en s'occupant de discussions abstraites, au moment où le belier brisoit les portes de la ville. Indépendamment des mesures législatives qu'exigent les circonstances de l'intérieur, vous jugerez peut-être utile de vous occuper des lois organiques destinées à faire marcher la constitution. Elles peuvent être l'objet de vos travaux publics sans avoir aucun inconvénient. M. le président et MM. les députés de la chambre des représentans, les sentimens exprimés dans votre adresse me démontrent assez l'attachement de la chambre à ma personne; et tout le patriotisme dont elle est animée. Dans toutes les affaires, ma marche sera toujours droite et ferme. Aidez-moi à sauver la patrie. Premier représentant du peuple, j'ai con ́tracté l'obligation que je renouvelle, d'employer dans des temps plus tranquilles toutes les prérogatives de la couronne, et le peu d'expérience que j'a¡ acquis, à vous seconder dans l'administration de nos institutions. 1 N° LXXI. LISTE DES MEMBRES DU CONSEIL DE RÉGENCE. L'empereur, avant de partir, a confié le gouver nement à un conseil composé de quatorze membres; savoir le prince JOSEPH, le prince LUCIEN, les huit ministres ayant portefeuille, les quatre ministres d'Etat, membres de la chambre des représentans, MM. MERLIN, BOULAY, REGNAULT, DEFERMONT. Le prince JOSEPH en est le président. Tout s'y décide à la majorité des voix: en cas de partage, le président a voix prépondérante. (Journal de l'Empire, d u15 juin.) N° LXXII. PROCLAMATION A L'ARMÉE.. Soldats, Avesnes, 14 juin 1815. C'est aujourd'hui l'anniversaire de Marengo et de Friedland, qui décida deux fois du destin de l'Europe. Alors, comme après Austerlitz, comme après Wagram, nous fûmes trop généreux! Nous crûmes aux protestations et aux sermens des princes que nous laissâ mes sur le trône! Aujourd'hui, cependant, coalisés entr'eux, ils en veulent à l'indépendance et aux droits les plus sacrés de la France. Ils ont commencé la plus injuste des agressions. Marchons donc à leur rencontre. Eux et nous, ne sommes nous plus les mêmes hommes ? Soldats, à Jéna, contre ces mêmes Prussiens aujourd'hui si arrogans, vous étiez un contre trois, et à Montmirail un contre six! Que ceux d'entre vous qui ont été prisonniers des Anglais, vous fassent le récit de leurs pontons, et des maux affreux qu'ils y ont soufferts. Les Saxons, les Belges, les Hanovriens, les soldats de la confédération du Rhin, gémissent d'être obligés de prêter leurs bras à la cause des princes ennemis de la justice et des droits de tous les peuples. Ils savent que cette coalition est insatiable ! Après avoir dévoré douze millions de Polonais, douze millions d'Italiens, un million de Saxons, six millions de Belges, elle devra dévorer les Etats du deuxième ordre de l'Allemagne. Les insensés! un moment de prospérité les aveugle. L'oppression et l'humiliation du peuple français sont hors de leur pouvoir! S'ils entrent en France, ils y trouveront leur tombeau. Soldats! nous avons des marches forcées à faire, des batailles à livrer, des périls à courir; mais avec de la constance, la victoire sera à nous : les droits, l'honneur et le bonheur de la patrie seront reconquis! Pour tout Français qui a du coeur, le moment est arrivé de vaincre ou de périr. N° LXXIII. RAPPORT DE SON EXC. LE MINISTRE DE LA POLICE GÉNÉRALE (FOUCHE), A S. M: L'EMPEREUR, Sur LA SITUATION INTÉRIEURE DE L'EMPIRE; LU Á LA CHAMBRE DES REPRRÉSENTANS LE 17 JUIN. Sire, Chargé par V. M. de lui faire connoître la situation de l'empire, sous les rapports de l'ordre et de la sûreté publique, c'est d'après cette connoissance que les chambres pourront apprécier les mesures que re gouvernement a prises, et délibérer sur celles que la crise actuelle rend nécessaires. Tandis que V. M. marche à la tête des armées françaises pour repousser des forces étrangères, elle a le droit d'attendre de l'énergie et de la fidélité des représentans de la nation, les moyens légaux d'arrêter et de punir les entreprises des ennemis intérieurs. Toutefois, sire, ces ennemis, aujourd'hui comme précédemment, sont peu nombreux : ils ne s'agitent que dans quelques départemens; et dans ceux où ils ont le plus de succès, la masse de la population les rejette, des désavoue, et n'aspire qu'à s'en séparer. Je dois vous dire la vérité tout entière. Nos ennemis ont de l'activité, de l'audace, des instrumens au-dehors, des appuis au-dedans. Ils n'attendent que le moment favorable pour réaliser le plan conçu depuis vingt ans, et depuis vingt ans déjoué, d'unir le camp de Jalès à la Vendée, et d'entraîner une partie de la multitude dans cette conspiration qui s'étend de la Manche à la Méditerranée. Dans ce système, les campagnes de la rive gauche de la Loire, dont la population est plus facile à égarer, sont le perpétuel foyer de l'insurrection qui doit, à l'aide des bandes errantes de la Bretagne, se propager jusqu'en Normandie, où le voisinage des îles et les dispositions de la côte, rendent les communications plus faciles. Elle s'appuie, d'un autre côté sur les Cévennes, pour s'étendre jusqu'aux rives du Rhône, par les révoltes qu'on peut exciter dans quelques parties du Languedoc et de la Provence. Bordeaux est, depuis l'origine, le centre de direction de ces mouvemens. Ce système n'a pas été abandonné. Il y a plus : le parti s'est grossi à chaque phase de notre révolution, de tous les mécontens que les événemens produisoient; de tous les factieux, encouragés dans leurs projets par la certitude de l'amnistie; de tous les ambitieux qui désiroient acquérir quelqu'importance politique dans les changemens qu'on présageoit. De sorte que, si on considère aujourd'hui les élémens hétérogènes dont ce parti se compose; si on observe la diversité d'opinions, de vues et d'intérêts qu'il renferme, on ne peut le qualifier de royaliste qu'en ce sens, qu'il est l'ennemi du gouvernement: car il n'a point de but fixe et déterminé dans ses intentions ultérieures, et, par conséquent, point de caractere uniforme et général. C'est ce parti qui trouble maintenant la tranquillité intérieure ; c'est lui qui agite Marseille, Toulouse et Bordeaux ; Marseille, où l'esprit de sédition anime jusqu'aux dernières classes de la population, où les lois ont été méconnues; Toulouse qui semble encore sous l'influence de l'organisation révolutionnaire qui lui fut donnée il y a quelques mois; Bordeaux où reposent et fomentent avec intensité tous les germes de révolte; Bordeaux, où la patrie trouva jadis de si nombreux défenseurs, où la liberté excita de si généreux sacrifices et de si nobles dévouemens, Bordeaux qui recèle maintenant des apôtres de la guerre civile. C'est ce parti qui, par de fausses alarmes, de fausses espérances, des distributions d'argent, et l'emploi |