaient les suivants :

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L'économie est donc encore plus grande réellement que celle que nous venons de faire ressortir précédemment. Le tableau suivant donne les dimensions principales des machines employées :

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