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FRÉDÉRIQUE va le prendre et le donne à Spiegel, près de qui elle reste.

Cher tableau ! Vous en ferez une copie que nous garderons, n'est-ce pas, Spiegel?

SPIEGEL.

Si cela vous fait plaisir.

FRÉDÉRIQUE.

Quel souvenir il nous rappelle! et que cet inconnu a été bien inspiré de vous le commander!

FRANTZ.

Ç'a été mon premier triomphe... mon seul! On fait bien de le fixer sur la teile.

FRÉDÉRIQUE

Vous avez presque fini, Spiegel?

SPIEGEL.

A part le nez du noble inconnu, que je ne peux pas attraper... La miniature qu'il m'a envoyée est stupide. FRÉDÉRIQUE.

Notre chien n'est qu'ébauché.

SPIEGEL.

Il ne veut pas poser, le gredin! Depuis que j'ai-hesoin de lui, il est toujours en course.

FRANTZ.

Eh bien, ôte-le du tableau, ce sera son châtiment.

SPIEGEL.

L'ôter du tableau, ce vieux compagnon! Nous ne serions plus au complet. J'aimerais mieux racler le noble étranger.

FRÉDÉRIQUE.

Il a raison, Frantz. Ce vieux Spark est de la famille.

SPIEGEL.

Mais où se cache-t-il, le scélérat? C'est peut-être par modestie. J'ai justement besoin de lui maintenant. FRÉDÉRIQUE.

Voici l'heure de son déjeuner; il doit être rentré, je vais tâcher de l'attirer sous un prétexte.

SPIEGEL.

Oh! le vieux sournois ne s'y trompera pas. Mais vous avez de l'influence sur lui, et, en le priant bien, vous le déciderez peut-être.

FRÉDÉRIQUE.

C'est cela; j'aime mieux la franchise. Je vais vous l'amener. (Elle sort.)

SCÈNE III

SPIEGEL, FRANTZ.

SPIEGEL.

Charmante fille, va! Bénédiction!... Ah çà! tu étais en train de me raconter tes amours, mon gaillard ! FRANTZ, allant à Spiegel.

Ce sera bientôt fait... J'aime Frédérique.

SPIEGEL.

Frédérique !... Ta cousine?... Notre enfant?...

FRANTZ.

Elle était une enfant, quand, après la mort de mon père, qui l'avait élevée, je l'ai recueillie orpheline pour la seconde fois; mais quatre ans ont fait une femme de la petite fille.

SPIEGEL.

Comment t'est venue l'idée de l'aimer, toi qui la tutoies, qui es comme son frère?

FRANTZ.

Est-ce qu'on sait comme cela vient?

SPIEGEL.

Mais elle... crois-tu qu'elle se doute?... penses-tu qu'elle t'aime?

FRANTZ.

Je n'en sais rien. Je n'ose pas l'interroger. A quoi bon, d'ailleurs? Je ne peux pas l'épouser... je suis trop pauvre.

SPIEGEL.

Ah!... c'est vrai... tu es trop pauvre.

FRANTZ.

Si j'étais sûr de mon talent, à la bonne heure!

SPIEGEL.

Oui, mais, tant que ta symphonie n'aura pas été jouée, tu ne peux pas, en effet...

FRANTZ.

Tu vois donc bien que mon irritation n'est pas une impatience puérile.

SPIEGEL.

Oui, oui, tu as raison... Est-ce que tu ne vas pas prendre l'air ce matin?

Non, je suis triste.

FRANTZ.

SPIEGEL.

Mais cependant... Ah! il faut porter ces dix florins à Hermann! Je n'y pensais plus.

FRANTZ.

Est-ce que cela presse? Tu iras apres déjeuner.

SPIEGEL.

Non, non, il les attend; vas-v.

FRANTZ.

Je ne suis bon à rien ce matin.

SPIEGEL.

Cela t'arrive souvent. Faut-il que je quitte mon travail pour que tu puisses rester là les bras croisés ?

FRANTZ.

Comme tu me dis cela!

SPIEGEL.

Eh! sacrebleu ! c'est vrai. Tu te laisses soigner par nous comme une femme! Hermann ne demeure pas si loin, que diable!

J'y vais.

FRANTZ.

SPIEGEL.

Tiens, voilà ta casquette. (Frantz sort.)

SCÈNE IV

SPIEGEL, seul.

Paresseux! inutile! égoïste! Il se persuade qu'on lui doit tout et qu'il ne doit rien à personne. Voilà ce que c'est que de se vouer corps et âme à ces natures molles on fait des ingrats... Ah çà! qu'est-ce que j'ai donc contre lui? Est-ce que par hasard ?... Non, non!... Spiegel amoureux ! ce serait trop drôle ! Ce n'est pas mon lot, morbleu! Je ne suis ni beau, ni élégant, ni... enfin je ne suis ni un amant ni un mari, je suis un ami, un oncle! Bah! que Frantz soit heureux et glorieux! ma gloire et mon bonheur seront d'applaudir ses œuvres et de bercer ses enfants... et... et... Veux-tu bien ne pas pleurer, animal! — Ah! il était temps que cette confidence me réveillât, je ne sais pas où j'allais. (Se boutonnant.) N'y pensons plus. (Il chante.) Tra deri dera... Elle ne l'aime peut-être pas?... Oh! si, elle doit l'aimer. Assurons-nous-en, et puis-marions-les, car j'ai besoin de mettre une barrière entre elle et moi. - La voici !

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