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Ces décrets feront époque dans les arts, et trop de soins ne peuvent être apportés à leur exécution.

Des commissions chargés spécialement de la rédaction des projets doivent être prises dans le sein des Instituts de France, d'Italie, d'Amsterdam et des Académies de Rome, de Florence et de Turin. J'ai pensé que je devais vous entretenir du mode à adopter pour la formation de la commission à créer dans l'Institut impérial.

La quatrième classe, la classe des beaux-arts, parait d'abord être principalement appelée à s'occuper du monument à ériger. Mais les autres classes ont droit aussi à intervenir en cette circonstance et de cette réunion de toutes les classes, il y aura lieu d'attendre que les plans dressés seront dignes de fixer l'attention de l'empereur pour le choix du style du monument, de sa position, des inscriptions qui pourront accompagner celles que Sa Majesté elle-même a dictées.

Le parti auquel je croirais qu'il conviendrait de se fixer, ce serait de composer une commission de sept membres, dont quatre à nommer par la classe des beaux-arts et un dans chacune des autres classes.

La commission ainsi composée dresserait un projet. Les classes prendraient, chacune en particulier, connaissance de ce projet et feraient, par l'organe des membres de la commission, désignés dans leur sein, les observations dont le travail leur semblerait être susceptible.

Le projet étant ensuite discuté de nouveau et définitivement arrêté par la commission, celle-ci en ferait son rapport.

Mais ce rapport encore ne serait joint aux projets des autres Académies et adressé au Ministre pour être soumis à l'empereur, qu'accompagné d'un avis motivé de chacune des classes.

Telles sont les dispositions qui me paraîtraient dans le cas d'ètre faites pour assurer la meilleure exécution des intentions de Sa Majesté.

J'écris à MM. les Secrétaires perpétuels des trois autres classes de l'Institut impérial de France une lettre pareille à la présente.

Je vous invite à vous concerter avec MM. vos collègues pour convoquer les classes et provoquer les mesures nécessaires à l'assemblée générale qui doit se tenir à l'occasion du monument à élever au mont Cenis.

Je mettrai beaucoup de prix à être bientôt instruit du résultat des délibérations de la Compagnie.

Recevez, etc.

MONTALIVET.

Conformément aux intentions exprimées par le Ministre,

l'Institut désigna le 24 juin les commissaires suivants :

1 classe: Monge et Prony; Carnot, suppléant.

2o classe: Regnaud de Saint-Jean d'Angély et de Ségur;

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Secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences (1868-1884),
d'après le portrait lithographié par Lafosse.

3 classe: Quatremère de Quincy, de Laborde et Visconti. 4 classe: Fontaine, Denon, Percier, Dufourny et Peyre; Lemot, suppléant.

Ce grand dessein reçut un commencement d'exécution; l'Institut de France, en possession de nombreux projets, se préparait à les examiner conformément au règlement qu'il avait adopté dans la séance même où la communication des décrets qui précèdent lui avait été donnée; malheureusement il était trop tard, l'année 1813 s'achevait au milieu d'une conflagration générale qui allait ouvrir les portes de la France aux armées alliées.

Vient l'année 1814, Napoléon lutte avec l'énergie des meilleurs jours; mais les trahisons l'écrasent, son armée est épuisée, ses lieutenants sont battus, et les alliés ont, dans Paris même, noué des intelligences qui leur préparent l'entrée de la ville.

Le 3 avril, le Sénat consomme la défection en déclarant que << Napoléon est déchu du trône, le droit d'hérédité aboli dans sa famille, le peuple français et l'armée déliés du serment de fidélité ».

Le 5 avril, l'Institut de France, accablé par de si effroyables catastrophes, était mis en demeure, en sa qualité de corps constitué, d'adhérer à la déchéance de l'homme, qui, vaincu par une ambition démesurée, a vu pâlir son étoile et vient de laisser tomber le pays sanglant aux mains de l'étranger.

Le procès-verbal de la séance tenue par l'Institut a été conservé; il est conçu dans les termes suivants :

Le Secrétaire perpétuel demande la parole pour communiquer à l'Assemblée quelques propositions relatives aux circonstances. Il lit un discours qu'il termine en proposant de déclarer que l'Institut de France adhère à l'acte du Sénat qui prononce la déchéance de Napoléon Bonaparte et des membres de sa famille, ainsi qu'aux principes que ce corps a adoptés pour servir de base à la constitution nouvelle qu'il s'occupe à rédiger. Il ajoute que l'Assemblée jugera sans doute juste et convenable d'exprimer un sentiment de reconnaissance pour les sages mesures prises par le Gouvernement provisoire pour maintenir l'ordre et la tranquillité dans Paris, et pour assurer le succès du grand événement qui se prépare.

La discussion s'étant ouverte sur le discours, plusieurs membres proposent de faire quelques additions aux propositions qui le terminent.

On nomme une commission composée des quatre Bureaux, des membres de la Commission administrative et des membres qui ont fait des observations sur ce sujet. Les Commissaires se sont retirés pour aller délibérer, séance tenante, sur les changements proposés; leur rapport ayant été soumis à une nouvelle discussion, l'Assemblée a pris l'arrêté suivant :

« Pénétré des sentiments et des principes qui ont dirigé le Sénat et le Gouvernement provisoire dans ces circonstances mémorables, l'Institut arrête qu'il les remercîra solennellement des mesures salutaires qu'ils ont prises pour rendre à la France un monarque appelé par le vœu général, et pour donner à la nation une charte fondée sur des institutions fortes et en harmonie avec le progrès des lumières et l'état de la civilisation européenne.

« Il arrête en outre qu'il priera le Gouvernement provisoire de lui obtenir des souverains alliés la permission de leur exprimer la reconnaissance de tous les amis des Sciences, des Lettres et des Arts, pour la magnanimité avec laquelle ils ont protégé les monuments de cette Capitale et tant de dépôts précieux dont la conservation était si importante pour tous les peuples éclairés. »

Les Bureaux de l'Institut se rendront auprès du Gouvernement provisoire pour lui soumettre le présent arrêté.

Un membre propose d'arrêter que le discours du Secrétaire perpétuel sera inscrit au Procès Verbal. Un autre membre demande que, pour des raisons qu'il ne fait pas connaître, le discours ne soit pas inscrit.

L'Assemblée arrète que le discours ne sera pas inscrit au Procès Verbal.

Un autre membre demande qu'il soit fait des remerciments au Secrétaire perpétuel sur la mesure qu'il a provoquée et sur la manière dont il a exprimé les sentiments de l'Institut à cet égard. Sa proposition est adoptée.

Le 11 avril, Napoléon signait à Fontainebleau son abdication dans les termes suivants :

Les puissances alliées ayant proclamé que l'empereur Napoléon était le seul obstacle au rétablissement de la paix en Europe, l'empereur Napoléon, fidèle à son serment, déclare qu'il renonce pour lui et ses héritiers aux couronnes de France et d'Italie, et qu'il n'est aucun sacrifice personnel, même celui de la vie, qu'il ne soit prêt à faire à l'intérêt de la France.

Comme suite à sa manifestation du 5 avril, l'Institut avait pensé qu'il était de son devoir de porter la parole devant les souverains étrangers; « il fut successivement admis, en 1814, devant le roi de Prusse, l'empereur d'Autriche et l'empereur de Russie (1). »

On trouve, dans le Moniteur du 12 avril, les documents qui suivent, relativement à la visite qui fut faite par l'Institut à l'empereur Alexandre :

S. M. l'Empereur de Russie a bien voulu recevoir une députation de l'Institut de France, composée des Présidents et Secrétaires des quatre bureaux et de plusieurs autres membres qui s'y étaient réunis.

Le Président a adressé à S. M. le discours suivant :

<< Sire, durant le cours des guerres où nous précipita l'ambition d'un homme, l'Institut de France fut toujours en paix, en relations d'amitié avec les savants, les gens de lettres, les artistes de l'Europe. Nous n'avons point désespéré des progrès de la civilisation. Mais pendant ce temps, Sire, aidé de vos augustes alliés, du digne successeur de ces deux empereurs philosophes, Joseph et Léopold, du digne héritier du grand Frédéric, aidé du Prince-régent d'Angleterre et du peuple anglais, vous travaillez, même au milieu du tumulte des armes, à perfectionner la bienveillance sociale, objet des vœux de tous nos sages. Jamais cette bienveillance n'accomplit de plus grandes merveilles, jamais aussi elle n'émana de plus nobles cœurs. On avait voulu nous persuader que, vainqueur, vous n'épargneriez pas chez nous les monuments des sciences et des arts. Sire, nous ne l'avons pas cru. Vous ne mettez pas votre gloire à détruire. Nos monuments sont conservés. Ce bienfait, si précieux pour l'Institut de France, disparaît en quelque sorte devant des bienfaits tels que jamais aucun souverain n'en dispensa au monde. Vous avez sauvé et Paris et la France. Avec la liberté, nous recouvrons le roi que nos vœux appelaient. Nous sommes toujours une nation fière, et nous redevenons une nation aimante. L'amour des lettres a été, pour le roi que nous proclamons aujourd'hui, ce qu'il a été, Sire, pour votre belle âme. Les lettres qui l'ont soutenu dans le malheur le conseilleront sur le trône. Nous adoucirons par nos soins le souvenir de ses peines passées, comme il soulagera nos malheurs trop récents. Nous respecterons sa puissance; l'héritier de saint Louis et de Henri IV saura s'arrêter devant ces sages limites du pouvoir qui souvent en sont l'appui. Un père n'est jamais mieux reçu dans sa famille que lorsqu'elle a beaucoup souffert pendant son absence.

<< Notre attendrissement redouble à ces mots, Sire; notre bonheur

(1) Granier de Cassagnac, De l'Institut de France. Paris, H. Plon, 1856, in-8°.

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