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consternés par tant de crimes: voilà quelles Ire année furent les intentions et les moyens de ces terribles conjurés, qui, ayant régné pendant plus d'une année sur des monceaux de cadavres, étonneront à la fois la postérité par la férocité de leurs caractères, la patience de leurs victimes, la démence de leur politique, l'éclat de leurs triomphes, et par la terreur que, long-temps après leur chute, les débris de leur parti inspirèrent aux hommes qui faisaient trembler toute l'Europe.

Il ne faut cependant pas croire que tous les députés qui se rallièrent à cette Montagne redoutable, eussent pénétré les projets et partagé les crimes de ceux qui siégeaient à sa cime : la plupart des hommes qui grossissaient ce parti y étaient enchaînés par la crainte qu'excitaient, dans tous les esprits, l'invasion des étrangers, et l'effroi du sort dont l'imprudent fanatisme des royalistes menaçait alors les républicains. Quand la peur s'empare des âmes, le parti le plus violent est celui qui rassure toujours le plus la faiblesse; il fallait, dans ces temps affreux, beaucoup de courage pour rester attaché au parti modéré, qui se trouvait à la fois exposé aux proscriptions des révolutionnaires, et aux vengeances des ennemis de la révolution.

La très grande majorité de la Convention

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haïssait la Montagne et ses principes; elle ne s'y soumit qu'au moment où la violence d'une multitude effrénée l'y contraignit la terreur la condamna depuis à un long silence et à une obéissance forcée mais, dès que la division se mit entre les tyrans, elle saisit avec transport l'occasion de secouer leur joug, de briser ses chaînes, d'expier une partie des crimes commis, et d'immoler ou de bannir les insolens démagogues qui l'avaient si long-temps humiliée, opprimée, souillée et décimée.

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Lorsque l'hypocrisie jette ses voiles, et que le crime audacieux règne sans pudeur, la violence tient lieu de tout autre mérite, et le voir appartient nécessairement au plus méchant. Aussi Robespierre, Danton, Marat, Collot-d'Herbois, Billaud, Couthon, se trouvèrent de droit les dominateurs de la France. Ils s'associèrent des hommes plus doux, dont les talens étaient nécessaires à leur administration, et qui consentirent à les servir, les uns par crainte, les autres par ambition, et d'autres par politique.

Leur première opération fut d'envoyer partout des commissaires pour calmer le mécontentement que devait inspirer la chute du parti girondin, et pour amener les esprits à l'obéissance par la calomnie, la corruption et la ter

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reur. Ils voulurent en même temps tromper le peuple qu'ils enchaînaient; ils rédigèrent à la hâte une constitution célèbre sous le nom de constitution de 1793. Il n'en exista jamais de plus absurde et de plus favorable à l'anarchie: la législation était confiée à une seule chambre, dans laquelle on était élu sans condition de propriété ; le pouvoir exécutif était divisé entre vingt-quatre ministres, que l'assemblée nommait et révoquait à volonté; la permanence des insurrections partielles était décrétée par l'établissement constitutionnel des jacobins et de tous les clubs affiliés, par le pouvoir accordé aux communes, par la fréquence des assemblées de sections, et par l'obligation de faire accepter toutes les lois par le peuple.

Cette constitution, qui fut si souvent depuis l'étendard des factieux, n'avait été présentée que pour couvrir la tyrannie d'un manteau démocratique ses perfides auteurs, se jouant de leur propre ouvrage, l'enfermèrent dans l'arche (telles étaient leurs expressions), déclarant audacieusement que cette constitution ne pourrait être mise en activité qu'au moment où la patrie se verrait hors de danger, et que jusque-là les Français seraient soumis à un gouvernement révolutionnaire.

Ce gouvernement, le plus absolu et le plus

féroce dont on ait vu d'exemple, fut confié à deux sections de douze députés. L'une se nomma comité de salut public, et l'autre comité de sûreté générale. Ils devaient être renouvelés chaque mois; mais, par un de ces effets incalculables de la peur qui aveugle ceux qu'elle domine, la Convention, se dépouillant de son inviolabilité, donna aux comités le droit redoutable d'emprisonner ses membres, et rendit ainsi la puissance du gouvernement aussi solide qu'elle était étendue. Tout député qui aurait proposé de changer les comités, se serait vu proscrit; dès ce moment la tyrannie fut sans frein et la servitude sans bornes.

Cependant quelques députés de la Gironde, qui avaient fui la proscription, avaient publié leur protestation et soulevé les esprits. Plusieurs départemens se montrèrent disposés à les venger et à résister à l'oppression quelques-uns s'armèrent; Lyon leva l'étendard de la révolte. La France fut à la fois alors ravagée par les étrangers qui s'avançaient en Roussillon, en Flandre et en Alsace, et déchirée par la guerre civile qu'allumaient les royalistes dans la Vendée, et les girondins dans le centre de la république.

L'histoire, dont l'impartialité doit résister à l'horreur même qu'inspire la férocité, est

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obligée, en peignant les gouvernemens les plus odieux, de ne pas plus dissimuler leurs talens répub. que leurs crimes.

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Au milieu de cette crise violente, qui devait livrer la France épuisée aux ressentimens de ses ennemis, et peut-être faire effacer son nom de la liste des nations, le gouvernement révolutionnaire montra une vigueur qui triompha de tous les obstacles, trouva des ressources qu'il était impossible de prévoir, et déploya des forces qui portèrent l'épouvante jusqu'aux extrémités de l'Europe.

Les moyens étaient terribles, mais les effets furent prodigieux. Quatre cent mille combattans disciplinés se préparaient à conquérir la république. Quarante mille royalistes venaient de battre dans l'Ouest les généraux ineptes qu'on leur avait opposés. Le prince de Cobourg s'emparait, en Flandre, de Condé, de Valenciennes, et s'avança depuis jusqu'à Landrecy. Puisaye et Wimpffen, avec une armée de mécontens, étaient à vingt lieues de Paris. Bordeaux armait des bataillons pour venger ses représentans proscrits. Lyon, révolté, rassem– blait dans ses murs une foule de mécontens qui bravaient les décrets de la Convention, et présentaient un foyer redoutable d'insurrection. Le roi de Prusse, après avoir chassé les Français de

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