. verra plus qu'un frère dans celui qui habite les bords de l'Océan. M. Briffot de Warville vous a dit qu'il n'y avoit pas moyen que le commerce se servit utilement pour la Province des billets de la Caiffe parce qu'il en coûteroits pour cent pour en assurer le transport par la poste. J'aurai l'honneur de lui observer que ceux dont il est question ne feront pas fufceptibles de ce droit, puisqu'ils auront la forme des lettres-de-change, & qu'il n'est jamais arrivé que des Négocians ayent payé une prime pour faire passer sûrement les remises qu'ils font à leurs Correspondans. Il ajoute encore un reproche à tous ceux qu'il a adressés à vos Commissaires, en les blamant de n'avoir pas exigé que la Caisse d'Escompte fasse le paiement journalier d'une fomme égale à celle que le Public defire. Vos Commissaires vous ont dit avec vérité que jamais la Caisse n'avoit pris d'engagement à i cet égard, & qu'ils ne pouvoient lui prescrire une loi que l'Assemblée Nationale n'avoit jugé ni prudent, ni convenable de lui impofer. Vos Commissaires vous ont encore dit avec vérité que c'étoit elle qui fournissoit tous les jours le prêt des Gardes Nationales Parifiennes foldées; que c'étoit elle qui faifoit les fonds def ! tinés au paiement des Ouvriers employés dans les travaux publics, & qu'elle s'engageoit en outre de payer par mois deux millions cinq cents mille livres, pour lesquels ils vous ont offert un mode de répartition qu'ils ont foumis à votre sagesse. Je crois, Messieurs, avoir répondu à toutes les plaintes qu'on a élevées, tant contre la Caisse d'Escompte, que contre le rapport de vos Commissaires. Je pense donc que vous n'adopterez pas le projet d'adresse qui vous a été proposé, pour demander à l'Assemblée Nationale qu'elle ordonne la liquidation d'une Caisse qu'elle a jugé utile dans les circonstances où nous nous trouvons. Je pense donc que vous ne la prierez pas de substituer aux billets de la Caisse qui doivent être retirés de la circulation d'ici au premier Juillet prochain, un papier qui, en portant un intérêt des pour cent, nous rappelleroit celui dont l'existence a dans les premières années du règne du feu Roi, occasionné le renversement de toutes les fortunes. Je pense donc que vous ne lui demanderez pas qu'elle change ses Décrets des 19 & 21 Décembre dernier, ni qu'elle autorise, par l'es tablissement de 60 Bureaux de Changeurs libres dans leurs prétentions, la vente des espèces qui, sans l'astuce des ennemis de la révolution, fe montreroient aussi ouvertement que par le paflé. Je pense donc que vous ne demanderez pas qu'il soit créé des billets de 48, 96 & 192 1., parce que vous appercevrez que leur présence ne feroit qu'aggraver le mal auquel vous voulez apporter des adoucissemens. Je pense donc que vous ne demanderez pas qu'il soit ajouté une prime aux billets de Caisse, parce que vous fentirez qu'elle nuiroit à la vente des affignats, & pourroit être très-préjudiciable aux effets du commerce dont elle gêneroit la négociation. Je pense donc, que pénétrés de respect pour l'Affemblée des Législateurs suprêmes de la Nation, vous ne lui ferez par l'injure de lui demander qu'elle change fon Comité de Finance, & que par l'expreffion d'un vœu aussi contraire à la foumission que nous lui devons, vous ne démentirez pas l'adhésion formelle que vous avez donnée à tous fes Décrets, & qu'enfin la Capitale n'offrira pas le dangereux exemple d'une prétention qui réaliseroit l'ef poir de nos ennemis par les conféquences terribles qu'elle entraîneroit. Le moment approche, Messieurs, où nous allons être remplacés, où d'autres amis de la chose publique viendront remplir à leur tour P'honorable, mais pénible devoir de veiller pour leurs Concitoyens; & nous, nous retournerons dans nos Districts nous rentrerons dans nos familles, & nous y porterons cette douce fatisfaction qui est la récompense d'une confcience pure. Ne souffrons donc pas qu'aucun sentiment douloureux vienne mêler son amertume au souvenir des foins que nous avons pris pour répondre dignement à la confiance de nos Commettans. A ce témoignage secret qui fait le bonheur de l'homme de bien, se réunira l'eftime de ceux qui nous ont choisis; & ils nous la refuseroient, cette estime, fi nous pouvions oublier un moment que nous sommes les Représentans d'un Peuple qui a pour l'Assemblée Nationale cette tendre vénération, ce profond respect qui fait l'union des pères & des en fans. Je supplie les honorables Membres, dont j'ai combattu les opinions, de croire qu'aucun sentiment étranger à l'amour de mon Pays, à celui que j'ai voué à mes Concitoyens dé toutes les classes, ne m'a inspiré, & que si j'adhère aux conclufions qui vous ont été présentées par vos Commissaires, c'est parce que je pense que nous ne pouvons prendre un parti plus analogue aux circonstances, & plus falutaire pour la Capitale. NOTE DE L'ÉDITEUR. M. Briffot de Warville, dans le Discours qu'il a lu à l'Assemblée de la Commune le 10 Février, a dit que tous les subsides étoient en pleine recette, à l'exception cependant des Aides, de la Gabelle & de la ferme du Tabac. Il s'y est plaint de ce que l'on ne connoissoit pas le montant de la vaisselle d'argent & des bijoux envoyés à la Monnoie, & enfin de ce que le Public ignoroit l'emploi des espèces qui en étoient le produit. Il y a de plus invité les Représentans de la Commune à fupplier l'Assemblée Nationale de changer les Membres de fon Comité de Finance. A Paris chez CLOUSIER, Imprimeur, rue de Sorbonne. |