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beaux jours de Marignan. Tous les gentilshommes voulurent partir pour l'armée, et la cour se trouva déserte. Ils apportaient leur courage; ils apportaient aussi de l'argent que le duc d'Enghien leur emprunta afin de payer ses soldats. La gendarmerie fit de fort belles charges; mais la bataille était perdue sans les gens de pied des vieilles bandes françaises et suisses. Les impériaux enfoncés laissèrent sur le champ de bataille 12 000 morts, leurs canons et leurs bagages; les Français ne perdirent pas 200 hommes (1544).

Charles-Quint en Champagne et Henri VIII en Picardie (1544). Mais la France avait à combattre la moitié de l'Europe au lieu d'envahir le Milanais, il fallut, après la glorieuse journée de Cérisoles, détacher de l'armée du Piémont 12 000 hommes d'élite pour défendre la Picardie et la Champagne; Henri VIII venait de débarquer à Calais et assiégeait Boulogne. CharlesQuint était entré en Champagne et avait pris SaintDizier. Les impériaux arrivèrent à Château-Thierry, et l'alarme se répandit dans la capitale. Les Parisiens commençaient à émigrer avec leurs meubles sur Orléans. Dieu, s'écriait François Ier, tu me fais payer cher cette couronne que je croyais avoir reçue de ta main comme un don. Mais le camp ennemi était désolé par la disette et les maladies; les Anglais s'obstinaient devant Boulogne au lieu de joindre leurs alliés. Charles-Quint, pressé d'arrêter les progrès des luthériens en Allemagne, consentit à traiter.

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Traités avec l'empereur (1544) et avec le roi d'Angleterre (1546). La paix fut signée à Crespy. L'empereur et le roi se restituèrent mutuellement tout ce qu'ils avaient conquis l'un sur l'autre, François continuant d'occuper la Savoie et le Piémont; Charles promettait en outre l'investiture du Milanais à un fils puîné du roi; mais ce jeune prince mourut. Henri VIII, bien que resté seul, refusait de traiter. Il se décida enfin, en juin 1546, à poser les armes et à rendre Boulogne, moyennant 2 millions payables en huit années.

Mort de Henri VIII et de François Ier (1547). François Ier survécut peu à ce dernier traité, il mourut le 31 mars 1547. Un acte odieux, le massacre des Vaudois, avait souillé ses dernières années.

François Ier fut, en bien comme en mal, un prince remarquable. Il eut de brillants défauts, pour lesquels la France a eu de tout temps trop de faiblesse. Sa galanterie allait jusqu'à la débauche, sa magnificence jusqu'à la profusion, son courage jusqu'à la témérité. Il fut violent, capricieux, livré à d'indignes favoris, au besoin même injuste, perfide et toujours absolu dans sa volonté. Mais il montra quelquefois de la vraie grandeur et de la magnanimité, comme le jour où il pardonna aux Rochelois révoltés, « ne voulant pas, disait-il, avoir, ainsi que l'empereur, du sang de ses sujets sur les mains. » Il aima les choses de l'esprit, il eut le goût des choses de l'art, et, malgré son despotisme, il n'est pas déplacé dans ce grand siècle d'où date la civilisation moderne.

Henri VIII l'avait précédé de quelques semaines dans la tombe. Son divorce avec sa première femme, tante de Charles-Quint (1532), qui amena une rupture avec Rome, avait failli en amener une avec l'empereur. L'Angleterre avait bientôt pris parti pour la réforme, et son roi s'était rapproché de la France. Mais la jalousie avait bientôt repris le dessus, et Henri VIII avait fini comme il avait commencé par une invasion en France. Ainsi l'Angleterre s'était mêlée à toutes les conventions et à toutes les guerres de cette période, jetant tour à tour le poids de ses forces du côté qui semblait le plus faible, mais suivant plus volontiers ses vieilles rancunes contre la France que la saine politique qui lui conseillait de prévenir l'agrandissement redoutable pour elle-même de la maison d'Autriche. Dans quelques années la fille protestante de Henri VIII aura à défendre, à sauver l'Angleterre contre le fils de Charles-Quint.

CHAPITRE XIII.

SUITE DE LA RIVALITÉ DES MAISONS DE FRANCE ET D'AUTRICHE

(1547-1559).

Henri II (1547-1559). Succès de Charles-Quint en Allemagne; bataille de Mühlberg (1547).-Oppression de l'Allemagne.-Nouveaux progrès de la maison d'Autriche en Italie. Intérim d'Augsbourg (1548). Conquête des Trois Evêchés (1552). Passau (1552). Siége de Metz (1552-1553). (1554); perte de Sienne (1555). tion de Charles-Quint (1556). italienne.

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Transaction de Combat de Renty

Trêve de Vaucelles et abdicaDernière lutte de l'indépendance

Expédition du duc de Guise en Italie (1557). - Ba

taille de Saint-Quentin (1557). Traité de Cateau-Cambrésis (1559).

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Reprise de Calais (1558).
Conséquences du traité de
Progrès du pouvoir

1559.
royal et de l'administration en France.

Résultats des guerres d'Italie.

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France Fontainebleau, Chambord, le Louvre, etc. Lescot, Delorme, Goujon, Pilon, Cousin.

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Le Collège de France, les im-
Cujas, Pithou, Dumoulin. Ramus.
Rabelais, Marot.

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Henri Il (1547-1559).-Le successeur de François Ier, Henri II, poussait à l'excès les défauts de son père et n'avait pas ses qualités. Il laissa tout pouvoir à Diane de Poitiers, qu'il créa duchesse de Valentinois, au connétable de Montmorency, à son favori Saint-André, qu'il fit maréchal, enfin à la famille de Guise, branche cadette de la maison de Lorraine, pauvre de biens, mais riche de talents et pleine d'ambition. Il y eut une immense curée de places, d'honneurs et de pensions. En quelques semaines le roi dissipa 400 000 écus qu'il avait trouvés dans les coffres de son père. Il n'y avait, dit un contemporain, que les portes de Montmorency et de Guise pour entrer en crédit. Tout était à leurs neveux ou alliés : maréchaussées, gouvernements de provinces, compagnies de gens d'armes, rien ne leur

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échappait... Il ne leur échappait non plus qu'aux hirondelles les mouches, État, dignité, évêché, abbaye, office, ou quelque autre bon morceau qui ne fût incontinent englouti, et avaient, pour cet effet en toutes parties du royaume, gens apostés et serviteurs gagés pour leur donner avis de tout ce qui mourait parmi les titulaires des charges et bénéfices. >>

Henri II eut d'abord d'assez grands embarras causés au dedans par une formidable révolte que l'impôt du sel provoqua en Guyenne et en Saintonge, et qui fut réprimée par Montmorency, avec une dureté impitoyable (1548); au dehors par la nécessité de sauver l'Écosse et Marie Stuart, menacées par l'ambition du régent anglais Somerset. Henri envoya des secours à la reine d'Écosse, et, plus tard, demanda la jeune reine pour son fils; Marie fut fiancée au dauphin François.

Succès de Charles-Quint en Allemagne ; bataille de Mühlberg (1547). Cependant Charles-Quint profitait de la mort de François Ier et des embarras de son successeur pour accabler les protestants, avant que la main de la France pût s'étendre sur eux et les couvrir. Depuis le traité signé à Cadan en Bohême (voy. p. 171), entre les luthériens et les catholiques (1534), le soulèvement des anabaptistes de Munster (1535), la troisième et la quatrième guerre de Charles-Quint contre François Ier, avaient empêché la lutte d'éclater en Allemagne. Mais le traité de Crespy, en 1544, ayant laissé Charles-Quint libre de tout souci du côté de la France, et une trêve de cinq ans, convenue avec Soliman en 1545, lui ôtant toute inquiétude du côté des Turcs, il crut le moment venu d'arrêter les progrès des luthériens. Le Brandebourg, la Misnie, la Thuringe et le Palatinat étaient passés depuis peu de temps du côté de la réforme. En 1543, l'archevêque de Cologne abjura à son tour, et prétendit, malgré son abjuration, conserver son électorat et son archevêché. Mais Rome, sous Paul III, avait repris une énergie qui maintenant stimulait celle de l'empereur. Le concile de Trente s'était ouvert (13 déc. 1545), et, dès ses premières ses

sions, avait irrévocablement rompu avec les protestants. Condamnés canoniquement, ils virent le pape accorder à l'empereur un secours de 13 000 hommes pour les réduire, un subside considérable et la moitié des revenus de l'Église d'Espagne pour une année. Luther mourut en 1546, avant que les hostilités commençassent. La ligue de Smalkalde avait de grandes forces; mais elle manquait d'un chef parce qu'elle en avait trop. La trahison de Maurice de Saxe, qui passa à l'empereur, rompit la ligue. L'électeur de Saxe et le landgrave de Hesse restèrent seuls en armes. Ils comptaient sur François Ier. La mort de ce prince décida l'empereur à attaquer l'électeur à Mühlberg, sur l'Elbe; il le battit et le fit prisonnier (24 avril 1547). Le landgrave ne pouvait résister seul, il fit sa soumission.

Oppression de l'Allemagne. -Charles-Quint usa avec perfidie et dureté de sa victoire. L'électeur, dépouillé de son électorat, que l'empereur donna à Maurice, dut garder prison perpétuelle. Le landgrave fut arrêté contre la foi promise, et ces deux illustres captifs furent insolemment traînés à la suite du vainqueur dans les villes allemandes, pour qu'on vît bien leur humiliation et celles des libertés germaniques. Celles-ci, en effet, semblaient perdues. Les villes se remplissaient de soldats étrangers, et de lourds impôts étaient levés sur les peuples.

Italie.

Nouveaux progrès de la maison d'Autriche en L'empereur n'était pas moins heureux en Italie contre les guelfes qu'en Allemagne contre les protestants. A Gènes, la conspiration de Fiesque contre les Doria, amis de l'Espagne, échoua par la mort imprévue de ce chef audacieux (2 janv. 1547). Sienne reçut garnison espagnole; dans la Lombardie, enfin, Pierre-Louis Farnèse, fils du pape Paul III, fut assassiné. Son successeur, Octave, ne conserva que la ville de Parme. Les impériaux occupèrent Plaisance, et Philippe d'Espagne vint surveiller les mouvements de la cour pontificale.

Intérim d'Augsbourg (1548). —Enivré de son triomphe, Charles-Quint crut pouvoir trancher à lui seul la question religieuse qui divisait le monde : il promulgua

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