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cette femme qui avait déjà rendu le sien célèbre, et qui en a illustré deux dans les lettres! (Mouvement.)

Et si vous n'avez pas ce courage, et vous ne l'aurez pas, renoncez donc à appliquer à l'acte de réserve de M. de Girardin le nom injurieux que vous lui appliquiez tout à l'heure, le nom de faussaire matériel; et, je dirai plus, si, dans la sévérité du droit, que je ne connais pas, il était juste, possible d'appliquer à M. Émile de Girardin le nom de faussaire matériel, pour avoir couvert de l'ombre du mystère et du respect un nom dont il ne doit pas soulever le voile, je dis que si le droit le condamnait à le faire, il y a dans vos âmes et dans cette enceinte un sentiment plus noble qui l'absoudrait de s'y refuser; c'est l'honneur! c'est le sentiment! c'est l'inviolabilité du secret des familles! Blâmez-le si vous le pouvez, mais honorez-le de ne pas avoir recherché son nom à travers le scandale que ces recherches suscitent toujours!

Je suis incompétent sans doute pour suivre dans une question de droit mon habile et savant collègue; mais je connais un droit au-dessus de tous les codes, c'est celui d'après lequel nous devons nous juger ici c'est la bonne foi. (Très-bien!)

:

Je passe à des questions moins épineuses et plus profondes. J'ai dit que je voulais examiner l'affaire en elle-même, et indépendamment de tout nom propre.

Eh bien! j'y mets maintenant le nom propre, je le mets sans crainte oui, la question que nous traitons s'appelle du nom d'Émile de Girardin; elle s'appelle du nom d'un de vos ennemis politiques peut-être. Tant mieux; il y aura un mérite de plus à vous d'être justes, une gloire de plus à rester impartiaux. Et d'ailleurs, ne l'oubliez pas, quand la justice ressemble à de la générosité, elle est encore plus française, elle est encore plus digne de vous. (Très-bien à gauche.)

Maintenant, ne vous le dissimulez pas non plus, toutes ces questions itérativement introduites dans la Chambre, toutes ces protestations successives pendant six années contre l'élection, contre le droit si souvent respecté de la souveraineté des colléges, contre cette souveraineté électorale, dont vous vous êtes si souvent montrés les champions dans d'autres occasions, et que je soutiens avec vous, tout cela n'est pas fondé

uniquement sur des questions de droit : il y a là autre chose. Et, si je me permets de le dire, c'est que ce matin, en lisant le rapport de 1839, j'ai trouvé dans les pièces officielles de la discussion et du rapport le droit de le dire; oui, il y a là autre chose, il y a là quelques préventions, quelques ressouvenirs, quelques animations; il y a là des animations politiques, qu'il est dans l'intérêt, dans le droit et dans le devoir de la Chambre, comme dans le vôtre, d'étouffer, d'éteindre et de faire tomber devant la sincérité de vos jugements. (Très-bien!)

On n'a pas été impunément jeune, on n'a pas impunément manié avec talent, avec courage, mais quelquefois avec trop de vivacité peut-être, l'arme si dangereuse de la presse périodique : sa jeunesse, son talent, son courage, voilà les trois torts de M. de Girardin. Ils sont nombreux et honorables ici même, je le sais, je le proclame, les exemples d'hommes qui manient la publicité avec énergie, mais avec convenance et modération, avec ces formes exercées et sages qui caractérisent une bonne polémique.

Mais, Messieurs, quand on entre jeune dans la lutte acharnée des partis; quand on a le malheur d'être lancé, dès les premiers jours de sa vie, dans le combat; quand, par une autre circonstance, à laquelle je regrette de faire une allusion pénible, circonstance qui a répandu le deuil sur l'âme de tous ceux qui, indépendamment des opinions, honorent l'élévation du caractère, la fermeté des convictions, le talent et le courage, quand, dis-je, par une fatalité déplorable, mais innocente, on a attaché son nom à un événement qu'on déplore soi-même, dont on a été non pas le provocateur, mais la victime (Chuchotements; on prononce le nom de Carrel); beaucoup de colères s'accumulent injustement sur vous ce sont là des malheurs bien plûtôt que des torts.

Eh bien! ces malheurs, l'honorable M. de Girardin les a eus. Mais ce sont des malheurs qui laissent l'homme innocent. On peut l'en plaindre, qui oserait l'en accuser? (Dėnėgations.)

Eh bien, oui, il a payé cette fatalité de son sang, de ses larmes, presque de sa vie, par des persécutions incessantes! Que voulez-vous de plus? Qu'il la paye par un ostracisme éternel, qu'il la paye de son honneur, du droit de ses élec

teurs? Non; il les défendra, et nous avec lui! (Au centre: Trèsbien!)

Il ne s'appartient plus, il est ici la personnification du droit de deux départements. (Murmures à gauche.)

Nous ne sommes pas ici pour venger les injures du journalisme. Si ceux qui m'injurient, moi, se présentaient ici au nom de leurs électeurs, je ne leur dirais pas : Êtes-vous mes ennemis? Je leur dirais Êtes-vous élus? et je leur ferais place sans me souvenir de ce qu'ils furent pour moi en dehors de cette enceinte. Je termine, Messieurs, et je termine par un mot de l'honorable et vénéré collègue auquel on faisait allusion tout à l'heure à cette tribune. Ce matin je relisais l'éloquent discours de M. Hennequin, mon ami, comme il fut le vôtre.

Il se saisit alors d'un argument que vous n'avez plus dans les mains; car les actes ont été rectifiés, vous le savez. Eh bien, le jour où il monta à cette tribune pour faire contre M. de Girardin le discours sur l'autorité duquel M. Ledru - Rollin s'appuie, j'étais là, assis à côté de lui, prêt à parler pour défendre. l'élection comme aujourd'hui.

M. Hennequin parla avec son talent ordinaire et avec la conviction sincère de son esprit. Il fut couvert d'acclamations; on refusa de m'entendre, et M. de Girardin fut condamné. Quand l'orateur eut fini son discours, il vint se rasseoir à côté de moi; les applaudissements de vos amis l'y suivirent. « Vous devez être bien malheureux, lui dis-je, vous qui êtes si généreux et si bon; car vous venez d'aggraver un malheur, de peser de tout le poids de votre considération et de votre éloquence sur un tort de la nature et de la naissance! Je ne doute pas que vous n'en ayez des regrets un jour. » Et j'ai su qu'en effet sa noble nature en avait été attristée plus tard (Très-bien ! )

M. Hennequin me répondit: Non. J'ai été convaincu; je n'ai pas voulu être injuste, encore moins sévère. Relisez mon discours, vous verrez que j'ai fait abstraction de toute personnalité, et que je n'ai parlé que du droit.

Eh bien! ce discours, je l'ai relu ce matin, et voici en effet les belles paroles que j'y trouve, et qui nous dictent aujourd'hui notre devoir par la bouche même de notre vénérable ami :

« Nous sommes ici non pas pour juger des opinions, non pas

pour absoudre ou condamner selon nos affections, nos reconnaissances ou nos animadversions politiques. Nous sommes ici un grand et saint jury qui ne doit prononcer que dans la bonne foi de la conscience. Ne lisons jamais à travers le bulletin le nom de celui que le bulletin désigne. Ne lisons jamais le nom du député avec l'œil du concurrent ou de l'ennemi politique! »> (Très-bien !)

Prenons de ces paroles, dirai-je à M. Ledru - Rollin, celles qui nous convient si éloquemment à la justice, à la bienveillance et à l'impartialité, et validons l'élection! (Très-bien ! trèsbien! Aux voix!)

SUR L'ÉLECTION DE M. ÉMILE DE GIRARDIN

RÉPLIQUE

(Même séance.)

MESSIEURS,

M. DE LAMARTINE. Je demande la parole de nouveau. Le scrutin secret ne se discute pas; mais, puisque M. Larabit a fait luimême une observation sur le scrutin secret, j'ai le droit de lui répondre. Il a parlé d'attaques qui auraient été dirigées contre ses amis et lui dans la Presse. Je ferai observer qu'il n'y a d'injures parlementaires que celles qui sont produites à cette tribune, et que la réserve commandée par la dignité de la Chambre, par le respect que nous devons à nos collègues et à nous-mêmes, a été observée par l'honorable M. Ledru-Rollin comme par moi; par conséquent, il n'y a aucune question d'injure à poser devant la Chambre. Il y a une question de dignité, et je la pose, si on le permet.

:

Je dis Il y a une question, car l'article 32 du règlement déclare qu'on aura toujours le droit de poser la question.

Il y a des précédents, me dit-on. Il n'y a pas de précédent. Ce serait la première fois qu'on demanderait le scrutin secret sur le droit de deux colléges électoraux et sur un nom d'homme à rejeter ou à admettre. Dans l'intérêt de la liberté, de la souveraineté des électeurs (Bruit), laissez-moi au moins protester! Et je proteste aussi au nom de l'honneur individuel, ici; car

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