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où il fit 3000 conversions. Dans son ardeur infatigable, ce conquérant pacifique, qui était allé plus loin qu'Alexandre, voulait porter l'Evangile en Chine, quand il mourut dans l'île de Sanciam (1552).

:

Xavier fut célèbre sans le vouloir la gloire de ses disciples et de ses imitateurs ne fut pas moins grande pour être restée anonyme. En 1556, la société de Jésus comptait au nombre de ses provinces toutes les colonies espagnoles et portugaises. Les Indiens se convertissaient en foule : les uns étaient touchés des beaux récits ou frappés des grandes vérités de l'Evangile; les autres cédaient à l'empire des pompeuses splendeurs du culte catholique. Pour beaucoup, le spectacle d'une civilisation supérieure et des avantages matériels qu'elle apporte était un motif de conversion; pour tous, l'ascendant instinctif de la vertu et principalement l'héroïque douceur des missionnaires. Ainsi s'élevèrent des milliers de villages, créations de la parole chrétienne, qui ordinairement bâtis sur le bord des principaux fleuves, étaient le lien des villes entre elles, et assuraient leur approvisionnement.

Les missionnaires étaient la milice active de l'Église; ils travaillaient au désert. Dans les anciens villages, dans les bourgs et les villes, furent les instructeurs, les curés; au-dessus, les évêques avec leurs chapitres; au sommet de la hiérarchie, les archevêques de Mexico et de Lima; plus tard, ceux de Caracas, de Santa Fé de Bogota et de Guatemala. Tout ce clergé, en vertu de priviléges concédés par Alexandre VI et Jules II, était entièrement dépendant, non du pape, qui n'avait que la confirmation, mais du roi, qui avait la nomination à tous les bénéfices. De sorte que le lien religieux fortifia le lien politique qui attachait les colonies à la métropole. Pour recruter cette riche et puissante Église de l'Amérique espagnole, une multitude de cloîtres, de séminaires, de colléges furent fondés, et l'enseignement public eut son centre dans les deux grandes universités de Lima et de Mexico.

C'est ainsi que l'Église catholique consolida en Amérique la domination de l'Espagne, en même temps qu'elle

adoucit les maux de la conquête ; qu'elle consola les vaincus en les préparant, par une civilisation meilleure, à leur futur affranchissement. Malheureusement elle ne s'arma point, pour ce grand labeur, du seul esprit de charité. Elle accepta le secours de l'inquisition, que Philippe II établit au Nouveau Monde, avec son cortége d'épouvantes et de tortures, comme un frein contre les passions de toutes sortes qui s'y agitaient. C'est surtout en Amérique que cette terrible institution eut un but essentiellement politique, et servit d'auxiliaire à l'autorité royale. Là, elle put, avec une bien plus grande énergie que de l'autre côté de l'Océan, exercer sur les esprits sa puissance de mort. Depuis trois siècles et demi, qu'est-il sorti du Mexique et du Pérou, dont la civilisation du monde puisse s'honorer?

Conséquences des nouvelles découvertes; création du grand commerce maritime; développement de la richesse mobilière. Ces découvertes eurent trois

grands résultats :

-

1o Elles livrèrent à l'activité européenne l'antique Orient, qui depuis des siècles sommeillait, et un monde nouveau, l'Amérique, qui, repeuplée de colons européens, et placée à égale distance des deux bords opposés de l'ancien continent, deviendra la demeure de puissantes sociétés, qui prendront leur part dans l'œuvre de la civilisation générale.

2o Elles changèrent complétement la marche et la forme du commerce du monde. Au commerce de terre, qui s'était maintenu jusqu'alors comme le plus conforme aux habitudes et aux besoins des peuples, fut substitué le commerce maritime. Les villes de l'intérieur des continents déclinèrent, celles des côtes grandirent. En outre, l'importance commerciale attribuée aux différents pays, en raison de leur situation géographique, se trouva distribuée d'une manière toute nouvelle. Elle passa, en Europe, des pays situés sur la Méditerranée aux pays situés sur l'Atlantique, des Italiens aux Espagnols et aux Portugais; plus tard, de ceux-ci aux Hollandais et aux Anglais.

Plus les relations commerciales des peuples se multiplieront, plus l'empire de la mer sera près de donner l'empire de la terre, et l'on verra une île perdue dans les brumes de l'Occident, devenir, grâce au négoce, une des puissances prépondérantes de l'Europe.

3o Elles développèrent la richesse mobilière, qui est devenue la grande puissance des sociétés modernes. Tandis, en effet, que les Portugais créaient le grand commerce maritime, les Espagnols découvraient les inépuisables mines du Pérou et du Mexique, et jetaient dans la circulation européenne une masse énorme de numéraire, Le moyen âge n'avait connu que la richesse territoriale, et elle était tout entière aux mains des seigneurs; l'industrie, le commerce, facilités par l'abondance des capitaux, protégés par l'ordre que les rois mettront dans l'État, vont créer dans l'Europe moderne la richesse mobilière, qui sera aux mains des bourgeois. La première était immuable et ne sortait point des familles qui la détenaient; la seconde sera accessible à tous, et ne restera dans les mêmes maisons qu'à la condition qu'y restera aussi ce qui l'y a amenée, le travail, la bonne conduite, la probité et l'intelligence. L'insurmontable barrière qui jadis parquait chacun dans sa condition est donc tombée. Cela aussi est un signe des temps nouveaux.

CHAPITRE IX.

SUITÉ DES ÉLÉMENTS NOUVEAUX DE CIVILISATION : RENAISSANCE DES ARTS, DES LETTRES ET DES SCIENCES.

Tableau de l'Italie au moment de l'invasion. - Milan, Gênes, Venise, Florence, Rome, Naples: renaissance des arts et des lettres. Jules II et Léon X.- L'Arioste, Machiavel, Bembo. Brunelleschi, Bramante, Benvenuto Cellini, etc..

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Le Corrége.
Erasme.

Léonard de Vinci. - Raphaël. — Les sciences.

Michel-Ange. Le Giorgione et le Titien.

Copernic.

Au

Tableau de l'Italie au moment de l'invasion. moment de l'invasion des Français, l'Italie était le centre de tout le commerce de la Méditerranée. Il n'y avait alors en Europe aucune contrée qui possédât une agriculture aussi savante, une industrie aussi active. « Les manufactures de soierie, de laine, de lin, de pelleteries, l'exploitation des marbres de Carrare, les fonderies des Maremmes, les fabriques d'alun, de soufre, de bitume étaient encore en pleine activité. Le système de culture par des métayers, si supérieur pour cette époque à ce qui avait lieu dans le reste de l'Europe, assurait à l'Italie une fertilité augmentée en Lombardie par les travaux hydrauliques de Louis le More, en Toscane par les précautions prises contre les inondations et les eaux stagnantes, qui désolent encore aujourd'hui des pays autrefois fertiles. Les villages où se retranchaient les paysans, derrière des remparts, témoignaient d'une aisance qui répondait à la splendeur des grandes villes; et, dans celles-ci, tant d'agréments dans les relations de la vie, tant de politesse et une politesse si exquise, tant d'intelligence enfin de ce qui rend la vie douce et facile que l'Italien, le plus riche, le plus heureux, le plus civilisé des peuples européens, pouvait traiter de barbares les

autres nations toujours prêtes à admirer ses villes splendides ou à s'asseoir à ses savantes écoles1. »

Avec tout cela, l'Italie était la plus faible des nations européennes. Elle avait des artistes, mais point de citoyens. Elle avait des condottières, mais point de soldats. Les Italiens, si habiles à conspirer; ne savaient plus se battre à la journée d'Anghiari, on se battit quatre heures, et il n'y eut de mort qu'un cavalier étouffé dans la presse. Tel était le fruit de la perte de la liberté et de l'affermissement du despotisme: il n'y avait plus de patrie, partant plus de courage.

le

Milan, Gènes, Venise, Florence, Rome, Naples ; Renaissance des arts et des lettres. - Ainsi, par vice de sa constitution politique, et par les misères de sa situation morale, l'Italie était condamnée à subir la conquête étrangère que ses richesses appelaient, que sa faiblesse rendait certaine. Mais, avant de perdre sa liberté, elle eut un de ces moments d'éclat qui rachètent pour un peuple bien des souffrances. Une ardeur extraordinaire pour les lettres et les arts s'était emparée de toute la nation : le siècle de Léon X commençait.

C'est sous le nom de Renaissance qu'on désigne cette brillante période : le nom indique à lui seul quel en fut le caractère général. On s'éloigna des sources de l'inspiration chrétienne et chevaleresque du moyen âge pour se plonger dans l'antiquité païenne et rationaliste. On rechercha les manuscrits, et, grâce à l'imprimerie, on donna aux œuvres des écrivains de la Grèce et de Rome une vaste publicité. Dès la fin du xive siècle, ce mouvement se prononça; au xve il éclata dans toute sa force et entraîna les princes qui à leur tour le secondèrent et l'accrurent. Dans toutes les villes furent créées ou restaurées des académies, des universités, des bibliothèques à Rome, par le pape Eugène IV qui rétablit l'université romaine, et par Nicolas V qui envoyait de tous côtés les

4. Zeller, Histoire de l'Italie, dans la collection de l'Histoire universelle.

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