1 au moment où M. de Vurmser vint à Fribourg me le dire de leur part. Je retournai à Réel, et j'appris peu de jours après, pour la première fois, que leurs altesses royales avaient adressé directement aux troupes prêtes à sortir de France l'ordre d'y demeurer; j'écrivis sur-le-champ à leurs commandans que dès-lors je ne pouvais plus me permettre de conseils ni de correspondance avec eux, et que mon devoir envers leurs altesses royales me prescrivait cette conduite. Mon respect pour l'empereur me prescrivait en même temps de lui rendre compte que ce même droit m'otoit la liberté de m'occuper davantage de la commission qu'il m'avait donnée, je l'ai fait; j'aurais été alors sur-le-champ près de leurs altesses royales, leur rendre compte de ma conduite si je n'avais été retenu par des motifs que je supplie leurs altesses royales de prendre en considération. S'ils ne leur semblaient pas aussi puissans que je les ai jugés l'être, si la délicatesse me les avait exagérés, ce serait au plus une erreur excusable, et ce ne peut être un crime aux yeux de leurs altesses royales; je les supplie de se rappeler ce que j'ai tente et entrepris en Franche-Comté pour les servir. Si j'ai mis de la persévérence à appeler des troupes françaises dans le Brisgaw, c'était encore pour elles, et pour le service de la cause générale. J'ai, dans le temps, expressément prié M. de Vurmser d'en renouveler l'assurance à leurs altesses royales, et j'espère qu'il ne l'a pas négligé. १. Enfin, si je n'ai pas été à Coblentz, c'est parce que je savais qu'autour de leurs altesses royales on me supposait des torts imaginaires, qu'on les faisait remonter jusqu'au temps du commencement des Etats-Généraux; que quoique mes sentimens aient toujours été et soient invariablement, malgré ce que mes ennemis se permettent d'en dire, ceux d'un royaliste pur et zélé, mes principes n'en étoient pas moins calomniés, mes actions dénaturées, et jusqu'à mes intentions suspectées. Je savais qu'on osait dire, répéter autour de leurs altesses royales, répandre, et jusques dans ce pays-ci, tout ce que la malveillance peut enfanter de plus détestable et de plus propre à blesser un homme qui a vécu cinquante ans sans reproches. Je savais que des hommes, dont les noms ne sont malheureusement jamais venus jusqu'à ma connaissance, mais qui existent, étaient as ez coupables pour débiter que je voulais donner les troupes françaises à l'empereur, et coopérer de tous mes moyens à un projet imaginaire qu'ils enfantaient, et qu'ils prêtoient à ce prince de démembrer l'Alsace. Je savais qu'on s'efforçoit de rendre suspect mon voyage à Vienne, vovage dont j'ai pris la liberté de prévenir leurs altesses royales et le roi luimême, et où des recommandations infiniment honorables m'ont suivi; voyage dans lequel toutes mes démarches ont été connues de M. le duc de Polignac, qui leur a rendu un témoignage non-équivoque auprès de leurs altesses royales. Je savais qu'on faisoit par 1 , tager tant de torts et de crimes chimériques à M. le comte d'Esclans, mon aide-de-camp, des principes duquel je réponds, et à M. de Valery, mon neveu, lieutenant-colonel du régiment Dauphin, cavalerie. Ce dernier, l'homme le plus attaché à ses devoirs qui, lorsque les officiers de ce régiment l'ont quitté, au moment de son départ d'Alsace, n'a eu le courage d'y rester que dans l'espoirde le ramener au bord du Rhin, pour le pouvoir conduire à leurs altesses royales, dès qu'il y serait autorisé par elles; M. de Valery, dis-je, a reçu de la part des officiers de ce régiment la lettre la plus injuste, puisqu'ils lui annoncent qu'ils le séparent d'eux. Voilà la position des trois fidèles serviteurs du roi et de leurs altesses royales ; nous ne serons jamais embarrassés de rendre compte de notre conduite; mais dans le repos d'une conscience irréprochable, résolus de ne pas nous séparer, ayant depuis deux ans couru la même fortune, nous avons cru ne devoir pas aller à Coblentz, et nous tenir éloignés des lieux où le sentiment commun à tous les bons Français nous appelait chaque jour, mais où des exemples, malheureusement fréquens, nous ont appris que des gens bien intentionnés avaient, contre le gré même de leurs altesses royales, éprouvé des injustices et des humiliations auxquelles la prévoyance et Phonneur ne permettent pas de s'exposer. Le roi a daigné approuver ma conduite, me le dire et me le faire mander; leurs altesses royales m'ont honoré de témoignages Signé, le marquis DE TOULONGEON, Certifié conforme à l'original par les membres de la Commission des Vingt-un, soussignés. Signé, Charles Cochon, D. fricheValazé, Poullain-Grandprey, Borie, Duprat et Pelissier. No. XX ΧΙΧ. Lettre du roi à l'évêque de Clermont. Je viens, M. l'évêque, ın'adresser à vous avec confiance, comme à une des personnes du clergé qui a montré constamment le zèle 1 , le plus éclairé pour la religion; c'est pour mes pâques que je viens vous consulter: puisje les faire, et dois-je les faire dans la quinzaine? Vous connaissez le malheureux cas où je me trouve par l'acceptation des décrets sur le clergé, j'ai toujours regardé leur acceptation comme un acte forcé n'ayant jamais hésité, pour ce qui me regarde, à rester toujours uni aux pasteurs catholiques; et étant fermement résolu, si je venais à recouvrer ma puissance, à rétablir pleinement le culte catholique. Un prêtre que j'ai vu, pense que ces sentimens peuvent suffire, et que je peux faire mes pâques; mais vous êtes plus à portée de voir ce qu'en pense l'église en général, et les circonstances où nous nous trouvons; si d'une part cela ne scandaliserait pas les uns; et de l'autre je vois les novateurs, (raison, à la vérité, qui ne peut pas compter dans la balance) parler presque déjà avec menace. Je vous prie de voir sur cela les évêques que vous jugerez à propos, et de la discrétion desquels vous serez sûr. Je désire aussi que vous me répondiez demain avant midi, et me renvoyiez ma lettre. Signé, Louis. Certifié conforme à l'original par les membres de la Commission des vingt-un, soussignés. Signé, Charles Cochon, DufricheValazé, Poullain-Grandprey, Borie, Duprat et Pelissier. : |