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sur les abréviations, lut avec un magnifique sang-froid : « La Belle-Poule est partie poussée par un joli vent de Son Excellence. » (Historique.)

(Encyclopédiana.)

Le célèbre helléniste Gail, en copiant dans l'Index bibliographique de son Anacréon un catalogue des éditions de cet auteur, eut le malheur de prendre les abréviations e. bro. (exemplaire broché) pour un nom de ville, et d'indiquer l'édition comme imprimée à Ebro.

(L. Lalanne, Curiosités littéraires.)

Abri insuffisant.

Dans les commencements de sa convalescence, le maréchal de Saxe menait partout avec lui son médecin Sénac; un jour qu'au siége d'une ville, le maréchal voulut aller reconnaitre quelques ouvrages, il fit avancer jusqu'à demiportée de canon son carrosse, dans lequel était le bon médecin; il en descend, monte à cheval, et dit à ce cher Esculape: « Attendez-moi là, docteur, je serai bientôt de retour. Mais, monseigneur, lui dit Sénac, et le canon ?... Je vois d'ici des canonniers qui vont prendre pour but notre carrosse, et moi qui serai dedans! Vous n'avez qu'à lever les glaces! >> lui dit militairement le maréchal, et il part. Sénac partit aussi, ou du moins descendit sur-le-champ du carrosse, et fut se mettre en sûreté à la queue de la tranchée, jusqu'à ce qu'il vit revenir son convalescent; et il fit bien. (Collé, Mémoires.)

Absolu (Pouvoir).

L'empereur Paul Ier, ce fou couronné, rencontra un jour sur son chemin un soldat qui lui plut par sa bonne mine. Montez dans ma voiture, lieute

nant.

Je suis soldat, sire.

Malheurement ce jour-là l'empereur devait rentrer de bonne heure au palais. Si sa promenade eût duré seulement quelques minutes de plus, son compagnon de route improvisé était fait feld-maréchal; faute de temps, ce favori d'un quart d'heure fut bien forcé de se contenter du grade de général-major.

Il est vrai que quelques jours après, le pauvre diable, rencontré dans les mêmes circonstances et invité à la même promenade, se vit condamné à subir en sens inverse la même série de caprices et à redescendre de grade en grade, en une demi-heure, de son titre de général-major au rang de simple soldat.

Paul Ier renouvela souvent ces folies, plus dignes d'une duchesse de Gérolstein que d'un empereur de toutes les Russies. Un matin, en passant en revue le régiment de chevaliers gardes dont il était mécontent:

Un par un! s'écria-t-il du même accent qu'il eût commandé une simple manœuvre. Tourne. Par le flane droit, en Sibérie! marche!

Et le régiment tout entier, officiers en tête, dut se rendre immédiatement et à marches forcées en Sibérie. Le comte Rostopchine obtint de l'en faire revenir à mi-route.

(Correspondant.

Souvenirs d'un

page de l'empereur Nicolas.)

Absolutisme (Pensée d')

Lorsque la Restauration touchait déjà vers son déclin, Charles X alla visiter le camp de Saint-Omer: douze ou quinze mille hommes y étaient rassemblés. Le roi fut bien reçu par les troupes et très-content de leur esprit. Un léger mouvement de jouissance absolutiste s'empara de lui, et il dit, à la fin d'un jour de manœuvre, au duc de Mortemart : « Avec ces braves gens, on pourrait se faire obéir et beaucoup simplifier la marche du gouvernement. Qui, lui répondit Mortemart; mais le roi ne devrait plus descendre de Cela est

- L'empereur ne se trompe jamais, cheval, et déjà il est fatigué.

capitaine.

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vrai, >> dit le roi.

(Marmont, Mémoires.)

Abstinence.

Montesquieu, avant de quitter Rome, alla faire ses adieux à Benoît XIV. Le

»

maigre, qui occupait tant madame Victoire, l'incommodait; aussi attendait-elle avec impatience le coup de minuit du samedi saint; on lui servait aussitôt une bonne volaille au riz, et plusieurs autres mets succulents.

(Mad. Campan, Mémoires.)

pontife lui dit : « Mon cher Président, | aimait beaucoup cette espèce de gibier. Le avant de nous séparer, je veux que vous emportiez quelque souvenir de mon amitié. Je vous accorde la permission de faire gras toute votre vie, et j'étends cette faveur à toute votre famille. Montesquieu remercie Sa Sainteté, et prend congé d'elle. L'évêque camérier le conduit à la galerie. On lui expédie la bulle de dispense, et on lui présente une note un peu forte des droits à payer pour ce pieux privilége. Montesquieu, effrayé de cet impòt sacré, rend au secrétaire son brevet, et lui dit : « Je remercie Sa Sainteté de sa bienveillance; mais le pape est un si honnête homme! Je m'en rapporte à sa parole, et Dieu aussi. >>> (Improvisateur français.)

Madame Victoire (sœur de Louis XV), bonne, douce, affable, vivait avec la plus aimable simplicité dans une société qui la chérissait: elle était adorée de sa maison. Sans quitter Versailles, sans faire le sacrifice de sa moelleuse bergère, elle remplissait avec exactitude les devoirs de la religion, donnait aux pauvres tout ce qu'elle possédait, observait religieusement les jeûnes et le carême. Il est vrai qu'on reprochait à la table dé Mesdames d'avoir acquis pour le maigre une renommée que portaient au loin les parasites

assidus à la table de leur maître d'hôtel. Madame Victoire n'était point insensible à la bonne chère, mais elle avait les scrupules les plus religieux sur les plats qu'elle pouvait manger au temps de pénitence. Je la vis un jour très-tourmentée de ses doutes sur un oiseau d'eau qu'on

lui servait pendant le carème. Il s'agissait

de décider irrévocablement si cet oiseau était maigre ou gras. Elle consulta un

évêque qui se trouvait à son diner. Ce prélat prit aussitôt le son de voix positif, l'attitude grave d'un juge en dernier ressort. Il répondit à la princesse qu'il avait été décidé qu'en un semblable doute, après avoir fait cuire l'oiseau, il fallait le piquer sur un plat d'argent très-froid; que si le jus de l'animal se figeait dans l'espace d'un quart d'heure, l'animal était réputé gras; que si le jus restait en huile, on pourrait le manger en tout temps sans inquiétude. Madame Victoire en fit aussitôt l'épreuve: le jus ne figea point; ce fut une joie pour la princesse, qui

Abstinence forcée.

Desbarreaux, mangeant, le vendredi saint, une omelette au lard et entendant le tonnerre, ouvrit la fenêtre et jeta le plat en disant: << Tant de bruit pour une (Tallemant, Historiettes.)

omelette! »

Abstinence hygiénique.

Sanctorius, médecin italien, qui se livra pendant trente ans à des expériences sur la déperdition du corps, prenait ses repas dans une chaise suspendue en l'air et maintenue par un contre-poids dans cet état, jusqu'à ce qu'il eût pris une certaine quantité d'aliments. L'abaissement de la chaise l'avertissait de quitter la table. (Les classiques de la table.)

Louis Cornaro, à quarante ans, avait compromis sa santé par des excès de toute

nature, que lui permettait sa fortune. Condamné par les médecins, il échappa à leur sentence par une réforme complète de son régime. Il eut le courage de réduire sa nourriture journalière à douze onces d'aliments solides et à quatorze onces de vin, s'abstenant en outre avec soin de tout ce qui pourrait l'agiter, troubler son sommeil ou sa digestion, etc. Il

avait fait construire une balance trèsexacte, où il constatait régulièrement ce

que tel aliment lui faisait gagner, com

bien tel exercice ou telle transpiration lui avait fait perdre. C'est ainsi qu'il parvint à vivre centenaire, si toutefois c'est là vivre. Beaucoup de gens trouveront peut-être que c'était tout simplement prolonger sa mort (1).

Abstinence par paresse.

Je rencontrai à Lausanne un émigré lyonnais, grand et beau garçon, qui, pour

(1) Sur Cornaro, voir le Dictionnaire de la Conversation.

ne pas travailler, s'était réduit à ne manger que deux fois la semaine. Il serait mort de faim de la meilleure grâce du monde, si un brave négociant de la ville ne lui avait pas ouvert un crédit chez un traiteur, pour y diner le dimanche et le mercredi de chaque semaine.

L'émigré arrivait au jour indiqué, se bourrait jusqu'à l'œsophage, et partait, non sans emporter avec lui un assez gros morceau de pain; c'était chose convenue. Il ménageait le mieux qu'il pouvait cette provision supplémentaire, buvait de l'eau quand l'estomac lui faisait mal, passait une partie de son temps au lit dans une rèvasserie qui n'était pas sans charmes, et gagnait ainsi le repas suivant.

Il y avait trois mois qu'il vivait ainsi quand je le rencontrai. Il n'était pas malade; mais il régnait dans toute sa personne une telle langueur, ses traits étaient tellement étirés, et il y avait entre son nez et ses oreilles quelque chose de si hippocratique, qu'il faisait peine à

voir.

Je m'étonnai qu'il se soumît à de telles angoisses, plutôt quede chercher à utiliser sa personne, et je l'invitai à dîner dans mon auberge, où il officia à faire trembler. Mais je ne récidivai pas, parce que j'aime qu'on se roidisse contre l'adversité, et qu'on obéisse, quand il le faut, à cet arrêt porté contre l'espèce humaine : Tu travailleras.

(Brillat-Savarin, Physiologie du goût.)

Abstraction impossible.

On disait au satirique anglais Donne : « Tonnez sur les vices, mais ménagez les vicieux! - Comment, dit-il, condamner les cartes et pardonner aux escrocs ! >>> (Chamfort, Caractères et anecdotes.)

Abus.

Au moment où M. de Guibert fut nommé gouverneur des Invalides, il se trouva dans cet établissement six cents prétendus soldats qui n'étaient point blessés et qui, presque tous, n'avaient jamais assisté à aucun siége, à aucune bataille; mais qui, en récompense, avaient été cochers ou laquais de grands seigneurs ou de gens en place. (Chamfort.)

Une dame de qualité invectivait, sans pudeur, l'homme qui était l'objet de son ressentiment : « Madame, lui dit-il, vous abusez de la considération que j'ai pour votre sexe, et du mépris que j'ai pour votre personne. >>>

(Improvisateur français.)
Académiciens.

M. Ferret était un habile mécanicien, particulièrement adonné à l'horlogerie, mais aussi prolixe qu'ennuyeux dans ses dissertations. Un jour qu'il lisait à l'Académie de Marseille, dont il était membre, un long traité sur l'échappement, un de ses confrères écrivit sur un morceau de papier les quatre vers suivants :

Ferret, quand de l'échappement
Tu nous traces la théorie,
Heureux qui peut adroitement
S'échapper de l'Académie.

Il remet ce billet à son voisin et sort. L'écrit passe de main en main; chacua le lit à son tour, rit, et s'en va. Le dernier enfin jette le billet sur la table, suit l'exemple des autres, et M. Ferret reste seul entre le président et le secrétaire que leur grandeur attache au rivage, mais qui ne se font pas faute de partager l'hilarité générale. (Larousse, Dictionnaire.)

Un jour que l'on ne s'entendait pas dans une dispute à l'Académie, M. de Mairan dit : « Messieurs, si nous ne parlions que quatre à la fois? >>>

(Chamfort.)

Académicien exclu.

M. de Louvois ayant été fait surintendant des bâtiments après M. Colbert, nous allåmes, M. Charpentier, M. l'abbé Tallemant, M. Quinault et moi, à Fontainebleau, pour lui demander s'il souhaitait que nous continuassions les exercices de la petite académie des inscriptionset des médailles, que nous tenions chez M. Colbert. Nous fimes un mémoire, et ce fut moi qui le dressai.

Ce mémoire fut remis à M. de Louvois, qui le donna à lire à M. le chancelier, son père. Il fit un effet assez étrange : M. le chancelier Le Tellier s'était toujours moqué de cette petite académie;

il disait qu'il ne trouvait pas d'argent | de' l'abbé Dellile à l'Académie française,

plus mal placé que celui que M. Colbert donnait à des faiseurs de rébus et de chansonnettes. Cependant, quand il eut lu ce mémoire, il changea de ton et dit à M. de Louvois, son fils, en le lui rendant : « Voilà un établissement qu'il faut conserver avec grand soin; car rien ne peut faire plus d'honneur au roi et au royaume, à si peu de frais. » L'après-dînée de ce même jour, M. Charpentier, M. Quinault et M. l'abbé Tallemant se présentèrent à M. de Louvois. Je ne crus pas qu'il fût à propos que je m'y trouvasse, dans la crainte que M. de Louvois ne me dit quelque chose qui me déplût, et que, dans la chaleur, je ne lui fisse quelque réponse dont j'aurais été faché dans la suite. M. de Louvois leur dit ces paroles: a Vous avez jusqu'ici, Messieurs, fait des merveilles; mais il faut, s'il se peut, faire encore mieux à l'avenir: le roi vous va donner de la matière où il ne tiendra qu'à vous de faire des choses admirables. Combien êtesvous ? Nous sommes quatre, monseigneur, répondit M. Charpentier. - Qui sont-ils? lui dit M. de Louvois. « Il y a, reprit M. Charpentier, M. Perrault...

M. Perrault, dit M. de Louvois, vous vous moquez, il n'en était point: il avait assez d'affaires dans les bâtiments. Et les autres, qui sont-ils? - Ilya, dit M. Char

J'ai eu

sous prétexte qu'il était trop jeune. << Trop jeune! s'écria Voltaire; il a près de deux mille ans, il est de l'âge de Virgile. » Jamais il ne l'appelait autrement que Virgilius-Delille.

(Alissan de Chazet, Mémoires.)

Académie.

L'académie de la Crusca est la plus célèbre de toute l'Italie. Crusta en italien veut dire son, et ce mot fait allusion au but de ses travaux, qui consistent à perfectionner la langue italienne, et à séparer les mauvaises expressions, pour ainsi dire, comme on sépare le son de la farine. Les meubles de la salle sont tous allégoriques; la chaire est faite en forme de trémie, dont les degrés sont des meules de moulin: une meule sert aussi de siége au directeur; les autres siéges sont faits en forme de hottes et le dossier en forme de pelle à four. La table est un pétrin. L'académicien qui lit quelque mémoire a la moitié du corps passé dans un blutoir. Les portraits mêmes qui décorent la salle ont la forme d'une pelle à four. (Panckoucke.)

Dès que les Confessions de saint Au

pentier, M. l'abbé Tallemant, M. Qui- gustin, traduites en français par Arnauld d'Andilly, furent mises au jour, messieurs de l'Académie française, charmés de la beauté de cette traduction, offrirent une place à cet excellent homme qui les remercia. << N'avons-nous pas une académie à Port-Royal? >> répondit-il en souriant. Ce refus porta ces messieurs à régler que dorénavant l'Académie se ferait solliciter, et ne solliciterait personne. (Nouw.biblioth. de littérat.

ne

nault et moi. - Mais ne vous voilà que
trois, où est le quatrième?
l'honneur de vous dire, reprit M. Char-
pentier, qu'il y avait M. Perrault. Et
je vous dis, reprit M. de Louvois, avec un
ton de voix élevé et et qui qui marquait qu'il
voulait pas être davantage contredit, qu'il
n'en était pas. » M. Charpentier se
tut, et M. de Louvois poursuivit : « Qui
était donc ce quatrième? - Alors, l'un
des trois dit : « M. Félibien venait quel-
quefois dans l'assemblée lire des descrip-
tions qu'il faisait de divers endroits des
bâtiments du roi. Voilà enfin ce qua-
trième que je cherchais, dit M. de Lou
vois: or çà, allez vous-en, Messieurs, et
travaillez de toutes vos forces. >>>

Voilà comme je fus exclu de la petite
académie.
(Charles Perrault, Mémoires.)

Académicien trop jeune.

Ménage avait fait une satire contre l'Académie naissante, ce qui empècha qu'il n'y fût reçu; sur quoi le président Rose disait : « Le motif qui l'a fait rejeter aurait dû le faire admettre, comme on force un homme à épouser une fillé qu'il a déshonorée (1). »

(1) Quelques-uns attribuent ce mot au para

Louis XV ne confirma pas l'élection site Montmaur,

Un particulier se présente un jour à Ferney, et s'annonce à Voltaire pour un homme de lettres. « J'ai l'honneur, ditil, d'être de l'Académie de Châlons; elle est comme vous savez, Monsieur, fille 'de l'Académie française. Oh! oui, Monsieur, reprit Voltaire, et une brave fille, qui n'a jamais fait parler d'elle. »

(Journal gén., 1784.)

On engageait Mably à se présenter à l'Académie : « Si j'étais de l'Académie, répondit Mably, on demanderait peut-être: << Pourquoi en est-il? >> J'aime mieux qu'on demande : « Pourquoi 'n'en est-il pas? >>>

<< C'est une maladie, disait-on, que la passion de ce pauvre abbé Trublet pour être de l'Académie. Il y pense nuit et jour. Monsieur, répondit Duclos, l'Académie n'est pas faite pour les incurables. >>> (Mad. Necker, Mélang.)

Duclos avait l'habitude de prononcer sans cesse, en pleine Academie, Académie, des f..., des b...; l'abbé du Rénel, qui, à cause de sa longue figure, était appelé un grand serpent sans venin, lui dit : « Monsieur, sachez qu'on ne doit prononcer dans l'Académie que des mots qui se trouvent dans le dictionnaire. >>>

(Chamfort.)

Académie (Épigrammes contre l').

J'ai été introduit incognito à l'Académie par M. Racine. J'y ai vu onze personnes. Une écoutait, une autre dormait, trois autres se sont querellées, et les trois

autres sont sorties sans dire mot.

(Pavillon, Lettre à Furetière.)

Le poëte Lainez récitait de charmants vers dans la meilleure compagnie, en présence de M. de Fontenelle, qui crut lui faire un compliment en luidisant : « Pourquoi, <<< Monsieur, un homme de votre mérite « ne demande-t-il pas à entrer dans l'A

cadémie française? Eh! Monsieur, << lui répondit fièrement Lainez, qui se<<< rait votre juge ? >>>

Après sa réception à l'Académie française, Fontenelle dit : « Il n'y a plus que trente-neuf personnes dans le monde qui aient plus d'esprit que moi,

On connaît les deux vers suivants du même auteur : Sommes-nous trente-neuf, on est à nos genoux; Et sommes-nous quarante, on se moque de nous(1). (Galerie de l'ancienne cour.)

L'abbé Raynal, il y a quelques années, voulut assister à la réception d'un académicien dont le mérite était très-médiocre. On se tuait pour entrer dans la salle; l'abbé Raynal s'écria avec son accent provençal: « Il mé paraît qu'il est plus difficile d'entrer ici qué d'y être reçu. » Ce mot lui deviendra fatal, s'il veut faire une nouvelle tentative; l'Académie n'entend point la plaisanterie, et le célèbre auteur de la Métromanie n'a été exclu que pour ses épigrammes contre ce corps respectable. Tout le monde sait son épitaphe, faite par lui-même :

Ci-gît Piron, qui ne fut rien,
Pas même académicien.

(Favart, Journal.)

Piron, en passant dans le Louvre avec un de ses amis: « Tenez, voyez-vous, lui << dit-il en lui montrant l'Académie fran<< çaise, ils sont là quarante qui ont de <<< l'esprit comme quatre. >>>

(Galerie de l'ancienne cour.)

Piron assurait, l'autre jour, qu'un discours de réception à l'Académie française ne devait pas s'étendre au delà de trois mots. « Je prétends que le récipiendaire doit dire: Messieurs, grand merci, et le directeur lui répondre: Il n'y a pas de quoi. » Si cet usage s'était introduit, nous aurions, depuis la fondation de l'Académie, quelques centaines de discours ennuyeux de moins.

(Grimm, Correspondance.)

(1) « L'Académie, dit d'Alembert dans la préface de ses Éloges, est l'objet de l'ambition secrète ou avouée de tous les gens de lettres, de ceux-là même qui ont fait contre elle des épigrammes bonnes ou mauvaises, épigrammes dont elle serait privée pour son malheur, si elle était moins recherchée. C'est la meilleure réponse à ces innombrables épigrammes don je ne donne qu'une très-faible partie, parce que la plupart n'ont pas Ja forme anecdotique.

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