492. NAPOLEON'S ORDERS TO NEY JUNE, 1815. facilement débarquer à Fréjus ou St. Tropez pour seconder les opérations du Prince. Les quatre bataillons de la marine doivent à la paix passer au département de la Marine. Si après la réduction de la Provence ce Prince n'est pas immédiatement appelé par le Duc d'Angoulême, il placera deux ou trois divisions de son armée dans les garnisons nécessaires pour assurer la tranquillité des Départements du Sud, et avec le reste de son armée il remontera par la rive gauche de la Saône, pour achever de soumettre dans l'intérieur le peu de rebelles qui pourraient dans leur désespoir vouloir tenter de nouveaux rassemblemens et troubler la paix. En suivant avec fermeté et méthode ce plan général le Roi se trouvera à la paix avoir formé pendant la guerre même une armée de trente divisions, sans déranger les gardes nationales, qui auront aidé très volontairement cette armée de ligne à anéantir cette armée de brigands qui fait trembler toute la nation. Les plus coupables, surtout les officiers, seront punis par la mort ou la transportation. Les bons soldats, égarés par l'illusion de Buonaparte, le voyant disparaître, ainsi que sa honteuse famille, d'une manière irrévocable, quelque soit le genre de punition que la Providence lui prépare, étant admis chacun dans son arme dans les trente divisions de l'armée Royale, y prendront l'esprit et les sentimens d'un véritable honneur, sans rien perdre de leur énergie. L'armée, qui était le plus grand obstacle à l'autorité du Roi et la marche de la Constitution, deviendra le plus ferme appui du trône et de la loi. Cette réforme, qui doit précéder toutes les autres, les amenera toutes; et notre excellent Roi sera récompensé de ses soins, de ses sollicitudes, de ses souffrances, par l'amour et la vénération de ses heureux sujets. DUMOURIEZ. Napoléon au Maréchal Ney. Charleroi, le 16 Juin, 1815. MON COUSIN, Je vous envoie mon aide-de-camp, le Général Flahaut, qui vous porte la présente lettre. Le Major-Général a dû vous donner des ordres; mais vous recevrez les miens plus tôt, parce que c'est de la plus haute importance. Je porte le Maréchal Grouchy avec les troisième et quatrième corps d'infanterie sur Sombref. Je porte ma Garde à Fleurus, et j'y serai en personne avant midi. J'y attaquerai l'ennemi si je le rencontre, et j'éclairerai la route jusqu'à Gembloux. Là, d'après ce qui se passera, je prendrai mon parti, peutêtre à 3 heures après midi, peut-être ce soir. Mon intention est que, immédiatement après que j'aurai pris mon parti, vous soyez prêt à marcher sur Bruxelles. Je vous appuyerai avec la Garde, qui sera à Fleurus ou à Sombref, et je désirerais arriver à Bruxelles demain matin. Vous vous mettriez en marche ce soir même si je prends mon parti d'assez bonne heure pour que vous puissiez en être informé de jour et faire ce soir trois ou quatre lieues, et être demain à 7 heures du matin à Bruxelles. Vous pouvez donc disposer vos troupes de la manière suivante :-Première division à deux lieues en avant des Quatre-Chemins, s'il n'y a pas d'inconvénient. Les divisions d'infanterie autour des Quatre-Chemins et une division à Marbais, afin que je puisse l'attirer à moi à Sombref, si j'en avais besoin. Elle ne retarderait d'ailleurs pas votre marche. Le corps du Comte de Valmy, qui JUNE, 1815. TO PREPARE FOR A MARCH ON BRUXELLES. 493 a 3000 Cuirassiers d'élite, à l'interception du chemin des Romains et de celui de Bruxelles, afin que je puisse l'attirer à moi si j'en avais besoin. Aussitôt que mon parti sera pris, vous lui enverrez l'ordre de venir vous rejoindre. Je désirerais avoir avec moi la division de la Garde que commande le Général Lefebvre-Desnouettes, et je vous envoie les deux divisions du Comte de Valmy, de manière à le rappeler si j'en avais besoin, et ne point faire faire de fausses marches au Général Lefebvre-Desnouettes, puisqu'il est probable que je me déciderai ce soir à marcher sur Bruxelles avec la Garde. Cependant, couvrez la division Lefebvre par les deux divisions de cavalerie d'Erlon et de Reille, afin de ménager la Garde; s'il y avait quelque échauffourée avec les Anglais, il est préférable que ce soit sur la ligne que sur la Garde. J'ai adopté comme principe général, pendant cette campagne, de diviser mon armée en deux ailes et une réserve. Votre aile sera composée des quatre divisions du premier corps, des quatre divisions du deuxième corps, de deux divisions de cavalerie légère, et de deux divisions du corps de Valmy. Cela ne doit pas être loin de 45,000 à 50,000 hommes. Le Maréchal Grouchy aura à peu près la même force, et commandera l'aile droite. La Garde formera la réserve, et je me porterai sur l'une ou sur l'autre aile, selon les circonstances. Le Major-Général donnera les ordres les plus précis pour qu'il n'y ait aucune difficulté sur l'obéissance à vos ordres lorsque vous serez détaché. Les commandants de corps devront prendre mes ordres directement quand je me trouve présent. Selon les circonstances, j'affaiblirai l'une ou l'autre aile en augmentant ma réserve. Vous sentez assez l'importance attachée à la prise de Bruxelles. Cela pourra d'ailleurs donner lieu à des accidens, car un mouvement aussi prompt et aussi brusque isolera l'armée Anglaise de Mons, Ostende, etc. Je désire que vos dispositions soient bien faites pour qu'au premier ordre vos huit divisions puissent marcher rapidement et sans obstacles sur Bruxelles. NAPOLÉON. Le Duc de Dalmatie à M. le Maréchal Prince de la Moskowa. MONSIEUR LE MARÉCHAL, Charleroi, le 16 Juin, 1815. L'Empereur ordonne que vous mettiez en marche les deuxième et premier corps d'armée, ainsi que le troisième corps de cavalerie, qui a été mis à votre disposition, pour les diriger sur l'interjection des chemins dits les Trois-Bras (route de Bruxelles), où vous leur ferez prendre position, et vous porterez en même temps des reconnaissances, aussi avant que possible, sur la route de Bruxelles et sur Nivelles, d'où probablement l'ennemi s'est retiré. Sa Majesté désire que, s'il n'y a pas d'inconvénient, vous établissiez une division, avec de la cavalerie, à Genappe, et elle ordonne que vous portiez une autre division du côté de Marbais, pour couvrir l'espace entre Sombref et les Trois-Bras. Vous placerez, près de ces divisions, la division de cavalerie de la Garde Impériale, commandée par le Général Lefebvre-Desnouettes, ainsi que le premier régiment de Hussards, qui a été détaché hier vers Gosselies. Le corps qui sera à Marbais aura aussi pour objet d'appuyer les mouve 494 NEY ORDERED TO ATTACK. JUNE, 1815. ments de M. le Maréchal Grouchy sur Sombref, et de vous soutenir à la position des Quatre-Bras, si cela devenait nécessaire. Vous recommanderez au Général qui sera à Marbais de bien s'éclairer sur toutes les directions, particulièrement sur celles de Gembloux et de Wavres. Si cependant la division du Général Lefebvre-Desnouettes était trop engagée sur la route de Bruxelles, vous la laisseriez et vous la remplaceriez au corps qui sera à Marbais par le troisième corps de cavalerie aux ordres de M. le Comte de Valmy, et par le premier régiment de Hussards. J'ai l'honneur de vous prévenir que l'Empereur va se porter sur Sombref, où, d'après les ordres de Sa Majesté, M. le Maréchal Grouchy doit se diriger avec les troisième et quatrième corps d'infanterie, et les premier, deuxième, et quatrième corps de cavalerie. M. le Maréchal Grouchy fera occuper Gembloux. Je vous prie de me mettre de suite à même de rendre compte à l'Empereur de vos dispositions pour exécuter l'ordre que je vous envoie, ainsi que de tout ce que vous aurez appris sur l'ennemi. Sa Majesté me charge de vous recommander de prescrire aux généraux commandant les corps d'armée de faire réunir leur monde, et rentrer les hommes isolés, de maintenir l'ordre le plus parfait dans la troupe, et de rallier toutes les voitures d'artillerie et les ambulances qui auraient pu se trouver engagées en arrière. Le Maréchal d'Empire, Major-Général, DUC DE DALMATIE. Le Duc de Dalmatie à M. le Maréchal Prince de la Moskowa. MONSIEUR LE MARÉCHAL, En avant de Fleurus, le 16 Juin, à 2 heures. L'Empereur me charge de vous prévenir que l'ennemi a réuni un corps de troupes entre Sombref et Bry, et qu'à deux heures et demie M. le Maréchal Grouchy, avec les troisième et quatrième corps, l'attaquera; l'intention de Sa Majesté est que vous attaquiez aussi ce qui est devant vous, et qu'après l'avoir vigoureusement repoussé, vous rabattiez sur nous pour concourir à envelopper le corps dont je viens de vous parler. Si ce corps était enfoncé auparavant, alors Sa Majesté ferait manœuvrer dans votre direction, pour hâter également vos opérations. Instruisez de suite l'Empereur de vos dispositions et de ce qui se passe sur votre front. Le Maréchal d'Empire, Major-Général, DUC DE DALMATIE. Le Major-Général avait écrit au Maréchal Ney en ces termes : "M. LE MARÉCHAL, "En avant de Fleurus, le 16 Juin, 1815, à 3 heures et un quart. "Je vous ai écrit, il y a une heure, que l'Empereur ferait attaquer l'ennemi à deux heures et demie dans la position qu'il a prise entre le village de STRENGTH OF THE FRENCH ARMY ON THE 16TH. 495 Saint Amand et de Bry. En ce moment l'engagement est très prononcé. Sa Majesté me charge de vous dire que vous devez manoeuvrer sur-le-champ de manière à envelopper la droite de l'ennemi, et tomber à bras raccourcis sur ses derrières. Cette armée est perdue si vous agissez vigoureusement. Le sort de la France est entre vos mains. Ainsi, n'hésitez pas un instant pour faire le mouvement que l'Empereur vous ordonne, et dirigez-vous sur les hauteurs de Bry et de Saint Amand, pour concourir à une victoire peutêtre décisive. L'ennemi est pris en flagrant délit au moment où il cherche à se réunir aux Anglais. "Le Major-Général, "DUC DE DALMATIE." "Derrière Ligny, le 16 Juin, à 8 heures du soir. "L'Empereur vient de remporter une victoire complète sur les armées Prussienne et Anglaise, réunies sous les ordres du Duc de Wellington et du Maréchal Blücher. L'armée débouche en ce moment par le village de Ligny, en face de Fleurus, à la poursuite de l'ennemi." SITUATION JOURNALIÈRE de l'ARMÉE FRANÇAISE à l'Epoque du 16 Juin. 1er Corps, 4e Division d'Infanterie. On dit qu'il y a 6 régimens de Vieille Garde et 12 régimens de Jeune Garde. 496 DISPOSITION OF THE BRITISH ARMY ON THE 16тя. Disposition of the British Army at 7 o'clock A.M., 16th June. The above disposition written out for the information of the Commander of the Forces by Colonel Sir W. De Lancey. The centre column of names indicates the places at which the troops had arrived or were moving on. The column on the right of the paper indicates the places the troops were ordered to proceed to at 7 o'clock A.M., 16th June, previous to any attack on the British. (Signed) DE LACY EVANS. Rapports de S.A.R. le Prince d'Orange à S.M. le Roi des Pays-Bas. Quartier-Général de Nivelles, 17 Juin, 1815, à 2 heures du matin. Le 15, de grand matin, l'armée Prussienne a été attaquée dans sa position. Par suite de cette attaqué elle s'est retirée par Charleroi et Gosselies jusque dans les environs de Fleurus. Aussitôt que je fus instruit de la marche de l'ennemi, j'ordonnai les dispositions nécessaires au corps d'armée sous mes ordres. Ce qui s'était passé à l'armée Prussienne fut cause que le 15, à 5 heures du soir, le bataillon d'Orange Nassau, qui occupait le village de Frasne avec une batterie d'artillerie volante, y fut attaqué. Ces troupes restèrent dans leur position sur les hauteurs de ce village, non loin du chemin croisé des Quatre Bras. A 8 heures l'escarmouche cessa sur ce point. Aussitôt que je reçus le rapport de cette action, je donnai ordre à la 3e division, ainsi qu'à la cavalerie, et à 2 divisions Anglaises, de marcher sur |