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En avant, mon garçon, et d'un geste indigné
Objurgue le pouvoir à tes cris résigné :

<< Tyran, pourquoi pleut-il? Pour nourrir tes luzernes!
« Pourquoi ne pleut-il pas? Pour sécher nos citernes!
Trois vieillards ont été mordus hier par des chiens :
« Quand aura-t-on souci des jours des citoyens?

«< La lune nous insulte! elle nous fait les cornes :

<< Aux armes! tu te tais, lâche, tu la flagornes!

-

Je dénonce au pays les fureurs du conseil :

« Il expose l'armée à des coups de soleil !

<< -Comment donc ! non content d'abattre beaucoup d'ormes, « Le roi ne me fait pas ministre? des réformes!

<< A table, citoyens! Nous allons boire un coup

« Au progrès de l'idée et pérorer beaucoup.

« Ne craignez rien, bourgeois ennemis des sinistres : « Il s'agit seulement de changer les ministres. >>

Mais où tu ne croyais ouvrir qu'un courant d'air,
Le tonnerre est entré tu n'as pas vu l'éclair.
Tout croule, tout s'abîme, et voilà l'anarchie!
A quoi tenais-tu donc, ô vieille monarchie?
Seule une veuve auguste incorruptible deuil!
Ses enfants à la main, a paru sur ton seuil.
Combats à ses côtés, bavard, et que ta langue
Prononce dans ta vie une utile harangue!
Une voix peut dompter le tumulte indécis;
C'est un beau rôle à prendre, et si tu réussis...

Mais non! des nouveaux rois voici passer la liste;
Rengaîne ton discours et te mets à la piste.
Quand on peut être pape, au diable l'évêché!
Dépêche-toi le trône est au premier perché.
Escalade, retombe et reviens à la charge;
Parbleu pour un de plus la place est assez large!

Eh bien, mon brave, es-tu satisfait cette fois?
Victoire! te voilà grimpé sur le pavois !

Mais le pavois n'est plus, en ce temps de tourmente,
Qu'un couvercle tremblant de marmite écumante;
Il va sauter sous toi, si tu n'éteins le feu :
On te l'avait bien dit, que c'est un vilain jeu!
La flamme, par tes mains éveillée, est grandie;
De proche en proche elle est devenue incendie.
Vois-tu Raspail, Blanqui, Louis Blanc et Proudhon
A ton feu de copeaux allumer leur brandon?
Entends-les tous souffler au monde leur menace,
Ceux qui veulent changer la pauvreté de place,
Ceux qui veulent servir Platon par Guillotin,
Ceux qui ne savent pas ce qu'ils veulent enfin !
Écoute sous tes pieds, bel allumeur de paille,
Bouillir tout ce qui souffre et tout ce qui travaille,
Les brutes et les fous, les pauvres, les bandits,
Les bons et les mauvais, le bouge et le taudis.
Làche sur le brasier ton robinet d'eau tiède...
Aspersion tardive! inutile remède!

Le trouble te reprend ce qu'il t'avait conquis;
Ton heure est arrivée: allons, saute, marquis!
Ton règne n'aura pas été long, mais l'histoire
L'a cependant inscrit au livre expiatoire.
Ta chute servira de juge à ta grandeur;
Et, de l'enseignement sondant la profondeur,
Nos arrière-neveux... Mais, hélas ! quel exemple
Profitera jamais à l'œil qui le contemple?
Nas arrière-neveux, oubliant tes dégâts,
Pour régner comme toi se feront avocats.

Laroche-Sanglars, septet 1850.

FIN.

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