Séance du Lundi 22 Janvier 1792, l'an deuxième de la Républiqne française. Le conseil exécutif adresse à la Convention nationale le procès-verbal de l'exécution de Louis Capet. Lamarque. Lorsque le tyran n'est plus, ses crimes sont expiés. Faisons la guerre à la tyrannie, et oublions les tyrans. L'Assemblée passe à l'ordre du jour. Rapport de l'exécution de Louis Capet, fait à la Commune de Paris, le même jour lundi 22 janvier 1793, l'an II de la République française. JACQUES Roux, prêtre, l'un des commissaires nommés par la commune, pour assister à l'exécution de Louis, prend la pa role : Nous venons rendre compte de la mission dont nous étions chargés: nous nous sommes transportés au Temple; là, nous avons annoncé au tyran que l'heure du supplice était arrivée. : Il a demandé d'être quelques minutes seul avec son confesseur; il a voulu nous charger d'un paquet pour vous remettre; nous lui avons observé que nous n'étions chargés que de le conduire à l'échafaud; il a répondu : c'est juste. Il a remis ce paquet à un de nos collègues, et a recommandé sa famille et demandé que Cléry, son valet-de-chambre, soit celui de la reine: avec précipitation il a dit sa femme. De plus, il a demandé que ses anciens serviteurs de Versailles ne fussent pas oubliés. Il a dit à Santerre: marchons. Il a traversé une cour à pied, et monté en voiture dans la seconde. Pendant la route, le plus grand silence a régné. Il n'est arrivé aucun événement; nous sommes montés dans les bureaux de la marine pour dresser procès-verbal de l'exécution; nous n'avons pas quitté Capet des yeux jusqu'à la guillotine; il est arrivé à dix heures dix minutes, il a été trois minutes à descendre de la voiture; il a voulu parler au peuple, Santerre s'y est opposé; sa tête est tombée. - Après la rédaction du procès-verbal, nous nous sommes rendus à la chambre du conseil exécutif provisoire, qui maintenant s'occupe de la recherche de l'assassin de SaintFargeau; notre unique empressement a été de vous en rendre compte. Santerre. On vient de vous rendre un compte exact de ce qui s'est passé; je n'ai qu'à me louer de la force armée qui a été on ne peut pas plus obéissante. Louis Capet pet a voulu parler de commisération au peuple, mais je l'en ai empêché, pour que la loi reçût son exécution. Testament de Louis CAPET, tel qu'il a été envoyé par la Commune au Conseil exécutif. A u nom de la très-sainte Trinité, du Père, du Fils et du Saint-Esprit, aujourd'hui, vingt - cinquième jour de décembre 1792, moi, Louis XVI du nom, roi de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toutes communications quelconques, même depuis le 10 du courant, avec ma famille; de plus, impliqué dans un procès dont il est impossible de prévoir l'issue, à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune loi existante, n'ayant que Dieu pour témoin de mes pensées, et auquel je puisse m'adresser. Je déclare ici en sa présence mes dernières volontés et mes sentimens. Je laisse mon ame à Dieu mon créateur, je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d'après ses mérites, mais par ceux de notre seigneur Jésus-Christ, qui s'est offert en sacrifice à Dieu son père, pour nous autres hommes, quelqu'endurcis que nous fussions, et moi le premier. Je meurs dans l'union de notre sainte mère l'église catholique, apostolique et romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de S. Pierre, auquel JésusChrist les avait confiés; je crois fermement, et je confesse tout ce qui est contenu dans le symbole et les commandemens de Dieu et de l'Eglise, les sacremens et les mystères, tels que l'église catholique les enseigne et les a toujours enseignés; je n'ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d'expliquer les dogmes qui déchirent l'église de Jésus-Christ; mais je m'en suis rapporté et m'en rapporterai toujours, si Dieu m'accorde la vie, aux décisions que les supérieurs ecclésiastiques, unis à la sainte église catholique, donnent et donneront conformément à la discipline de l'église, suivie depuis Jésus-Christ. Je plains de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans l'erreur, mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en Jésus-Christ, suivant ce que la charité chrétienne nous enseigne, et je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés; j'ai cherché à les connaître scrupuleusement, à les détester et à m'humilier en sa présence; ne pouvant me servir du ministère d'un prêtre catholique, je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite, et sur-tout le repentir profond que j'ai d'avoir mis mon nom (quoique cela fût contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l'église catholique, à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de cœur. Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis, s'il m'accorde la vie, de me servir aussitôt que je le pourrai, du ministère d'un prêtre catholique, pour m'accuser de tous mes péchés et recevoir le sacrement de pé nitence. Je prie tous ceux que je pourrais avoir offenses par inadvertence, (car je ne me rappelle pas d'avoir fait sciemment aucune offense à personne) ou ceux à qui j'aurais pu avoir donné de mauvais exemples ou des scandales, de me pardonner le mal qu'ils croient que je peux leur avoir fait. Je prie tous ceux qui ont de la charité, d'unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés. Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont fait mes ennemis, sans que je leur en aie donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui, par un faux zèle ou par un zèle mal - entendu, m'ont fait beaucoup de mal. Je recommande à Dien, ma femme et mes enfaus, ma sœur, mes tantes, mes frères et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang ou par quelque autre manière que ce puisse être; je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfans et ma sœur, qui souffrent depuis long-temps avec moi; de les soutenir par sa grâce, s'ils viennent à me perdre, et tant qu'ils resteront dans ce monde périssable. Je recommande mes enfans à ma femme, je n'ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour eux, je lui recommande sur-tout d'en faire de bons chrétiens et d'honnêtes |