le plomb, le carton et les couleurs importées en Amérique. Les colonies se récrièrent contre cette nouvelle disposition; et l'esprit de mécontentement se manifestant de plus en plus, le parlement, par un bill rendu en 1769, ordonna l'envoi de troupes en Amérique, pour y faire respecter sa suprématie. Lord North, étant parvenu en 1770, à la tête de l'administration, fit rendre un bill qui, abolissant toutes les taxes, ne laissait subsister que celle sur le thé. La compagnie des Indes qui en avait une grande quantité dans ses magasins, en fit charger, en 1773, trois vaisseaux qui se rendirent à Boston. Une assemblée des citoyens de cette ville arrêta, que les cargaisons de thé ne seraient point débarquées, et que les capitaines les rapporteraient en Angleterre. Le gouverneur de Boston ayant refusé de faire exécuter cet arrêté, le peuple soulevé, jeta à la mer trois cent quarante-deux caisses de thé apportées sur les trois navires anglais. Voulant punir les Bostoniens de cet acte de rébellion, ainsi que de plusieurs outrages faits aux fonctionnaires de l'autorité royale ('), le parlement rendit, en 1774, un (1) Un chef des douanes de Boston ayant hautement désapprouvé la conduite des habitants mutinés, fut goudronné et emplumé de la tête aux pieds, exposé trois jours aux insultes de la populace, conduit au pied de la potence, frappé de verges et contraint à remercier le peuple de ce qu'il lui accordait la vie. Le général Hutschin son, sur la dénonciation des habitants de la campagne, fut, par ordre du comité bostonien, promené en effigie sur un tombereau; et la même effigie, après avoir été exposée deux heures sur la place publique, fut brûlée au pied du gibet. bill qui mettait le port de Boston en interdit, y supprimait la douane, et déclarait infracteur des lois et comme tel punissable, tout individu qui ferait un chargement, dans cette ville et son district de marchandises, etc. Le parlement, par d'autres bills supprima la charte du gouvernement démocratique de Massachussets; y substitua le gouvernement royal, et autorisa encore le gouvernement des colonies à traduire en Angleterre les Américains accusés de rébellion, pour y être jugés à la cour du banc du roi. Le général Gaye fut envoyé en même temps à Boston, avec des troupes et des vaisseaux pour faire exécuter les bills que le peuple de Boston avait brûlés. Un comité formé dans cette ville, et auquel assistaient plusieurs députés des autres provinces, publia un acte intitulé: Convention solennelle. Par cet acte les Bostoniens déclarèrent qu'à compter du 30 août de l'année suivante, ils rompraient toute relation de commerce avec la métropole. Divers comités formés dans les autres provinces anglo-américaines, se décidèrent peu après à former à Philadelphie, un congrès général composé des députés des différentes colonies, dont l'ouverture se fit à la fin de 1774. Ce congrès déclara injuste, oppressif et inconstitutionnel le dernier acte du parlement contre la province du Massachussets; arrêta de repousser la force par la force, et de présenter une adresse au roi et à la chambre des communes. Au mois de février 1775, le parlement rendit de nouveaux bills contre les colonies. En même temps, le ministère anglais fit passer des renforts au géné ral Gaye. Les premières hostilités entre les Anglais et les Américains, éclatèrent le 19 avril 1775, et elles furent le signal d'une insurrection générale dans presque toutes les colonies. Des combats et des siéges meurtriers eurent lieu de part et d'autre, mais avec des succès divers, qui pourtant furent assez souvent favorables aux Américains, dont Georges Washington était général en chef. Le 4 juillet 1776, les treize colonies confédérées, dont les députés s'étaient prononcés en faveur de l'indépendance, rompirent tous leurs liens avec la couronne d'Angleterre en se déclarant indépendantes et libres. Voici le manifeste que le congrès fit publier pour justifier sa résolution. N. I. Déclaration des représentants des États-Unis de l'Amérique, assemblés en congrès général, le 4 juillet 1776 ('). Lorsque, dans le cours des événements humains, il devient nécessaire pour un peuple de dissoudre les liens politiques, qui l'ont attaché jusqu' alors à un autre, et de prendre entre les puissances de la terre l'état séparé et égal, auquel la loi de la nature et le maître suprême qui la gouverne, lui donnent droit; alors un respect convenable (1) Cette déclaration qui fut attribuée particulièrement à Jefferson, excita un enthousiasme général dans toutes les provinces, et l'on prit les résolutions les plus vigoureuses pour la défense de la liberté et de l'indépendance. Ce fut le 4 octobre 1776, que toutes les provinces y ayant accédé, il fut conclu une confédération générale entre les treize états qui prirent par cet acte le titre d'États-Unis de l'Amérique septentrionale. pour l'opinion des hommes exige, qu'il expose les raisons qui le portent à cette séparation. Nous regardons comme des vérités évidentes par ellesmêmes, que tous les hommes ont été créés égaux; qu'ils ,,ont reçu de leur Créateur certains droits inaliénables; qu'au ,,nombre de ces droits sont la vie, la liberté et la recherche ,,du bonheur; que c'est pour assurer ces droits que les gou,,vernements ont été institués parmi les hommes, et qu'ils „ne tirent leur juste pouvoir que du consentement de ceux ,,qui sont gouvernés; que toutes les fois, qu'une forme de ,,gouvernement devient destructive de ces fins, le peuple est en „droit de l'altérer ou de l'abolir, et d'instituer un nouveau ,,gouvernement, en établissant ses fondements sur les prin„cipes et en organisant ses pouvoirs en la forme, qui lui „paraitra la plus propre pour effectuer sa sûreté et son bon,,heur." La prudence veut, il est vrai, que des gouvernements établis depuis un long temps ne soient point changés pour des causes légères et passagères; et par cette raison l'expérience de tous les siècles a aussi prouvé, que le genre humain est plus disposé à souffrir, aussi longtemps que les maux sont supportables, qu'à se faire droit à luimême, en abolissant des formes, auxquelles il est accoutumé. Mais, lorsque une longue suite d'abus et d'usurpations, ayant invariablement le même objet pour but, prouve évidemment un dessein de soumettre le peuple à un despotisme absolu, il est en droit, il est même de son devoir, de secouer le joug d'un pareil gouvernement, et de se pourvoir de nouveaux gardiens pour sa sûreté future. Telle a été la patiente longanimité de ces colonies, et telle est à présent la nécessité, qui les force à altérer le L'histoire du système de leurs précédents gouvernements. présent de la Grande-Bretagne est une histoire d'injustices et d'usurpations réitérées, tout ayant directement pour objet l'établissement d'une tyrannie absolue sur ce pays. Pour le prouver, soumettons les faits au jugement du monde impartial. Il a refusé de donner son consentement à des lois, les plus salutaires et les plus nécessaires pour le bien public. Il a défendu à ses gouverneurs de passer des lois d'une importance immédiate et pressante, à moins qu'elles ne fussent suspendues dans leur effet, jusqu'à ce qu'on eût obtenu son consentement; et lorsqu'elles ont été ainsi suspendues, il a finalement négligé d'y faire aucune attention. Il a refusé de passer d'autres lois pour assigner de grandes étendues de terrain à des habitants, à moins que ces habitants ne renonçassent à leur droit d'avoir des représentants dans le corps législatif, droit inestimable pour eux, et uniquement à craindre pour des tyrans. Il a convoqué les corps législatifs en des places inusitées, incommodes et éloignées du dépôt des archives publiques, uniquement dans la vue de les fatiguer au point de se soumettre à ses mesures. Il a itérativement dissous les chambres des représentants, pour s'être opposées avec une fermeté mâle aux atteintes, qu'il portait aux droits du peuple. Il a refusé pendant un long temps après les avoir ainsi dissoutes, d'en faire établir d'autres; au moyen de quoi le pouvoir législatif, ne pouvant être absolument annihilé, est retombé au peuple en corps, qui a dû l'exercer; l'état restant en attendant exposé à tous les dangers d'une invasion au dehors et à des convulsions au dedans. Il s'est efforcé de prévenir la population de ces états; empêchant dans cette vue des lois pour naturaliser des étrangers; refusant d'en passer d'autres pour les encourager à se transplanter ici; et haussant les conditions de nouvelles attributions de terrain. Il a mis des entraves à l'administration de la justice, en refusant de consentir à des lois pour établir des pouvoirs judiciaires. Il a nommé des juges uniquement dépendants de sa volonté, tant à l'égard de la conservation de leurs places que du montant et du payement de leurs salaires. |