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tants d'Édimbourg, donna l'ordre que le conseil du gouvernement fût transporté à Linlithgow, de là à Stirling, et ensuite à Dundee. Le roi fit accompagner cet ordre d'une proclamation par laquelle il enjoignait aux presbytériens de se disperser immédiatement, sous peine d'être traités comme des rebelles. Mais les disciples de Knox, qui gagnaient chaque jour du terrain, au lieu d'obéir, demandèrent d'une voix impérative qu'on retirât sur-le-champ la liturgie anglicane, et, bien loin de se disperser, signèrent un covenant, ou acte d'association par lequel ils s'engageaient à maintenir la forme de leur culte et à repousser toute innovation, soit dans le dogme, soit dans la liturgie, soit dans la hiérarchie. Les signataires de ce pacte furent nommés covenantaires. Ils eurent une grande réunion, le 1er mars 1638, dans l'église de Saint-Giles et plusieurs milliers d'Ecossais appartenant à toutes les classes de la société jurèrent, dès le premier jour, fidélité au covenant. L'Écosse se trouva dès lors divisée en deux partis, celui des covenantaires et celui des non-covenantaires. Le premier comprenait l'immense majorité des habitants, le second se composait des catholiques, alors fort peu nombreux, de la plupart des fonctionnaires publics et de tous ceux qui ne voulaient pas rompre avec le gouvernement anglais, bien qu'appartenant à la religion réformée.

En 1639, Charles comprit que la force seule pourrait plier les presbytériens à ses ordres, et il marcha contre l'Écosse à la tête de plus de vingt mille hommes. Les ministres puritains, de leur côté, appelèrent leurs frères aux armes, et quand le roi arriva, au mois de mai, sur les frontières, il y trouva réunies des forces aussi nombreuses que les siennes, et commandées par un habile homme de guerre, Alexandre Lesly, formé à l'école de GustaveAdolphe. Il y avait même cette différence, à l'avantage des Écossais, que leurs troupes étaient animées du plus profond enthousiasme, tandis que la plupart des soldats du roi étaient tout disposés à le quitter pour passer aux presbytériens. Il crut donc plus sûr d'entrer en pourparler avec les rebelles, et le 24 juin les deux armées furent licenciées d'un commun accord. Les covenantaires gardaient leur organisa

tion, leur église intactes; le roi retournait à Londres déconsidéré, sans armée, sans argent.

Quatrième parlement, dit court parlement (1640); expédition de Strafford contre les Écossais.

Charles ne pouvait se résigner à la cruelle humiliation que venait d'éprouver son orgueil : celle d'avoir été réduit à traiter avec les presbytériens écossais, qui n'étaient, à ses yeux, que des traitres, que des rebelles. Voulant, à tout prix, se procurer de l'argent pour recommencer la guerre, il rappela d'Irlande1, où il résidait depuis 1633, en qualité de lord député ou gouverneur, Wentworth, qu'il créa comte de Strafford, et se décida à demander des subsides à un quatrième parlement. Onze ans s'étaient écoulés depuis la dissolution du troisième, onze ans de despotisme, onze ans de persécutions religieuses, onze ans d'oppression fiscale, d'injustices, d'illégalités de tout genre. Aussi, quand le roi parla de la trahison des Écossais, de leur correspondance avec le cardinal de Richelieu, qui leur envoyait de l'argent et des armes, de la nécessité de les attaquer immédiatement et de voter avant tout des subsides, la nouvelle chambre se montra fermement résolue à ne rien accorder tant qu'il n'aurait pas été fait droit aux justes griefs de la nation. Charles, irrité, prononça la dissolution de ce parlement moins d'un mois après sa réunion (13 avril-4 mai).

C'est dans une des séances peu nombreuses de ce parlement si court que Philippe Warwick, qui nous a laissé de curieux mémoires sur le règne de Charles Ier, vit pour la première fois Cromwell. « Je vins, dit-il, un matin dans la salle, et j'aperçus un gentilhomme qui parlait. L'orateur avait une tenue qui me donna la conviction qu'il était peu habitué à ces sortes d'assemblées, car il portait un vilain habillement qui semblait avoir été fait par un mauvais tailleur de campagne. Son linge était grossier et pas très-propre. Il y avait, je me rappelle, une tache ou deux de sang sur

1. Ce pays eut beaucoup plus à se louer que l'Angleterre de l'administration de Strafford. Cet homme énergique employa toute la fermeté de son caractère à tempérer tout à la fois le zèle persécuteur des évêques anglicans et le zèle séditieux des moines catholiques. Jamais l'Irlande n'avait été moins malheureuse que sous son gouvernement.

son rabat. Son chapeau n'avait pas de cordon. Il était de moyenne taille; son épée était fixée à son côté; il avait l'air opiniâtre et animé. Sa voix était aigre et discordante, et sa parole pleine de ferveur. »

L'ardeur de Charles et de ses ministres à se venger des Écossais était telle que Strafford, à peine remis d'une maladie qui l'avait conduit aux portes du tombeau, se mit en marche pour le nord. Il devait, d'après la volonté du roi, commander lui-même l'armée destinée à combattre les Écossais. On lui annonça, en route, que ces derniers, prenant l'offensive, étaient entrés en Angleterre (21 août), et qu'ils avaient battu à Newburne (27 août), presque sans résistance, le premier corps anglais qui s'était trouvé sur leur chemin. En effet, les soldats de Charles Ier souhaitaient le triomphe des presbytériens, qu'on les envoyait combattre. Quand l'armée anglaise se trouva en face des Écossais, elle s'abandonna à l'indiscipline et même à de violents murmures; elle voyait le covenant flotter écrit sur leurs drapeaux; elle entendait le tambour appeler les troupes au sermon et leur camp retentir, au lever du soleil, du chant des psaumes et des prières. A ce spectacle, aux récits qui leur parvenaient de la pieuse ardeur et des dispositions amicales de l'Écosse pour le peuple anglais, les soldats s'attendrissaient et s'indignaient tour à tour, maudissant cette guerre impie, et déjà vaincus, car ils croyaient combattre leurs frères et leur Dieu. Arrivés au bord de la Tyne, les Écossais, sans démonstration hostile, demandèrent la permission de passer. Une sentinelle anglaise fit feu, quelques coups de canon lui répondirent; à peine une action fut engagée; l'armée se dispersa, et Strafford n'en prit le commandement que pour se replier jusqu'à York, laissant les Écossais occuper sans obstacle le pays et les places situés entre cette ville et la frontière des deux royaumes.

Cinquième parlement, dit long parlement (3 nov. 1640); supplice de Strafford (1641).

Le presbytérianisme écossais triomphait pour la seconde fois. Le roi, ne pouvant plus compter sur son armée, et à

bout d'argent, recourut à un cinquième parlement. C'est ce long parlement qui allait faire expier aux Stuarts et leur despotisme et celui des Tudors. Au moment où la monarchie absolue s'établissait et se consolidait dans tout le reste de l'Europe, la liberté allait trouver un refuge et son triomphe dans l'île de Bretagne.

Le 5 novembre 1640, jour fixé pour l'ouverture du parlement, Charles se rendit à Westminster sans pompe, presque sans suite, non à cheval et le long des rues, selon l'usage, mais par la Tamise, dans une simple barque, craignant les regards comme un vaincu qui suit le triomphe de son vainqueur. Les députés, au contraire, avaient conscience de leur force et de leur bon droit; jamais les visages n'avaient paru si fiers en présence du souverain. Dès le début de la session, quarante comités furent institués dans la chambre pour rechercher les abus et recevoir les plaintes des citoyens. Bientôt, à l'improbation des actes se joignit la proscription générale des auteurs. Tout agent de la couronne, quel que fût son rang, qui avait pris part à l'exécution des mesures réprouvées, fut marqué du nom de délinquant. Dans chaque comté, une liste des délinquants fut dressée. Aucune peine uniforme et définitive ne fut portée contre eux; mais ils pouvaient chaque jour, au gré de la chambre, au moindre prétexte de nouvelle défaveur, être appelés devant elle, et punis par des amendes, l'emprisonnement ou la confiscation. Quant à celui que la haine publique ne désignait que sous le nom du grand délinquant, la peine capitale semblait seule capable de lui faire expier son apostasie et son long despotisme.

Traître à la cause des libertés publiques, conseiller ou exécuteur impitoyable de toutes les mesures de rigueur, Strafford a cependant rencontré de nombreuses sympathies. En présence de sa fin héroïque, en présence surtout de la générosité avec laquelle il offrit sa vie à son souverain, on a oublié toutes ses fautes. Mais l'histoire doit rappeler qu'elles furent énormes, et ceux qui accusent de cruauté les ennemis du ministre ne savent pas à quel point luimême se montrait implacable. Lorsque Hampden, cet

homme si doux, si affable, qui était aimé même de ses adversaires, fut mis en jugement, Wentworth écrivit à Laud qu'il désirait que Hampden et toutes les personnes qui lui ressemblaient fussent fouettés jusqu'au sang, de manière que la corde s'usát sur leur dos. En Irlande, il déploya de grands talents, mais aussi la plus grande dureté. Lord Mountnorris, vice-trésorier d'Irlande, ayant blâmé amèrement l'administration du lord député, celui-ci le traduisit, pour ce seul fait, devant une cour martiale qu'il présidait lui-même en sa qualité de commandant en chef. Mountnorris fut condamné à payer une amende considérable et à être ensuite fusillé. Le roi ne voulut pas que la dernière partie de la sentence fût exécutée, mais Mountnorris fut jeté en prison; on le sépara de sa femme et de ses enfants; on le dépouilla de tous ses emplois, et sa place de vice-trésorier fut donnée à un ami de Wentworth. Lorsque Strafford marcha contre les Écossais, il arriva, de plusieurs comtés, des pétitions pour supplier le roi de faire la paix. Les lords. Wharton et Howard se hasardèrent à en présenter une; Strafford les fit arrêter, convoqua un conseil de guerre et demanda qu'ils fussent fusillés en tête de l'armée comme fauteurs de la révolte. Il ne renonça à son projet de vengeance que sur l'observation de lord Hamilton, homme investi, comme lui, de la confiance de Charles, et qui lui fit observer qu'il n'était pas sûr que les soldats consentissent à exécuter la sentence. Après de tels faits, qu'il nous serait facile de multiplier, on doit comprendre la haine de la nation pour Strafford, et s'il la méritait.

Un des membres les plus influents du parlement, Pym, avocat presbytérien qui, dès le règne de Jacques Ier, avait attaqué les tendances despotiques du gouvernement, proposa aux communes de mettre Strafford en jugement comme criminel de haute trahison. Le ministre fut, en effet, traduit devant la chambre des lords, et, pendant dix-sept jours, il discuta seul contre treize accusateurs qui se relevaient tour à tour, les faits qui lui étaient imputés. Un grand nombre furent prouvés invinciblement, pleins d'iniquités et de tyrannie. Mais la chambre des lords n'était pas disposée à

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