Dans la seconde (1629-1640), il gouverne sans le parlement; Dans la troisième (1640-1648), il est obligé de le subir; il le combat et est vaincu. Charles essaye de gouverner avec le parlement (1625-1629). — On vient de voir qu'à l'avénement de Charles Ier, le gouvernement et le pays ne s'entendaient plus le roi en restant aux théories absolutistes de son père, et la nation voulant en revenir à ses vieilles libertés. L'inévitable lutte éclata dès les premiers jours. L'habitude était de voter les droits de douane pour toute la durée du règne; la chambre basse ne les vota que pour un an. C'était déclarer qu'elle se défiait, non pas du roi sans doute, mais de son gouvernement. Charles, irrité, prononça la dissolution de l'assemblée. Le parlement de 1626 alla plus loin. A une demande de subsides, il répondit par une exposition de griefs, et il mit en accusation Buckingham. Le roi, pour sauver son favori, fut encore obligé de renvoyer le parlement, comptant sur les emprunts forcés pour tenir lieu des impôts que la nation refusait. Assassinat de Buckingham (1628); Laud et Strafford. Dans l'espoir d'acquérir quelque popularité, Buckingham décida Charles Ier, déjà aux prises avec l'Espagne, à entrer en guerre avec la France, et mena une flotte au secours des protestants de la Rochelle. Mais l'expédition échoua à l'attaque de l'île de Ré par l'impéritie du général (1627), comme avait échoué, en 1625, une tentative sur Cadix. Pour conjurer l'explosion du mécontentement public, Charles convoqua un troisième parlement. Mais l'échec de Buckingham avait enhardi les Communes. Elles arrivaient avec la résolution de renverser le favori· et de réformer les abus. Elles adressèrent deux remontrances au roi, l'une contre la perception illégale des droits de douane, l'autre contre Buckingham, que l'on qualifiait d'entrepreneur de la misère publique. Charles perdit patience et prorogea le parlement; le fanatisme réformé trouva alors son Ravaillac. John Felton assassina Buckingham (1628), et l'année suivante le parlement formula la pétition des droits de la nation. Charles accepta la lutte. Il prit pour ministres deux hommes résolus, l'archevêque Laud et sir Thomas Wentworth, plus tard comte de Strafford, un des chefs de l'opposition dans le parlement et l'auteur du bill des droits, mais qui, dévoré d'ambition, ne recula pas, par amour du pouvoir, devant une apostasie. Appuyé sur ces deux conseillers, Charles prononça une troisième fois la dissolution des chambres, et se décida à gouverner sans parlement (1629). Charles Ier gouverne sans parlement (1629-1640). Abaissement extérieur de l'Angleterre. Se passer des chambres, c'était se condamner à l'économie et à l'inaction. Le roi se hâta de conclure la paix avec la France et l'Espagne, et se tint à l'écart de la grande lutte engagée sur le continent entre les deux principes religieux qui se disputaient l'empire du monde. L'Angleterre, qu'Elisabeth avait mise à la tête du protestantisme, resta sous Charles Ier étrangère à la guerre de Trente ans. Intrigues à la cour.-Méprisé au dehors, le roi n'en fut pas beaucoup plus fort au dedans. Il avait cru trouver lé repos au sein du pouvoir absolu; mais, dans son propre palais, deux partis se disputaient déjà le despotisme naissant la reine, autour de laquelle s'agitaient bien des intrigues; les ministres, qui ne voulaient ni du papisme, ni des dilapidations de Henriette. Le malheureux prince avait fort à faire pour concilier ces rivalités domestiques. Violences contre les dissidents. Ce gouvernement si faible n'en était pas moins tyrannique. Laud poursuivait les dissidents avec une incroyable barbarie. Ainsi lė docteur Leighton était, pour une brochure, condamné au pilòri, au fouet, à la mutilation des oreilles: après quoi, le bourreau lui fendit le nez, lui marqua la figure d'un fer rouge. Mêmes peines contre l'avocat Prynne, contre Bastwick, contre le ministre Burton. Même héroïsme aussi cheź ces nouveaux martyrs, et la persécution doublait chaque jour le nombre de leurs adhérents. « Chrétiens, disait Prynne mis sur le pilori, si nous avions fait cas de notre liberté, nous ne serions pas ici; c'est pour votre liberté à tous que nous avons compromis la nôtre : gardez-la bien, je vous en conjure, tenez ferme, soyez fidèles à la cause de Dieu et du pays; autrement vous tomberez, vous et vos enfants, dans une éternelle servitude. Les sectes puritaines se multipliaient, malgré l'ardeur inquisitoriale du primat Laud, et d'intrépides soldats se préparaient pour la lutte prochaine. Émigrations en Amérique. C'est aussi vers cette époque que les émigrations en Amérique s'accrurent au point qu'on estime à plus de 12 millions de francs les valeurs sorties du pays. A des titres divers, le gouvernement était si odieux que des milliers d'hommes se détachaient de la patrie. En 1627, des puritains allèrent rejoindre autour de la baie de Massachusets les émigrés de 1618; trois ans plus tard, les colonies du New-Hampshire et du Maine étaient fondées. Le gouvernement s'alarma de ce déplacement de populations désaffectionnées. Un ordre du conseil interdit les émigrations aux dissidents. A ce moment, huit navires prêts à partir étaient à l'ancre dans la Tamise sur un d'eux était déjà monté Cromwell. Il obéit, mais d'autres continuèrent à chercher un sol plus hospitalier. De 1635 à 1637 se formèrent les colonies de Connecticut, de Rhode-Island et de la Providence. Le procès de Hampden (1636), le Covenant. Le procès de Hampden aurait dû pourtant éclairer le roi et ses ministres (1636). L'immense popularité qui entoura aussitôt ce grand citoyen, parce qu'il avait su opposer à l'impôt du ship-money ou taxe des vaisseaux un refus calme et une résistance légale, indiquait assez au pouvoir que sa politique était contraire au sentiment de la nation. Les ministres s'obstinèrent dans leur aveuglement. Strafford, vice-roi d'Irlande, n'y trouvait nulle résistance. Laud fut assez malavisé pour imposer à la presbytérienne Écosse une liturgie nouvelle qui se rapprochait de la liturgie catholique. Une émeute éclata aussitôt à Édimbourg (1637). Mais le roi refusa de céder. Alors les presbytériens formèrent, sous le nom de Covenant, une association à la fois politique et religieuse qui compta bientôt pour adhérents la population écossaise tout entière (1638). Charles marcha avec 20 000 hommes contre les covenantaires; mais il n'osa livrer bataille, et accorda aux rebelles l'abolition de la liturgie de Laud (1639). Quatrième parlement. C'était un échec grave; mais Charles était à bout de ressources; il fallut convoquer un quatrième parlement; cette assemblée refusa d'accorder le moindre subside avant qu'il eût été fait droit aux griefs de la nation. Elle demandait que le roi fût tenu de convoquer le parlement tous les trois ans, que l'indépendance des élections et des débats fût assurée, que la liberté politique fût fermement garantie.« Il faut, dit Strafford, que Charles avait rappelé d'Irlande, faire rentrer à coups de fouet ces gens-là dans leur bon sens, » et le petit parlement fut dissous. Mais l'armée anglaise, pleine de sympathie pour ses frères d'Écosse, se dispersa plutôt que de combattre, et Strafford fut contraint de se replier sur York (1640). La royauté était acculée à une impasse. Elle avait tiré l'épée, et pour soutenir la guerre elle n'avait pas un écu. Le système des confiscations, des amendes, des taxes arbitraires était épuisé, Charles recourut à un cinquième parlement. C'était s'avouer vaincu. CHAPITRE XX. RÉVOLUTION DE 1648. PROTECTORAT DE CROMWELL (1648-4660). Répu Commencements de la révolution anglaise; le parlement s'empare du pouvoir (1640). - Procès et exécution de Strafford (1641). - Massacre des protestants d'Irlande (1641). - Guerre civile; commencement de Cromwell. Les parlementaires se divisent; revers des généraux presbytériens; succès de Cromwell. - Les indépendants se rendent maîtres de l'armée; le roi se livre aux Écossais. Captivité, procès et mort de Charles Ier (1647-1649). blique anglaise (1649-1660). Guerre d'extermination en Irlande, dirigée par Cromwell (1649-1650). — Montrose en Ecosse (1650).— Victoire de Cromwell à Dunbar (1650). Charles II couronné roi d'Ecosse (1651). - Bataille de Worcester (1651). Fuite du prétendant. - Acte de navigation (1651). Guerre avec la Hollande (1652). Dissolution du parlement par Cromwell (1653). Cromwell protecteur (1653-1658). Soumission de l'Irlande; extermination d'une partie du peuple (1654). — Monk en Écosse. Politique extérieure de Cromwell; force de son gouvernement. - Restauration des Stuarts (1660). Commencements de la révolution anglaise ; le par. lement s'empare du pouvoir (1640). — Après onze ans de despotisme, Charles Ier, en faisant appel au pays, donnait un démenti éclatant au système qu'il avait suivi jusqu'alors. Le roi reconnaissait son impuissance à gouverner seul l'Angleterre. Il appartenait aux Communes de se faire leur part légitime; mais la liberté, trop longtemps opprimée, voulut prendre une revanche, et, comme il arrive toujours, dépassa le but. Le parlement s'empara de l'autorité. Perception et administration de l'impôt, emprunts, jugements même, il envahit toutes les fonctions, tous les droits du pouvoir exécutif. Il abolit les tribunaux exceptionnels, proclama sa périodicité, frappa enfin le comte de Strafford, en qui se personnifiait toute la politique royale depuis onze ans. |